Crise sanitaire : entre inventivité et débrouille, l'écosystème normand a fait face

Le tissu des PME ainsi que les entreprises du secteur public ont fait preuve de dynamisme et de créativité afin d'adapter leur activité à la crise engendrée par le coronavirus.
(Crédits : © Philippe Wojazer / Reuters)

De la Normandie manufacturière et portuaire, celle qui a le plus trinqué pendant le confinement, l'observateur conserve généralement l'image d'un paquebot peu manœuvrant. Dans ce vieux Middle West industriel où un salarié sur cinq travaille en usine - le record français - et où les ports restent de puissantes courroies d'entraînement, les crises internationales se ressentent plus fort et plus longtemps que dans les bassins où les cols blancs constituent le socle de la classe active. Comme souvent face à l'adversité, l'électrochoc du virus a mis en évidence des capacités d'initiatives insoupçonnées dont il est permis d'espérer qu'elles libèrent les énergies nécessaires au rebond.

Ainsi, il est frappant de constater combien le tissu des PME a fait montre de réactivité et de débrouillardise pendant l'assignation à résidence. Dans le bocage ornais, le groupe familial Lemoine, cador européen des produits d'hygiène, a bâti en seulement une semaine une chaîne de fabrication d'écouvillons : bâtonnets indispensables aux tests PCR dont la France avait abandonné la production. Dans la Manche, la coopérative Acome s'est démenée pour expédier par avion en Chine des milliers de kilomètres de câbles de puissance afin de pallier la fermeture de son usine de Wuhan. Son voisin, fabricant des marinières Saint James, a été l'une des premières entreprises à voir ses masques (à rayures) adoubés par la DGA. Dans l'Eure, le plasturgiste Dedienne, privé de ses débouchés dans l'automobile ou l'aéronautique, s'est repositionné en quelques jours sur le marché BtoC des équipements de protection... La liste est loin d'être exhaustive.

Cette propension à l'agilité s'est aussi manifestée dans le secteur public. La crise a été l'occasion pour les collectivités de démontrer, avec un certain éclat, les vertus d'une réponse de proximité en période de turbulences. Avec parfois des scènes surprenantes. On a ainsi pu voir, en marge d'une visite de presse, le patron du département de l'Eure négocier avec le groupe Berger plusieurs litres de peroxyde d'azote, qui lui ont été finalement offerts, au profit d'un fabricant de gel hydroalcoolique en vue de fournir les Ehpad. De près, on se comprend mieux.

Un arsenal d'aides

L'Agence de développement pour la Normandie (ADN), bras armé de la Région, a mis sur pied dès le 16 mars une task force d'une cinquantaine de personnes (représentants de filières, services déconcentrés de l'État, agents consulaires, comptables, banquiers...) pour voler au secours d'entrepreneurs déboussolés. Au passage, « de nouvelles relations interpersonnelles se sont nouées », comme l'observe son directeur, Alexandre Wahl. Peut-être du carburant pour la reprise.

En complément, la Région, dont le rôle moteur est salué par les milieux économiques, a déployé un arsenal d'aides pour compléter les dispositifs étatiques, dont un fonds d'urgence, abondé par une coalition de pas moins de 70 intercommunalités au profit des « oubliés » du Fonds national de solidarité. Son président, Hervé Morin, pour qui la France « crève des lourdeurs administratives et des politiques mûries à Paris », y trouvera matière à étoffer son argumentaire girondin.

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Commentaire 1
à écrit le 22/07/2020 à 10:27
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"Crise sanitaire : entre inventivité et débrouille, l'écosystème normand a fait face" Pourquoi ne pas utilisé le mot "adaptation" qui semble faire si peur, en ce temps de réforme permanent, pour arriver a un idéal dogmatique?

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