Début septembre, une situation hautement inhabituelle forçait le ministre délégué au numérique Jean-Noël Barrot à remettre en jeu son mandat de député de la 2ème circonscription des Yvelines. Sa suppléante, Anne Grignon, qui le remplaçait à l'Assemblée Nationale, avait dû démissionner de ses fonctions en raison d'une entorse au code électoral. Elle était aussi remplaçante depuis 2017 du sénateur Martin Lévrier, un statut a priori incompatible avec celui de suppléant...
Large vainqueur du second tour des législatives de juin avec 64,27% des voix, puis nommé ministre début juillet, Jean-Noël Barrot se retrouvait dans une position inconfortable. Non seulement sa place au gouvernement était en théorie remise en jeu, puisque le président Emmanuel Macron avait insisté pour que chaque ministre gagne aux élections. Mais en plus, il se retrouvait de nouveau candidat pour un mois, avec les contraintes liées à ce statut.
Réélu avec 71,67% des voix
Au vu de la marge de sa victoire de juin, le scénario d'une défaite à l'élection législative partielle paraissait peu probable, et il a rapidement été balayé. Dès le premier tour, le 2 octobre, le vice-président du MoDem a récolté 42,29% des voix, contre 18,60% pour la candidate Nupes Maïté Carrive-Bedouani, et 17,80% pour le candidat Les Républicains Pascal Thévenot. Le week-end dernier, Jean-Noël Barrot a confirmé son avance par une victoire écrasante en récoltant 71,67% des voix exprimées dans son face-à-face au second tour contre Maïté Carrive-Bedouani (28,33%). Seule ombre au tableau, relativement attendue étant donné le scénario, le taux de participation a été extrêmement faible : 22,17% des électeurs ont fait le chemin jusqu'aux bureaux de vote contre 55% en juin.
Avec cette victoire, Jean-Noël Barrot consolide sa place au gouvernement -qui n'a jamais été formellement mise en question- et c'est donc sa nouvelle suppléante, Anne Bergantz, qui représentera la 2ème circonscription des Yvelines au Palais-Bourbon. Également conseillère municipale à Lévis-Saint-Nom (78) depuis 2018, et responsable du service social de l'hôpital Necker à Paris, elle sera chargée de défendre les dossiers mis en avant lors de la campagne électorale comme la préservation des terres agricoles, la mobilité sur le territoire ou encore les nuisances sonores. Jean-Noël Barrot ne reprendra sa casquette de député que s'il quitte le gouvernement.
Fin du devoir de réserve
Malgré des apparences de simple formalité, cette situation a perturbé la prise de poste de Jean-Noël Barrot. En cause : le devoir de réserve imposé aux candidats aux élections législatives, qui bride les sujets sur lesquels ils peuvent s'exprimer. Peu connu du secteur de la tech, le ministre a donc dû faire ses premiers pas dans ses fonctions tout en maintenant un jeu d'équilibriste avec sa position de candidat.
Il devait, selon une circulaire de février, s'abstenir de se déplacer dans l'exercice de ses fonctions de ministre. Mais cette règle est sujette à de très nombreuses dérogations (accordées par le Premier ministre sur demande) comme les événements exceptionnels, ceux dont il ne maîtrise pas la date, les commémorations publiques ou encore les salons. Jean-Noël Barrot a aussi profité que les sujets technologiques ne soient pas des thèmes centraux de la campagne électorale pour avoir une activité relativement normale de ministre. Cependant, il devait se montrer prudent à l'égard du droit, et devait régulièrement se mettre en retrait dans les prises de parole. Désormais sorti du devoir de réserve, le ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécoms va pouvoir incarner plus franchement son poste.
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