Le Grand Est met en scène sa politique dédiée aux territoires ruraux à 800 millions d'euros

Franck Leroy, président du Conseil régional du Grand Est, a présenté à Verdun sa vision structurée des politiques dédiées aux territoires ruraux. Couvrant 94 % du territoire de la région, ils bénéficieront d'une offre de services liés à l'accès aux soins, à l'attractivité économique et aux mobilités.
Les territoires ruraux couvrent 94 % de la superficie du Grand Est. Ici, la commune de Sécheval (Ardennes).
Les territoires ruraux couvrent 94 % de la superficie du Grand Est. Ici, la commune de Sécheval (Ardennes). (Crédits : Olivier Mirguet)

Il ne s'agit pas vraiment de nouveautés. Plutôt d'une relecture, nécessaire, des politiques territoriales engagées par le conseil régional du Grand Est dans ses domaines de compétences. Mis en scène sur quatre piliers (cadre et conditions de vie, attractivité économique, adaptation au changement climatique, mobilités) et présenté le 5 avril, le « Pacte des ruralités » du Grand Est propose une lecture enrichie des politiques dans les champs d'intervention traditionnels du conseil régional.

Avec 800 millions d'euros de crédits par an, incluant 850 millions de fonds européens qui seront distribués jusqu'en 2027, le Grand Est veut défendre la cohérence de ses financements publics en faveur des territoires ruraux. Ceux-ci couvrent 94 % de sa surface. Ou 4.533 communes, pour rendre les chiffres plus parlants.

Une plénière symbolique à Verdun

Pour asseoir la valeur symbolique de la présentation, il a fallu déplacer l'assemblée dans l'ancien palais épiscopal de Verdun, loin (250 kilomètres) de l'hémicycle strasbourgeois où se tiennent d'habitude les sessions plénières. Samuel Hazard, maire (PS) de Verdun, a posé le décor. « Verdun est dans la ruralité. Elle se sent déclassée, ce qui génère des frustrations, voire une sinistrose », a-t-il reconnu. Entre la fin des années 1980 et les années 2000, dans le cadre des restructurations de la défense nationale, cette sous-préfecture (17.000 habitants) de la Meuse a perdu 3.000 militaires. Son économie et sa démographie ne s'en sont pas vraiment remises.

Jérôme Dumont, président (DVD) du Conseil départemental de la Meuse, a voulu positiver.

« Nous redéveloppons nos territoires autour des transitions numériques et écologiques. La Meuse est fibrée. Cela nous procure un certain nombre d'avantages. Il faut encore relever les défis des mobilités, parce que 80 % des Meusiens sont dépendants à la voiture, et celui de l'habitat parce que nous avons une grande précarité énergétique dans nos territoires ruraux », a proposé l'élu.

Dans la grande salle du Centre mondial de la Paix, Franck Leroy, président (ex-Horizons) de la région, a semblé avancer en territoire conquis. « Depuis 2016, le Grand Est a placé les espaces ruraux au centre de ses préoccupations, avec un déploiement de la fibre optique volontariste et massif qui n'a pas d'équivalent en France », a rappelé Franck Leroy, carte à l'appui. « Le fossé numérique n'existe pas dans notre région », a-t-il estimé, proposant de « lutter contre une vision décliniste qui enferme l'esprit ».

« Le pacte des ruralités se déclinera en transversalité et en cohérence sur tous nos champs de compétence et d'intervention », a promis Franck Leroy, qui entend « lever les freins » entravant le développement des territoires ruraux.

Un catalogue sur quatre piliers

Pour conférer une valeur pédagogique à la démonstration, la collectivité a livré un catalogue thématique des mesures adossées aux quatre piliers. Exemple dans la santé avec la mise en place d'un GynécoBus qui permettra d'assurer 360 consultations par semaine. « Parce qu'il est difficile pour les femmes de bénéficier d'un suivi régulier, surtout en ruralité, la Région propose d'amener le soin et les soignants directement auprès de chez vous ».

Pour mieux illustrer l'intention du « Pacte des ruralités », les services de la région ont aussi sélectionné une liste de projets pré-existants liés à la mobilité (réouverture de la ligne de chemin de fer 14 Nancy-Contrexéville), à la santé (dépistages des cancers), à la formation (création d'un Erasmus rural pour les étudiants stagiaires) ou relatifs à l'attractivité économique (aide à la reprise de commerces et d'entreprises artisanales).

Les écologistes remontés

« On considère que c'est une vaste fumisterie parce qu'il n'y a pas de budget spécifique », s'est emportée Eliane Romani, à la tête du groupe d'opposition écologique. « Prendre quelques exemples ne fait pas une politique économique. Vous avez une politique du laisser-faire, pas de critères : le marché sait faire », a enchéri sa collègue écologiste Laure Haag, dont la tentative, par amendement, d'exclure la bio-économie du champ des soutiens financiers de la collectivité a été rejetée.

Après une journée de débats à Verdun, finalement consensuels, les 169 élus du Grand-Est ont adopté le pacte à une large majorité. Le Rassemblement National (32 élus), premier groupe d'opposition, a voté pour. Seuls les écologistes (13 élus) l'ont rejeté, et la gauche (13 élus) s'est abstenue.

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