Après une plainte de Musk, OpenAI (ChatGPT) rejette les accusations de « trahison » de sa mission

OpenAI, le créateur de ChatGPT, a nié en bloc les accusations de « trahison » de sa mission initiale formulées par Elon Musk, et promis mardi dans un communiqué de demander au tribunal de les rejeter.
Le changement de cap d'OpenAI avait déjà valu à Sam Altman de se faire renvoyer par le conseil d'administration de son organisation en novembre.
Le changement de cap d'OpenAI avait déjà valu à Sam Altman de se faire renvoyer par le conseil d'administration de son organisation en novembre. (Crédits : CARLOS BARRIA)

Entre OpenAI et Elon Musk, rien ne va plus. Après avoir quitté l'entreprise en 2018, le milliardaire fait désormais partie de ses critiques les plus virulents, au point de porter plainte contre elle la semaine dernière.

Elon Musk reproche au créateur de Chat GPT et à Sam Altman, son directeur général d'avoir « trahi » les principes sur lesquels la société a été fondée : elle avait des statuts d'organisation à but non lucratif, devait œuvrer pour le bien de l'humanité et concevoir des programmes d'intelligence artificielle (IA) en « open source » (accessibles, modifiables, utilisables et redistribuables par tous). A rebours de ses objectifs initiaux, OpenAI n'a pas rendu public le code de son dernier modèle de fondation, GPT-4, « rompant le contrat initial », font valoir les avocats d'Elon Musk dans la plainte

Microsoft a investi quelque 13 milliards de dollars

OpenAI a reçu quelque 13 milliards de dollars de Microsoft ces dernières années, et les deux entreprises commercialisent des services d'IA pour les développeurs et les particuliers.

Sam Altman et d'autres cadres de la startup star de la Silicon Valley ont détaillé leurs contre-arguments mardi, avec des mails à l'appui, pour montrer qu'Elon Musk ne s'était pas opposé à l'idée de transformer OpenAI afin de mener à bien sa mission: construire l'IA dite « générale », c'est-à-dire au moins aussi intelligente que les humains.

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En 2017, « nous avons tous compris que nous allions avoir besoin de beaucoup plus de capitaux pour réussir notre mission - des milliards de dollars par an, ce qui était bien plus que ce qu'aucun d'entre nous, en particulier Elon, pensait pouvoir lever en tant qu'organisation à but non lucratif », explique OpenAI. Elon Musk aurait ensuite proposé de fusionner OpenAI avec Tesla, qui aurait été sa « vache à lait ».

Face au refus de l'équipe, celui qui est aussi le patron de X (ex Twitter) « a rapidement choisi de quitter OpenAI », disant « qu'il prévoyait de construire une IA générale concurrente au sein de Tesla » et « qu'il était favorable à ce que nous trouvions notre propre voie pour lever des milliards de dollars », détaille le groupe californien.

Un changement de cap qui avait valu à Sam Altman un renvoi avant un retour en grâce

Sam Altman et ses collègues font en outre valoir que « « leur société met gratuitement à disposition sa technologie à des pays et des organisations » », comme l'Albanie pour accélérer son adhésion à l'Union européenne ». En 2016, Ilya Sutskever, un des cofondateurs, a écrit à Elon Musk : « le terme 'open' dans OpenAI signifie que tout le monde devrait bénéficier des fruits de l'IA une fois qu'elle est construite, mais il est tout à fait acceptable de ne pas partager la science », ce à quoi l'entrepreneur a répondu : « Ouaip ».

Le changement de cap d'OpenAI avait déjà valu à Sam Altman de se faire renvoyer par le conseil d'administration de son organisation en novembre. Soutenu par Microsoft et l'écrasante majorité des employés de la start-up, le jeune patron avait été réintégré quelques jours plus tard et le fabricant de Windows a obtenu un siège d'observateur au conseil après la révocation des membres critiques de  Sam Altman.

« Ce litige a au moins l'avantage de faire la lumière sur le processus de prise de décision » a commenté Anupam Chander, professeur de droit à la Georgetown University. « Il fait pression sur OpenAI pour qu'elle explique de quelle façon elle respecte toujours cette vision originelle de créer de l'intelligence artificielle pour le bénéfice de toute l'humanité ».

OpenAI dans le viseur des autorités régulatrices en Europe et aux Etats-Unis

OpenAI est aussi dans le viseur des régulateurs. La Commission européenne, gardienne du droit de la concurrence en Europe, a indiqué courant janvier qu'elle vérifiait « si l'investissement de Microsoft dans OpenAI » pouvait « faire l'objet d'un examen ». Dans la foulée, l'autorité américaine de la concurrence (FTC) a annoncé pour sa part  une enquête sur les investissements de Microsoft, Google et Amazon dans les principales startups d'intelligence artificielle générative, OpenAI et Anthropic. D'après le Wall Street Journal, le gendarme boursier américain (SEC) examine aussi les communications internes de Sam Altman dans le cadre d'une enquête sur les conditions de son éviction, puis de son retour dans l'entreprise en novembre.

Elon Musk n'est plus l'homme le plus riche du monde

Le fondateur d'Amazon, Jeff Bezos, a retrouvé la première place de l'index mondial des milliardaires de Bloomberg, devançant Elon Musk (Tesla, SpaceX et X) qui lui avait ravi le titre en 2021. Selon le classement mis à jour lundi, la fortune de Jeff  Bezos s'élève désormais à 200 milliards de dollars, dépassant celle de d'Elon Musk, évaluée à 198 milliards de dollars. Le PDG français du groupe de luxe LVMH, Bernard Arnault, reste à la troisième place du podium des plus grosses fortunes mondiales, avec 197 milliards de dollars.

Jeff Bezos, qui ne dirige plus depuis juillet 2021 Amazon, qu'il a fondé en 1994, a notamment profité de la bonne tenue de l'action du géant de la vente en ligne, dont il est toujours le premier actionnaire, et de la vente de titres du groupe ces dernières semaines, pour un montant total de 8,5 milliards de dollars. La vente de ces actions pourrait cependant lui faire perdre de nouveau sa première place, du fait des impôts sur la plus-value qu'il devra verser au fisc américain, selon le Wall Street Journal.

A l'inverse, Elon Musk a vu sa fortune fondre de plus de 30 milliards de dollars, sous l'effet de la baisse du cours de Tesla, qui a perdu près de 25% sur les douze derniers mois. Mais le plus gros coup porté à la fortune du milliardaire d'origine sud-africaine vient de l'annulation fin janvier par une juge du Delaware d'un plan de rémunération en actions de Tesla, estimé à 56 milliards d'euros, lui ayant été accordé en 2018.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 06/03/2024 à 20:32
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A l'évidence Elon Musk ne souhaite pas payer l'accès aux dernières évolutions d'OpenAI... c'est pathétique! Rien d'anormal à ce qu'OpenAI puisse monétiser ses services et c'est pour cette raison que l'entité à but lucratif OpenAI Global a été cr...

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