Colonies, le WeWork français de l'habitat partagé, lève 11 millions d'euros

Le pionnier français du coliving veut développer en France et en Europe son modèle de résidence hybride, qui propose aux locataires l'intimité de l'habitat individuel, le vivre-ensemble d'une colocation et de nombreux services, de la connexion Internet à la salle de sport.
Sylvain Rolland
Un salon partagé dans la résidence Colonies de Fontainebleau, en banlieue parisienne.
Un salon partagé dans la résidence Colonies de Fontainebleau, en banlieue parisienne. (Crédits : DR)

Le coliving, c'est-à-dire partager les parties communes de son logement, peut-il devenir aussi populaire que le coworking ? C'est le pari de la startup parisienne Colonies, qui annonce, vendredi 22 février, le succès de sa première levée de fonds, d'un montant de 11 millions d'euros. Les fonds Idinvest Partners, Global Founders Capital, Kima et La Financière Saint-James participent au tour de table, qui vise à étendre ce concept d'habitat hybride à toutes les grandes villes de France, et aussi en Europe.

L'intimité de l'appartement individuel, la sociabilité de la colocation

Créée en 2017 à Paris par trois anciens étudiants de l'Essec, Colonies surfe sur la vague de l'habitat partagé, de plus en plus en vogue dans les grandes villes où les loyers deviennent prohibitifs pour les jeunes actifs et les personnes seules.

"Louer un logement dans une grande ville est devenu un enfer, estime Alexandre Martin, le CEO de la startup. Quand on vit seul, même en étant actif, on ne peut s'offrir qu'un petit espace, dans un parc immobilier souvent vieillissant, et après avoir galéré pour la recherche du bien et les lourdeurs administratives. La colocation est une bonne solution quand on cherche de l'espace et du lien social, mais il manque l'intimité et les logements ne sont pas souvent adaptés".

Le principe de Colonies est donc de réconcilier les deux mondes. La startup ambitionne de proposer à la fois le meilleur de l'habitat individuel et de la colocation. Concrètement, Colonies imagine, conçoit et gère des "résidences hybrides" pour le compte d'un investisseur immobilier ou d'un promoteur. Comme dans un logement individuel, chaque locataire dispose de sa propre "bulle d'intimité", composée d'une chambre, d'une salle de bain, de toilettes privatifs et d'une kitchenette. En revanche, le salon et la cuisine sont communs à l'ensemble des résidents, comme dans une colocation. La clé du succès ? Maximiser l'espace. "Les parties privées sont volontairement petites et pratiques pour mettre en valeur les parties communes qui sont spacieuses et confortables", précise Alexandre Martin. Selon la configuration, les résidences peuvent aussi proposer une salle de sport, une laverie, une terrasse sur le toit, un grand jardin, voire même une salle de cinéma.

Technologies et services dans le logement : un modèle à la WeWork

"On réinvente l'immobilier locatif car le logement est conçu en fonction des besoins et des usages des locataires", estime le CEO. L'idée est venue de la volonté des trois cofondateurs -Alexandre Martin, Amaury Courbon et François Roth, alors étudiants à l'Essec-, de créer "la coloc' parfaite" pour les étudiants de leur école. Leur première startup, Gansky, proposait des "colocs étudiantes clés en main". Puis les entrepreneurs en herbe ont mis au point leur solution de coliving, qui se destine désormais aux jeunes actifs, aux étudiants, mais aussi à tout un tas de profils comme les expatriés, les salariés en mobilité professionnelle, les personnes en séparation amoureuse qui cherchent à rebondir, ou encore -et c'est d'ailleurs un marché prometteur pour la startup- les entreprises qui souhaitent faciliter l'installation de leurs nouvelles recrues.

Comme WeWork le fait pour le coworking, Colonies complète son offre avec de nombreux services et une touche de technologies. Du côté des services, le loyer inclut l'accès à Internet, les charges (eau, électricité, gaz), le ménage hebdomadaire ou encore la location de vélos ou de trottinettes pour les trajets quotidiens. "Des cours de cuisine ou de sport sont totalement envisageables si les locataires le souhaitent", affirme Alexandre Martin. Du côté technologique, toutes les démarches sont dématérialisées -de la réservation en ligne à la signature électronique du bail, en passant par le dépôt de garantie-. Une application mobile permet aussi de communiquer avec la communauté et même de recevoir une clé électronique pour ouvrir l'accès au logement avec son smartphone.

Autrement dit, Colonies se conçoit avant tout comme une plateforme technologique et une marque au concept modulable à l'infini, plutôt que comme un énième acteur de l'immobilier. C'est d'ailleurs la recette gagnante de son modèle, WeWork, champion du coworking valorisé plus de 20 milliards de dollars... Dans le cas de Colonies, les promoteurs ou les investisseurs financent les travaux et louent leur espace à la startup, qui réalise l'aménagement et trouve les locataires finaux. La startup se rémunère sur la différence entre les loyers payés par les locataires -équivalents à ceux du marché locatif privé mais avec les services en plus- et ce qu'elle paye elle-même aux propriétaires des lieux. Des revenus supplémentaires seront aussi engrangés via les différents services additionnels qu'elle propose aux locataires.

Lire aussi : Coworking : WeWork, les secrets d'une expansion hors du commun

Des projets à Paris, dans les grandes villes françaises et en Europe

Pour l'heure, Colonies n'a ouvert qu'une seule résidence, à Fontainebleau en banlieue parisienne. Il s'agit de deux maisons complètement réhabilitées, de 450 mètres carrés au total, qui accueillent 13 petits appartements réservés à des étudiants de l'Institut européen d'administration des affaires (INSEAD). Une deuxième résidence, dans le vingtième arrondissement de Paris, ouvrira ses portes début mars.

Des projets sont en cours dans la capitale -la startup a gagné le concours "Réinventer la Seine" organisé par la Mairie de Paris-, mais aussi à La Défense, dans plusieurs grandes villes françaises -Lille, Bordeaux, Montpellier, Toulouse- et aussi à Genève, en Suisse. Son plus grand projet se déploie carrément dans un immeuble et s'étalera sur 15.000 mètres carrés. Les 11 millions d'euros de cette solide Série A -"un début" d'après Alexandre Martin- serviront surtout à recruter, notamment des profils tech et marketing, pour passer de 15 à 30 salariés d'ici à un an et multiplier les projets.

Sylvain Rolland

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 22/02/2019 à 15:47
Signaler
En 1960, l'occident se moquait des appartements collectifs soviétiques. Maintenant avec Poutine, ils doivent bien rire, avec 85 % de russes propriétaire de leur maison individuelle.

à écrit le 22/02/2019 à 15:46
Signaler
En 1960, l'occident se moquait des appartements collectifs soviétiques. Maintenant avec Poutine, ils doivent bien rire, avec 85 % de russes propriétaire de leur maison individuelle.

à écrit le 22/02/2019 à 13:45
Signaler
50 colocataires ça peut faire 50 copropriétaires peut-être provisoires, puis revendre leur logement obligatoirement à l'issue de leur occupation ?

à écrit le 22/02/2019 à 11:06
Signaler
Absolument nul. La Colloc c’est pour les vingtenaires - à la limite. Mais ils n’ont pas l’argent pour ce genre de conneries. À la limite qqs trentenaires no-life pris au piège du travail Ad vitam eternam auront l’argent et imagineront à tort vivre la...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.