En rachetant Altran, Capgemini prend position dans la course à la numérisation des industries

En déboursant 5,4 milliards d'euros, le géant du conseil informatique Capgemini va acquérir le numéro un du conseil en ingénierie Altran. Objectif : proposer une offre sur l'ensemble de la chaîne de valeur, et prendre position dans la course à la numérisation des industries.
François Manens
Capgemini débourse 5,4 milliards d'euros pour acquérir Altran.
Capgemini débourse 5,4 milliards d'euros pour acquérir Altran. (Crédits : Charles Platiau)

250.000 salariés et 16 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2018. Voilà l'impressionnant bilan si l'on additionne les forces du géants du conseil informatique Capgemini (13,1 milliards d'euros de CA en 2018)  et celui du conseiller en ingénierie Altran (2,9 milliards d'euros).

A la suite d'une "OPA amicale" approuvée par les deux conseils d'administration à l'unanimité, le premier absorbera le second d'ici la fin de l'année. Coût de l'opération : 5,4 milliards d'euros (3,6 millions d'euros d'achats d'actions, ainsi que 1,8 milliards d'euros pour couvrir la dette d'Altran). Avec cette fusion, Capgemini veut s'imposer en leader mondial des "industries intelligentes", et pourra s'appuyer sur les 47.000 ingénieurs d'Altran dès l'an prochain.

Une offre qui ira des données jusqu'aux produits

"On pourra proposer une architecture intégrée qui va depuis les produits eux-mêmes jusqu'à tout leur environnement et à la gestion des données. Je crois que cela peut nous permettre d'être les partenaires prioritaires de la mutation industrielle liée à la 5G", ambitionne Paul Hermelin, président-directeur général de Capgemini, en conférence de presse.

Le dirigeant commentait la future acquisition aux côtés de Dominique Cerutti, président-directeur d'Altran. Les deux hommes ont vanté la complémentarité des deux groupes. D'un côté Cap Gemini, expert de la structurations et des architectures de données, et de l'autre Altran, expert de l'architecture produit. Plus simplement, Paul Hermelin résume : "Dans le cas de la voiture autonome, nous étions tout autour de la voiture, alors qu'Altran s'occupe de tout ce qu'il y a dedans". Le dirigeant parle d'ailleurs "de jonction de talents" au sujet des conseillers des deux groupes. De fait, leurs compétences ne se chevauchent que très peu, mais permettront à Cap Gemini de proposer une offre sur l'ensemble de la chaîne de valeur, grâce à un "marché conjugué".

"On engage une nouvelle bataille pour devenir pionnier des industries intelligentes", s'avance le directeur général du géant européen.

Altran était devenu numéro 1 mondial du conseil en ingénierie et R&D avec l'acquisition de l'américain Aricent pour 1,7 milliards d'euros fin 2017. Avec cette puissance de frappe, le groupe de conseil offre à ses clients la possibilité d'externaliser certains projets de R&D. "Sur les quatre dernières années, nous avons développé la division High Value Services. Avec elle, nous accompagnons nos clients sur des innovations pas encore déployées à échelle industrielle", a expliqué Dominique Cerutti. Altran va amener à Capgemini sa base de clients dans l'ingénierie de production, un marché auparavant fermé au géant du numérique. Il se revendique aujourd'hui numéro un du conseil sur les marché de l'aéronautique et défense, des télécoms et sur celui des semi-conducteurs.

Intégration pour 2020

Le futur groupe Capgemini réalisera 31% de son activité en Amérique du Nord, 24% en France et 39% sur le reste de l'Europe. Après cet accord de principe annoncé hier, les deux groupes attendent les accords de l'autorité de la concurrence et de son homologue américain. Paul Hermelin espère ainsi réaliser l'opération financière à la fin de l'année et projette l'achèvement de l'intégration d'Altran d'ici fin 2020.

En attendant, Capgemini ne peut utiliser l'appareil commercial de sa future acquisition. Au sujet de la conservation de la marque Altran, le dirigeant a balayé : "Ce n'est pas dans notre habitude de détruire de la valeur. On peut avoir des marques distincte avec une affiliation au groupe évidente". Reste à déterminer la sectorisation du groupe : Paul Hermelin évoque une répartition par industrie, tout en précisant que différents schémas seraient à l'étude.

François Manens

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Commentaires 2
à écrit le 26/06/2019 à 7:53
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ils vont pouvoir accelerer la numerisation des entreprises à base de prduits anglo saxons, ils brancheront les fils avec fierté!

à écrit le 25/06/2019 à 20:03
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Attention, ça pourrait finir comme Alstom cette histoire. Les américains vont faire vite fait. Emballé c’est pesé. Sans compter le redoutable grand blanc Combes qui sévit dans les eaux américaines. Grand carnassier et liquidateur d’hommes. Sala...

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