Jean Rottner quitte la présidence du Grand-Est

Le président du conseil régional du Grand-Est a annoncé mardi sa démission de tous ses mandats et son retrait de la vie publique. Une décision inattendue de la part de celui qui voulait incarner la réussite de la fusion de l'Alsace, de la Lorraine et de Champagne-Ardenne, au sein d'une grande région toujours contestée.
Jean Rottner a annoncé le 20 décembre sa démission de la présidence de la région Grand-Est et sa mise en retrait de la vie publique.
Jean Rottner a annoncé le 20 décembre sa démission de la présidence de la région Grand-Est et sa mise en retrait de la vie publique. (Crédits : Jean-Luc Stadler)

Jean Rottner, président (LR) du conseil régional du Grand-Est, a annoncé mardi 20 décembre sa démission de toute fonction élective. « J'ai décidé de quitter la vie publique. Je me retirerai de l'ensemble de mes mandats d'ici à la fin de l'année. Cette décision mûrement réfléchie n'a pas été facile à prendre. Elle surprendra. Certainement. Elle sera commentée. Assurément. Des impératifs familiaux animent cette lourde décision. Ce choix est à respecter », a écrit dans un communiqué le désormais ex-élu, remplacé à titre transitoire par Franck Leroy, maire d'Epernay et ancien premier vice-président de la Région.

Grand partisan du Grand-Est

Le départ de Jean Rottner laisse le Grand-Est orphelin du principal défenseur local de la réforme territoriale nationale qui a abouti en 2016 à la fusion de l'Alsace, de la Lorraine et de Champagne-Ardenne. Une fusion parfois mal vécue en Alsace où des élus, y compris dans les rangs de la majorité, se sont estimés lésés par une supposée et prétendue dilution du pouvoir, de la richesse, voire de la culture locale alsacienne.

Frédéric Bierry, président (apparenté LR) de la Collectivité européenne d'Alsace, milite ardemment pour la sortie des deux anciens départements alsaciens (Bas-Rhin et Haut-Rhin) du périmètre du Grand-Est, au profit d'une collectivité dotée des pleins pouvoirs. Le 2 juin 2022, dès le premier jour de leur mandature, les députés LR Raphaël Schellenberger (Haut-Rhin) et Patrick Hetzel (Bas-Rhin) ont déposé une proposition de loi pour le retour de la région Alsace.

Le 14 décembre, dix députés de la majorité présidentielle ont encore déposé une proposition de loi dans le même sens, dont ils espèrent pouvoir discuter au premier trimestre 2023 à l'Assemblée nationale. Le 2 novembre, le groupe du Rassemblement National a obtenu l'enregistrement de sa propre proposition de loi sur le même sujet.

Les combats du Covid

Jean Rottner n'a jamais cessé de minimiser ces attaques, vantant une grande région capable de dialoguer à armes égales avec les puissants voisins allemands du Bade-Wurtemberg. « Refaire le match du passé et du redécoupage administratif n'a plus de sens », a-t-il affirmé le 27 juin 2021, après avoir remporté assez confortablement le deuxième tour des élections régionales devant le Rassemblement National, les écologistes et l'ancienne ministre Brigitte Klinkert. Cette dernière, désormais députée (Renaissance) du Haut-Rhin, promettait elle aussi de conférer davantage d'autonomie aux trois anciennes entités administratives du Grand-Est.

Médecin urgentiste, Jean Rottner est arrivé à la tête de la région Grand-Est en 2017 à la suite de la démission de Philippe Richert, et après avoir été maire de Mulhouse depuis 2010. Son action à la présidence du Grand-Est, une entité administrative qu'il avait lui-même un temps critiquée avant la fusion, a gagné en visibilité au moment de la crise sanitaire du Covid. Dès le mois de mars 2020, l'agglomération mulhousienne a figuré parmi les premières zones durement touchées par l'épidémie. L'hôpital local dont Jean Rottner avait dirigé les urgences a même dû recevoir le renfort d'un hôpital militaire, ses capacités d'accueil des patients étant totalement saturées. Plus tard, dénonçant en janvier 2021 la lenteur de la vaccination, Jean Rottner a mené la fronde des élus locaux contre ce qu'il qualifiait alors de « scandale d'Etat ».

Tensions avec la SNCF

Jean Rottner s'est également distingué par son action dans le transport ferroviaire. En mars 2020, la région Grand-Est a été la première à lancer des appels d'offres pour la mise en concurrence de certaines lignes de TER. L'élu a promis « des coûts de fonctionnement en baisse entre 15 et 30 % par rapport à la situation existante avec la SNCF » sur des lignes telles que Strasbourg-Molsheim-Saint-Dié-Epinal. Les premiers contrats seront attribués mi-2023. « Nous sommes l'une des seules régions de France à rouvrir des voies qui étaient fermées. Nous avons obligation de le faire. C'est de l'aménagement du territoire, un signe extrêmement fort vers les territoires ruraux », a justifié Jean Rottner.

Depuis le 12 décembre 2022, la région Grand-Est est aussi aux commandes du premier RER métropolitain européen (REME) dans l'agglomération de Strasbourg. Grâce à ce REME, dont le cahier des charges et les frais de fonctionnement sont partagés avec les élus écologistes de l'Eurométropole de Strasbourg, l'offre de transport de voyageurs a fait un bond : 800 trains supplémentaires circulent chaque jour en banlieue et jusqu'à des villes périphériques telles que Saverne, Haguenau ou Sélestat.

Le 19 octobre, lors d'un entretien avec des journalistes en marge d'une session de l'assemblée régionale à Strasbourg, Jean Rottner a toutefois alerté sur un risque de fermetures de lignes ferroviaires face à la flambée des prix de l'électricité. L'élu s'en était déjà pris à la SNCF en avril 2022, accusant l'opérateur ferroviaire du mauvais service fourni. Les paiements effectués par la région à la SNCF avaient été interrompus en signe de protestation, jusqu'en octobre.

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Commentaire 1
à écrit le 20/12/2022 à 20:13
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La sortie de l‘Alsace de cette construction technocratique dit „grand est“ se rapproche. La suppression de l‘Alsace par Hollande et ses consœurs n‘a jamais été acceptée par les Alsaciens. On s‘est jamais, peut-être par ricochet la démocratie sera en ...

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