Cryptomonnaies : face à un engouement inattendu, le Kenya interdit le Worldcoin sur son territoire

Le système proposant de scanner son iris et de donner ses informations personnelles à une entreprise contre de l'argent a été interdit par le ministère kényan de l'Intérieur en attendant que « les organismes publics concernés certifient l'absence de tout risque pour le public ». Un bannissement temporaire décrété en urgence face à l'engouement de nombreuses populations à travers le monde pour cette technologie en partie développée par Sam Altman, le père de ChatGPT.
Sam Altman, le cofondateur de Worldcoin, a affirmé que ce projet pourrait permettre de mettre en place « un revenu minimal universel fondé sur l'intelligence artificielle ».
Sam Altman, le cofondateur de Worldcoin, a affirmé que ce projet pourrait permettre de mettre en place « un revenu minimal universel fondé sur l'intelligence artificielle ». (Crédits : ISSEI KATO)

Système d'authentification sur Internet révolutionnaire, ou de surveillance de masse par une entreprise ? C'est la question que de nombreux pays se posent concernant le Worldcoin, un projet de passeport numérique basé sur « World ID » (identité World, ndlr), un système d'authentification par analyse de l'iris. Lancé fin juin en Allemagne par le patron d'OpenAI Sam Altman, ce projet souhaite conserver le scan d'yeux de millions, voire milliards de personnes dans le monde, contre la proposition d'un paiement en cryptomonnaies.

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Avant même que les pays aient tranché la question, ce système a connu un certain succès au Kenya, pays d'Afrique de l'Est, en proie notamment à une inflation soutenue. Mardi, dans la capitale Nairobi par exemple, plusieurs milliers de personnes ont fait la queue dans des centres commerciaux et dans le principal centre de conférences pour se soumettre à un scan de l'iris avant de recevoir l'équivalent de 7.000 shillings (45 euros) en monnaie virtuelle, a constaté un journaliste de l'AFP. La plupart des personnes revendaient ensuite immédiatement leurs actifs virtuels, dont la valeur, initialement de 1,70 dollar, a bondi jusqu'à 3,58 dollars, avant de retomber à 2,37 dollars, d'après le site CoinMarketCap.

Le Kenya met un coup d'arrêt au Worldcoin, comme d'autres pays

Face à cet engouement soudain, ce mercredi, le ministère kényan de l'Intérieur a annoncé dans un communiqué « suspendre immédiatement les activités de Worldcoin jusqu'à ce que les organismes publics concernés certifient l'absence de tout risque pour le public. »

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« Préoccupé par les activités [de Worldcoin] qui est impliqué dans l'enregistrement des citoyens par la collecte de données sur le globe oculaire/iris », le gouvernement a indiqué avoir lancé des enquêtes « pour établir l'authenticité et la légalité des activités, la sécurité et la protection des données collectées et la manière dont les collecteurs ont l'intention d'utiliser les données ».

Contacté par l'AFP, Worldcoin n'a pour l'heure pas réagi à cette suspension. Ce projet est aussi dans le collimateur de plusieurs régulateurs européens. Sa cryptomonnaie est même déjà interdite aux Etats-Unis, où les autorités essaient de mieux encadrer ce secteur.

Des risques sur la sécurité des données personnelles

Car Worldcoin n'est pas sans risques, quand bien même ses créateurs affirment vouloir faire le bien. « Si nous réussissons, nous pensons que Worldcoin pourrait créer de façon radicale des opportunités économiques, établir une solution fiable pour distinguer les êtres humains de l'intelligence artificielle en ligne tout en préservant la confidentialité (...) et au final être un chemin potentiel vers un revenu minimal universel fondé sur l'intelligence artificielle », avaient notamment déclaré Sam Altman et Alex Bania sur le site de la compagnie.

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Mais après trois ans de développement, deux millions de personnes se sont inscrites pendant la phase de test et certaines d'entre elles avaient ensuite fait part de leur colère dans un article BuzzFeed. Elles ont le sentiment d'avoir été piégées par les promesses de l'entreprise après avoir accepté de scanner leur iris. Alex Blania, avait notamment reconnu que la communication aurait pu être « meilleure dans certains cas ».

Certains internautes et experts s'interrogent notamment sur les risques de vol d'identité numérique en cas de piratage ou de fuite de données de la société Worldcoin.

(Avec AFP)

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