Même pas mal ! Malgré la crise économique liée au virus de la Covid-19, la tech européenne aurait trouvé -de justesse- le chemin de la croissance, d'après le rapport annuel de référence "State of European Tech", publié ce mardi 8 décembre par le fonds britannique Atomico. D'après ses estimations, le financement des startups en Europe va même battre un nouveau record en 2020, à 41,1 milliards de dollars (33,8 milliards d'euros), contre... 40,6 milliards en 2019 (33,4 milliards d'euros). Une progression surtout symbolique, qui doit encore être confirmée par les chiffres de décembre, mais qui donne tout de même une idée de la résilience de la tech européenne, bien aidée par de nombreux plans de soutien publics -plus de 9 milliards d'euros en Europe dont 4,1 milliards en France.
La France bon élève de l'Europe, un des rares pays en progression sur un an
Dans le détail, le Royaume-Uni est toujours la locomotive tech de l'Europe : en 2020, les projections d'Atomico anticipent 12,5 milliards de dollars levés par les pépites britanniques, soit davantage que l'Allemagne (5,4 milliards) et la France (5,2 milliards) réunies. Le top 5 est complété par la Suède (3,3 milliards) et les Pays-Bas (1,4 milliard).
Mais la France est l'un des trois seuls pays européens -avec la Belgique et la Finlande- à progresser en 2020 par rapport à 2019, avec 5,2 milliards de dollars prévus (4,3 milliards d'euros) contre 4,8 milliards de dollars (4 milliards d'euros) l'an dernier, soit une progression de 7,7%. Les chiffres d'Atomico sont différents de ceux du décompte "officiel" pour la France établi par le cabinet de conseil EY, qui estimait que la French Tech avait déjà dépassé le seuil de 5 milliards d'euros l'an dernier. Mais peu importent les chiffres, la tendance est la même : tout le monde s'accorde pour estimer que la France sera en progression en 2020 en valeur, à défaut de l'être en volume, le nombre d'opérations étant en baisse sur un an. Cette progression fait figure d'exception, notamment vis-à-vis du Royaume-Uni (-5,1%) et de l'Allemagne (-21,8%).
Cette performance en valeur s'explique par deux facteurs. Le premier est le soutien massif de l'Etat pendant la crise : le secteur a bénéficié d'un plan de soutien de 4 milliards d'euros annoncé dès le premier confinement de mars, auquel il faut ajouter les 3,7 milliards d'euros budgétés dans le cadre du plan de relance dévoilé en septembre, ainsi que des initiatives comme les prêts garantis par l'Etat, qui ont bénéficié à plus de 80% des startups d'après France Digitale.
Rattrapage sur le "growth"
Le deuxième est un fort effet de rattrapage sur le segment du "growth", c'est-à-dire les tours de table de plus de 50 millions d'euros. Ce verrou du "late stage" était le point faible du financement des startups en France jusqu'en 2019. Mais il semble avoir sauté en 2020, avec la naissance de plusieurs nouvelles licornes et neuf méga-levées de plus de 100 millions d'euros sur les dix premiers mois de l'année, soit davantage que les trois dernières années réunies. L'initiative dite "Tibi" pour mobiliser les investisseurs traditionnels derrière la tech -6 milliards d'euros promis sur la période 2020-2022, dont 3 milliards pour le financement des plus gros tours de table- a également contribué à débloquer le compteur des plus grosses levées de fonds. Et pour la première fois, la France classe une de ses startups dans le top 10 des levées européennes de l'année : il s'agit de Mirakl, qui accroche la 7è place avec sa méga-levée de 255 millions d'euros.
Ces deux facteurs devraient donc permettre non seulement de compenser la baisse du nombre d'opérations en France à cause de la crise, mais de légèrement dépasser le record de 2019. Mais cela ne signifie pas que les startups ne sentent pas la crise : au-delà de leur recours massif aux PGE, le rapport d'Atomico note que le plus grand défi des startups en 2020 en Europe a été l'accès au financement pour 46% d'entre elles.
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