Informatique quantique : Pasqal établit un partenariat stratégique en Corée du Sud

La jeune pousse française vient de s’associer avec l’une des meilleures universités du pays, où sont menés des travaux de pointe sur l’informatique quantique à atomes neutres, spécialité de Pasqal. L’entreprise entend en profiter pour affiner ses recherches et poursuivre sa stratégie de développement à l'international, alors qu’elle s'apprête à installer ses deux premières machines dans des centres de calcul en France et en Allemagne.
La technologie utilisée par Pasqal consiste à utiliser des atomes dans lesquels on injecte de l'information, et qui sont ensuite manipulés grâce à des faisceaux laser.
La technologie utilisée par Pasqal consiste à utiliser des atomes dans lesquels on injecte de l'information, et qui sont ensuite manipulés grâce à des faisceaux laser. (Crédits : Pasqal)

Pasqal, pépite française de l'informatique quantique, pose ses valises en Corée du Sud. Le leader de l'informatique quantique à atomes neutres a, en effet, mis en place un partenariat d'envergure avec le Korea Advanced Institute of Science and Technology (KAIST), l'une des universités coréennes les plus prestigieuses, et la ville de Daejeon, où se situe cette université.

Le KAIST s'est doté l'an passé d'un programme de master et de doctorat focalisé sur le quantique, et réunit des chercheurs de renommée mondiale dans ce domaine, dont le professeur Jaewook Ahn.

La Corée du Sud, un marché stratégique pour Pasqal

Selon Nicolas Proust, directeur de la stratégie de Pascal, ce partenariat est la suite logique à l'établissement de relations commerciales solides avec la Corée du Sud depuis quelques années. « Nous sommes présents sur place depuis 2021, avec des clients comme LG Electronics et POSCO, un aciériste. En septembre 2023, nous y avons ouvert une filiale. La Corée du Sud constitue un marché dynamique notamment grâce au lancement de son plan quantique en juin 2023. »

Le professeur Jaewook Ahn dispose en outre d'une solide expertise dans l'informatique quantique à atomes neutres et les graphes d'atomes de Rydberg : ces travaux portent donc sur une architecture quantique similaire à celle de Pasqal, ce qui en fait un partenaire de travail idéal pour la jeune pousse française. « L'établissement d'un partenariat avec KAIST et le Professeur Ahn nous permet de développer conjointement des briques de recherche. La reconnaissance de tels acteurs participe au positionnement de Pasqal au sein de l'écosystème scientifique coréen », commente Nicolas Proust.

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« La collaboration de Daejeon avec Pasqal et KAIST est une étape de plus vers l'établissement de notre ville en tant que hub de la technologie quantique. Ce partenariat catalysera les avancées technologiques et la croissance économique, positionnant Daejeon comme un acteur clé dans le paysage quantique mondial », note pour sa part Jang Woo Lee, maire de Daejeon.

Les avantages des atomes neutres

Fondée en 2019 par plusieurs scientifiques, dont Alain Aspect, prix Nobel de physique 2022 pour ses travaux sur la mécanique quantique, Pasqal a levé un total de 140 millions d'euros depuis sa création. Elle se spécialise dans l'informatique quantique à atomes neutres, l'une des quatre grandes familles que compte cette informatique du futur, avec les supraconducteurs (technologie choisie notamment par IBM), les ions piégés (option de la jeune pousse américaine IonQ) et la photonique (le choix du français Quandela). Elle consiste à utiliser des atomes dans lesquels on injecte de l'information, et qui sont ensuite manipulés grâce à des faisceaux laser.

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Contrairement à la technique des supraconducteurs, par exemple, qui implique de créer de nouvelles puces chaque fois que l'on veut ajouter des qubits, celle des atomes neutres permet de passer à l'échelle plus rapidement, puisqu'elle s'appuie sur des atomes déjà présents dans la nature et nécessite donc un processus industriel moins lourd. Il n'est pas non plus nécessaire de refroidir le matériel à une température proche du zéro absolu pour maintenir les qubits dans un état quantique : le processeur de Pasqal peut donc fonctionner dans les conditions standards d'un centre de données.

S'il s'agit encore d'une technologie en phase d'éclosion, l'informatique quantique a connu des progrès spectaculaires au cours des dernières années, et de premières applications concrètes ont commencé à voir le jour. Pasqal travaille ainsi avec plusieurs grandes entreprises, dont, en France, Thalès, le Crédit Agricole et EDF. Pour cette dernière, la jeune pousse planche notamment sur le placement des bornes de recharge pour véhicules électriques, un problème d'optimisation avec un grand nombre de variables sur lequel excellent les ordinateurs quantiques. D'autres applications prometteuses tournent autour de la recherche sur les matériaux, raison pour laquelle Pasqal travaille avec l'aciériste coréen POSCO.

L'informatique quantique pourrait également révolutionner des domaines comme la recherche de médicaments et la cryptographie. La France est l'un des pays les plus avancés au monde sur cette technologie de pointe, avec, en plus de Pasqal, d'autres jeunes pousses prometteuses comme Quandela, Alice & Bob ou encore CryptoNext, spécialiste de la cryptographie post-quantique.

Deux ordinateurs bientôt déployés

Pasqal a fait le pari d'une expansion rapide à l'international afin de relier les principaux écosystèmes quantiques d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Asie par l'intermédiaire de hubs stratégiques à Paris, Sherbrooke (Canada) et désormais Daejeon. Elle est également présente aux Pays-Bas, en Allemagne, au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Arabie Saoudite.

L'année qui commence sera déterminante pour la jeune pousse puisqu'elle prévoit d'installer deux processeurs quantiques dans des centres de calcul en France et en Allemagne. « Il s'agira de la première installation des processeurs quantiques Pasqal dans des centres de calcul à haute performance, en conditions réelles de centres de données », commente Nicolas Proust.

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