Facebook suspend Donald Trump pour deux ans et met fin à l'impunité des politiques

Gêné par les multiples infractions de Donald Trump à ses règles d'utilisation, Facebook a enfin tranché : l'ancien président américain sera banni pour deux ans, pour avoir encouragé ses partisans à attaquer le Capitole, en janvier. Ce n'est pas tout : le géant californien siffle la fin de la récréation pour toutes les personnalités publiques : désormais, si elles enfreignent les règles, elles subiront le même sort que les citoyens lambda. Un vrai progrès pour le climat sur les réseaux sociaux.
Sylvain Rolland
Surtout, la firme californienne a décidé d'en finir une bonne fois pour toutes avec le traitement de faveur dont bénéficiaient les politiques jusqu'à présent.
Surtout, la firme californienne a décidé d'en finir une bonne fois pour toutes avec le traitement de faveur dont bénéficiaient les politiques jusqu'à présent. (Crédits : Carlos Barria)

Donald Trump aura finalement vraiment besoin que son propre réseau social décolle, parce que Facebook ne veut plus de l'ancien président américain. L'entreprise de Mark Zuckerberg a annoncé vendredi 4 juin que le milliardaire restait suspendu pour deux ans pour violation de ses conditions d'utilisation. Pendant des mois, il avait contesté la légitimité de l'élection présidentielle perdue de novembre 2020, jusqu'à soutenir l'invasion du Capitole par ses partisans, en janvier dernier, avec au moins quatre morts à la clé lors de cette insurrection historique.

Surtout, la firme californienne a décidé d'en finir une bonne fois pour toutes avec le traitement de faveur dont bénéficiaient les politiques jusqu'à présent. Le réseau social considérait que la parole d'une personnalité publique, même si elle ne respectait pas les conditions d'utilisation notamment sur les propos haineux et la désinformation, devait rester visible car relevant de l'intérêt général. Ce qui donnait, à cause de la viralité des réseaux sociaux, un amplificateur inédit pour la haine et les fake news propagées par des politiques. Ce ne sera désormais plus possible, et c'est un vrai et salutaire changement : dorénavant, les personnalités publiques qui enfreignent les règles du réseau social pourront subir le même sort -blocage du compte voire exclusion de l'utilisateur- qu'un internaute classique.

Lire aussi 5 mnViolences au Capitole : Facebook et Twitter bloquent enfin Donald Trump

Entre deux mois et deux ans de suspension, ban pour les récidivistes

L'ex-président américain ne pourra revenir que quand les "risques pour la sécurité du public auront disparu", a précisé la plateforme. La nouvelle règle de Facebook concernant les personnalités publiques en général prévoit des sanctions allant d'un mois à deux ans de suspension, d'après un communiqué. Les récidivistes pourront être définitivement bannis.

Avec cette mesure inédite, Facebook frappe un grand coup et espère mettre fin aux mots de tête causé par Donald Trump et ses partisans pendant toute sa présidence. Facebook était écartelé entre souci de respecter la liberté d'expression et nécessité morale et économique d'assainir les échanges entre ses 2,85 milliards d'utilisateurs mensuels. Sous pression de l'opinion publique et des régulateurs aux Etats-Unis comme en Europe avec le Digital Services Act, il a finalement décidé de se ranger du côté de la loi -la haine n'est pas une opinion- et de la modération indispensable des contenus.

Cette décision a été forcée par le refus de de trancher de son propre conseil de surveillance, qui avait été chargé d'évaluer la pertinence de l'exclusion pour une durée indéfinie de Donald Trump, mais qui avait à la place décidé début mai de renvoyer la balle dans le camp de Facebook, sous-entendant que cette décision devait être assumée dans un sens ou dans l'autre par la tête de Facebook, plutôt que par un conseil de surveillance. Mais il avait envoyé un signal clair en appelant le réseau social à clarifier ses règles "arbitraires": "Les mêmes règles devraient s'appliquer à tous les utilisateurs", avaient insisté ses membres internationaux et indépendants. Dont acte.

Lire aussi 4 mnBannissement de Trump : Facebook empêtré dans le casse-tête de la modération

Donald Trump outré

"La décision de Facebook est une insulte aux 75 millions de personnes, et de nombreuses autres, qui ont voté pour nous lors de l'élection présidentielle frauduleuse de 2020", a réagi dans un communiqué l'ancien chef d'Etat, ostracisé par la plupart des grandes plateformes depuis les émeutes qui avaient fait plusieurs morts et choqué le pays.

"La prochaine fois que je serai à la Maison Blanche, il n'y aura plus de dîners, à sa demande, avec Mark Zuckerberg (le patron de Facebook, ndlr) et sa femme. Nous ne parlerons plus que d'affaires!", a-t-il menacé.

Mais Facebook reste droit dans ses bottes. "Quand nous évaluons des contenus en termes d'importance pour l'information, nous ne traiterons pas les propos des politiciens différemment de ceux des autres", a indiqué Nick Clegg, le directeur des affaires publiques de la firme.

"Donald Trump a montré comment un leader politique peut se servir des réseaux sociaux pour saper les institutions démocratiques, comme les élections et le transfert pacifique du pouvoir", a souligné Paul Barrett, professeur de droit à l'université de New York, à l'AFP. Facebook a raison de changer de tactique et d'appliquer aux politiques ses règles contre les comportements néfastes".

Fallait-il exclure Trump définitivement, comme Twitter ?

Toutefois, de nombreuses ONG considèrent que le réseau a trop longtemps amplifié les propos inflammatoires du milliardaire républicain, et devrait l'exclure pour de bon, comme l'a fait Twitter

Car si Donald Trump revenait, la plateforme "resterait un chaudron d'extrémisme, de désinformation et de violence", a assuré Angelo Carusone, président de l'association Media Matters for America, à la télévision américaine.

Mais Mark Zuckerberg a longtemps refusé de jouer le rôle "d'arbitre de la vérité en ligne". Une position devenue intenable avec Donald Trump, prompt à minimiser la gravité de la pandémie ou à dénoncer, sans preuve, de supposées fraudes électorales. Autant de propos qui jettent de l'huile sur le feu dans un pays déjà très divisé. L'invasion du Congrès, qui a fait plusieurs morts, a marqué un tournant.

Au-delà de Donald Trump, restait la question des personnalités publiques exemptées de certaines sanctions sous le prétexte du droit à l'information. Ce traitement de faveur suscitait beaucoup de critiques, y compris en interne. La plateforme et ses voisines, comme Twitter, ont donc durci leur modération des contenus, à grand renfort de signalements adossés aux messages problématiques. Mais les démocrates leur reprochent toujours leur inefficacité à contenir la désinformation, tandis que les républicains les accusent de censure.

De son côté, toujours critiqué à gauche comme à droite, Facebook appelle le Parlement à prendre ses responsabilités.

"La démocratie américaine n'appartient pas à la Silicon Valley", a déclaré Nick Clegg vendredi dans une interview à la Brookings Institution. "Nous ne cessons de répéter qu'il serait bien meilleur sur le long terme que les élus et régulateurs prennent ces décisions, plutôt que nous devions mettre en place notre propre conseil de surveillance".

Sylvain Rolland

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 16
à écrit le 07/06/2021 à 16:30
Signaler
Fasse de Bouc mérite bien son surnom

à écrit le 07/06/2021 à 8:30
Signaler
FB officialise la censure privée. Quelque soit notre opinion sur Trump je trouve cette mesure abominable, elle ouvre la porte à un infini dans le silence coupable de nos démocraties.

à écrit le 06/06/2021 à 20:17
Signaler
C'est beau la démocrassie socialiste...

à écrit le 06/06/2021 à 14:41
Signaler
Comment faire pour se séparer de Donald Trump et de ses affres avec la chine. La chine devient trop puissante, beaucoup trop puissante avec la haute technologie, les ordinateurs, le quantique : il faut refaire une mondialisation en faveur de l'europe...

le 08/06/2021 à 13:01
Signaler
Plus j'connais les gens plus j'aime mon chien.. j' ajouterais plus j'connais les français plus j'aime mon chien..

à écrit le 06/06/2021 à 12:08
Signaler
Il y a quelques mois, Trump avait fait créer un blog qu'il était sensé alimenter des ses pensées profondes pour garder le contact avec ses fans. Ce blog, Trump l'a fait fermer la semaine dernière, il n'y avait même plus 50 000 followers. Il est déjà...

à écrit le 05/06/2021 à 22:55
Signaler
Facebook plus fort que le président des USA ! Dieu se trouve t'il toujours au dessus ?

le 06/06/2021 à 12:50
Signaler
Si Dieu avait voulu que Trump gagne une fois de plus, Trump aurait gagné.... S'il a perdu c'est qu'il a déplut à Dieu. Raisonnement imparable pour un évangéliste américain. :-)

le 06/06/2021 à 18:15
Signaler
Cette mesure va concerner tous les politiciens du monde qui auront Facebook sans exception.Il y aura des mecs dans un bureau ou un robot qui décideront de ce qui est bien ou pas de dire .Tout dépendra de l'état d'esprit des censeurs et de la ligne po...

à écrit le 05/06/2021 à 19:44
Signaler
On voit bien que cet article est orienté, ce qui est fâcheux pour de l'info journalistique. Enfin, tout va bien, vous avez maintenant #des tribunaux et des juges# pour vous dire ce qui est bien ou pas tel Facebook !!!

à écrit le 05/06/2021 à 18:50
Signaler
En parlant de suspension : Lorsque l'on évoque le soulèvement de Tianenmen, le souvenir de "Tank man" (l'Homme au char), la célèbre photo du manifestant inconnu bloquant une colonne de chars chinois sur la place Tiananmen en juin 1989 revient rég...

à écrit le 05/06/2021 à 15:56
Signaler
Donald nous te faisons duc ! Donald duc ! Oncle Picsous, rend les impots !

à écrit le 05/06/2021 à 11:38
Signaler
Je ne comprends toujours pas ses machins de réseaux sociaux à part s'y afficher tel le loft story. Ça semble tenir plus du vide sidéral, de la bêtise la plus crasse et d'une forme de pornographie narcissique plus que d'autre chose. De fait quand...

à écrit le 05/06/2021 à 9:59
Signaler
Facebook hahaha le truc complètement has-been ou on voit des assiettes, un selfie et..... C'est tout. Il faut oublier ce minable réseau c'est vraiment bidon

à écrit le 05/06/2021 à 9:49
Signaler
Si le bannissement de Trump permet de lire et entendre moins de stupidités et de mensonges de la part de tous les autres politiciens, encore un sacrifice de ce premier qui n'aura pas été vain !

à écrit le 05/06/2021 à 9:46
Signaler
J' ai banni Facebook depuis toujours que j' utilisais peu ou pas et suis passé récemment chez vk, on évite ainsi la censure des mondialistes qui vous taxent de complotistes si vous refusez la doxa globaliste et le catéchisme ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.