Hauts-de-France : quand les startups du nord doivent aider l'industrie à se digitaliser

En Hauts-de-France, les startups technologiques se lancent officiellement à la rencontre des industries. A travers le premier salon Tech & Fab Summit, un évènement inédit en France, la French Tech Lille essaie de séduire les industries, pour accélérer les collaborations et la digitalisation.
(Crédits : Tech Fab Summit)

L'objectif est clair : marier le petit coq bleu avec le petit coq rouge. « Le label FrenchTech, écosystème des nouvelles technologies, a fêté cette année ses dix ans et nous avons souhaité lui faire rencontrer officiellement le monde industriel de la French Fab, celui de l'industrie », résume Sam Dahmani, directeur général délégué de la FrenchTech Lille, Hauts-de-France. « Avec ce premier salon Tech & Fab Summit, inédit en France, nous souhaitons aider les industries à rencontrer les startups afin de mieux se digitaliser ».

Et la démarche est d'autant plus pertinente que la région Hauts-de-France compte plusieurs acteurs de taille, qui ont démontré le gain apporté par la tech aux industries. Comme OVH qui a révolutionné l'hébergement des sites internet en fabriquant ses propres baies informatiques. Ou comme la startup industrielle française Exotec qui a révolutionné la préparation de commandes avec ses robots autonomes. Ou encore Inodesign, la pépite qui relocalise l'industrie électronique en France (et qui a remporté le prix 10.000 Startups 2022 de La Tribune).

 Reste à convaincre

« Le tissu économique nordiste est aujourd'hui suffisamment mature pour attirer des industries », reprend Sam Dahmani. « Je pense à Verkor qui va installer sa gigafactory près de Dunkerque : cette startup industrielle grenobloise a compris que sa chaîne de production était plus pertinente en Hauts-de-France », commente le directeur général de la FrenchTech Lille.

« Je crois beaucoup à la rencontre de ces deux mondes qui ont des cultures différentes mais qui ont les mêmes objectifs, à savoir d'immenses défis à relever comme la décarbonation par exemple », souligne Corinne Molina, ambassadrice French Fab Hauts-de-France et co-fondatrice et CEO du groupe industriel Mäder, développant des peintures et composites pour l'industrie et qui se retrouve sur les TGV, le booster de la fusée Ariane ou l'intérieur de la voiture Renault 5 électrique.

Reste à convaincre que French Fab et French Tech peuvent vraiment faire bon ménage ! Nicolas Balland, délégué territorial R&D et innovation chez ARIA Hauts de France (Association régionale de l'industrie automobile), avance quelques arguments massues de l'innovation technologique, comme la rentabilité évidemment mais également « l'image renvoyée d'une industrie qui évolue et devient plus attractive pour les recrues, notamment les jeunes diplômés ». Même si les plus petites structures sont encore assez rétives à investir... Pour lever les barrières, l'ARIA a d'ailleurs lancé le collectif pour l'innovation 4.0 Innov'Op,

Des PME et ETI en recherche de solutions

Présent comme exposant sur le salon, Ping Flow, basé à Villeneuve d'Ascq et spécialiste du management visuel digital depuis dix ans, voit les choses évoluer. « En tant que spécialiste de la digitalisation de l'industrie, nous avons d'abord travaillé avec des grands donneurs comme Toyota », contextualise Claire Jolimont, CEO et business développement. « Aujourd'hui, nous sommes approchés par beaucoup d'ETI et de PME qui veulent aussi digitaliser. Ils sont en pleine recherche de solutions ».

Ping Flow travaille par exemple avec Ciuch (35 millions d'euros de chiffre d'affaires dont 8 millions avec Exotec), développeur et fabricant de convoyeurs pour la logistique, intégrant l'emballage et la traçabilité. « C'est une PME que je n'aurais jamais adressée avant mais qui s'est rendue compte que la visibilité globale sur son activité revêtait une importance primordiale, non seulement pour mettre en valeur sa capacité d'innovation auprès des clients mais aussi pour le management des équipes et sa marque employeur », prend pour exemple Claire Jolimont.

 Projets pilotes

Margot Corréard est la co-fondatrice de DiagRams : cette société propose l'analyse des données contenues nativement dans les outils de production, afin de prévenir les équipes sur le terrain des anomalies, surconsommations et autres problèmes de maintenance ou de réglage de machines. « Notre travail va être de prioriser les étapes, comprendre ce que la digitalisation peut apporter et quels sont les « quick win » (NDLR : mesure simple à mettre en place mais qui a un fort retentissement », explique-t-elle. « Ces projets sont souvent vus comme des pilotes pour démontrer les avantages en termes de retour sur investissement avant de déployer et de décliner. Et là, on touche à la stratégie de l'entreprise ».

C'est sur ce point que la taille de l'entreprise joue. Pour Nicolas Balland de l'ARIA, animateur de la filière automobile sur les volets la R&D, innovation, performance, excellence opérationnelle et les sujets talents, emplois, compétences et internationalisation, il est possible de définir trois catégories : « Les très petites structures qui se demandent à quoi va servir la digitalisation et qui ont peur d'investir ; les PME plus averties, qui ont envie mais pas forcément le temps ; les grands groupes qui veulent des solutions déployables et opérationnelles. Mais il reste que la prise de conscience est bien là : l'enjeu sur cette transformation numérique des industries reste majeur ».

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Commentaire 1
à écrit le 30/11/2023 à 17:50
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Il serait intéressant d'apprendre à travailler avec moins de données pour éviter la digitalisation ! Surtout que le futur ne sera pas la suite d'aujourd'hui !,-)

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