L'ascension fulgurante de La Belle Vie, champion français de la livraison rapide de courses

L'offre de livraison de produits alimentaire de La Belle Vie a rencontré un succès fulgurant au déclenchement de la crise sanitaire. La startup lève 25 millions d'euros pour accélérer son développement dans un paysage très concurrentiel.
François Manens
(Crédits : Pixabay / CC)

Si une entreprise a profité des opportunités présentées par la situation sanitaire, c'est bien La Belle Vie. Cette startup parisienne, créée en 2015, se définit comme la spécialiste du « same day », la livraison alimentaire le jour même, en moins de 5 heures après la commande, 7 jours sur 7. Avec son offre de 17.000 produits, elle a pour ambition capter les courses alimentaires hebdomadaires des consommateurs, celles faites dans les gros supermarchés.

La recette fonctionne, et le Covid a accéléré la cuisson : déjà rentable, la jeune pousse a réalisé plus de 50 millions d'euros du chiffre d'affaires en 2021, un montant plus que doublé par rapport à l'année dernière. Pour accompagner cette croissance fulgurante et réaliser plus de 15.000 livraisons par jour, l'entreprise est passée de 40... à plus de 500 employés en moins de 2 ans. Encore cantonnée en Île-de-France, où elle livre tout de même plus de 1.200 villes, La Belle Vie s'apprête à sortir de son nid, et prévoit de s'installer dans un premier temps à Lille ou à Lyon. « Nous ne nous installons pas dans des villes, mais dans des grandes agglomérations : nous livrons jusqu'à 2 heures de voiture du centre ville », précise à La Tribune Paul Lê, cofondateur de La Belle Vie.

Pour financer ce développement, la startup lève aujourd'hui 25 millions d'euros. Elle fait rentrer à son capital l'Américain Left Lane (Blablacar, Hello Fresh, Trivago...) et le Français Quadrille, tandis que son investisseur historique Capagro remet au pot.

Le développement hors Paris retardé pour développer le quick-commerce

En mai 2020, lors de sa série A de 11,6 millions d'euros, La Belle Vie annonçait déjà que sa levée de fonds allait financer son développement hors Île-de-France. Mais finalement, l'entreprise a investi sur un autre projet : la lancement d'une offre de « quick-commerce », basée sur la livraison (théorique) en moins de 15 minutes. C'est ainsi qu'en septembre, Bam courses naissait à Paris, sur un marché déjà occupé par huit autres commerçants, dont les leaders mondiaux Gorillas et Flink.

Trop tard ? Si le quick-commerce doit encore prouver sa viabilité économique, la course à l'hypercroissance a déjà commencé : Flink a levé 240 millions de dollars (212 millions d'euros) en juillet, à peine 6 mois après sa création. Gorillas, de son côté, a levé près d'un milliard de dollars (860 millions d'euros) en octobre, et est déjà présent dans 60 villes, au sein de neuf pays différents.

Bam courses fait donc partie d'une seconde vague d'acteurs sur le marché, mais Paul Lê aime rappeler les origines de la startup : « A notre lancement en 2015, nous faisions du quick-commerce avant l'heure avec une offre de 2.000 produits, livré en 30 minutes dans certains arrondissements de Paris. Mais nous avons dû modifier cette offre pour des questions de rentabilité, car il y a 6 ans, on ne levait pas de l'argent sur ce genre de projets. »

Lire aussi 9 mnCajoo, Flink, Dija, Gorillas... ces startups qui révolutionnent la livraison de courses à domicile

Vers un quick-commerce rentable ?

Contrairement aux autres, l'offre quick-commerce de La Belle Vie s'inscrit dans une stratégie de groupe plus globale qui devrait l'aider à trouver sa viabilité. « Les offres de La Belle Vie et de Bam courses se complètent, car elles adressent deux moments différents de la semaine. La Belle Vie permet de faire ses courses de la semaine, tandis que Bam courses permet de faire les courses du jour, de dépannage ou d'ajustement », développe Paul Lê.

L'avantage d'adosser le quick-commerce à une logistique qui a déjà fait ses preuves, c'est que le dirigeant peut envisager un passage à la rentabilité dans les prochains 18 mois. « Le modèle logistique du quick-commerce avec de nombreux petits entrepôts est compliqué à gérer. Mais de notre côté, nous pouvons nous appuyer sur les quelques milliers de mètres carrés que nous utilisons déjà pour La Belle Vie », se réjouit le cofondateur. Concrètement, les 5 darkstores parisiens (magasins fermés au public où sont préparées les commandes, ndlr) de Bam courses sont alimentés à 80% par les deux entrepôts franciliens de La Belle Vie.

Et la synergie entre les deux activités ne devrait pas s'arrêter là : « Un client heureux sur l'offre express devrait ensuite aller sur notre offre grand choix. Puisque l'offre est limitée à 2.000 produits, le client du q-commerce doit aller autre part pour certains produits, et il trouvera son bonheur dans les 17.000 produits de La Belle Vie. »

Le plan semble donc tout tracé : le quick-commerce n'a pas forcément besoin de se suffire à lui-même à court terme, il doit avant tout servir de canal d'acquisition de clients vers l'offre historique de la jeune pousse. La Belle Vie devra d'abord prouver la validité de ce modèle par une expansion française, mais Paul Lê voit déjà plus loin : « Faire entrer le fonds New yorkais Left Lane à notre capital est la preuve de nos ambitions. C'est un grand fond, qui a investi dans plus de 12 startups devenues licornes. On ne fait pas rentrer ce genre d'institution si l'on a pas des ambitions internationales. »

François Manens

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 16/12/2021 à 5:13
Signaler
Vraiment a la remorque, ce type de magasins qui livrent des produits bios et autres H24 existent depuis plus de 5 ans en Asie et tout a commence en Coree. Wake up....

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.