Depuis Nantes, le collectif MoinsPire entend participer à la transition environnementale du design

MoinsPire. C’est le nom d’un tout jeune collectif 100% nantais né à l’initiative de quatre startup qui souhaitent faire évoluer les usages dans le domaine du design. Leur ambition ? Participer à la transition environnementale en rassemblant les forces engagées.
Des acteurs du design nantais ont décidé d’unir leurs forces afin de soutenir une consommation plus durable dans l’univers de l’habitat. Ainsi est né le collectif MoinsPire.
Des acteurs du design nantais ont décidé d’unir leurs forces afin de soutenir une consommation plus durable dans l’univers de l’habitat. Ainsi est né le collectif MoinsPire. (Crédits : Juliette Alexandre)

Dans le design, le marché de la durabilité est en pleine expansion. Si des designers indépendants étaient déjà engagés dans cette transformation, aujourd'hui, de très grandes maisons de luxe leur emboîtent le pas. Et de plus en plus d'architectes se tournent vers des solutions plus responsables. Une tendance en partie impulsée par la loi Agec (anti-gaspillage pour une économie circulaire) dont la volonté est de modifier nos modes de consommation et de production pour tendre vers un modèle plus durable et écologiquement responsable. Dans ce contexte, des collectifs de designers voient le jour en faveur d'un mobilier français éco-responsable.

C'est le cas notamment à Paris avec LIFe - Low Impact Furniture, collectif d'éditeurs et de fabricants français, ou encore à Toulouse avec Tournesol qui conçoit des bâtiments et des espaces à partir du réemploi de matériaux. Dans ce paysage, un nouveau venu vient de faire son apparition à Nantes : le collectif MoinsPire.

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« Se rassembler pour maximiser notre impact »

Le nom de ce collectif est parti d'un jeu de mots. « C'est moins pire de faire plus mieux », explique Morgan Guyader, designer et co-fondateur de Malakio avec Hugo Kermarrec. Née en région nantaise voilà trois ans, cette jeune pousse qui réalise des objets et du mobilier en coquillages recyclés s'est associée avec trois autres start-up pour lancer ce groupement 100% nantais. Il s'agit de Compo'plume (Benjamin Moreau) qui a inventé un nouveau matériau à base de volants de badminton pour en faire du mobilier ou des panneaux acoustiques ; Instead (Franck Grossel et Christophe Pilher) qui a imaginé un mobilier éco-responsable à partir de céréales issues du brassage de la bière et Panopoli (Sullivan Jolli), une micro-usine de recyclage de plastiques et fabricant de plaques pour le bâtiment et le design (qui vient de cesser ses activités).

Toutes ont un point commun : outre le fait d'être implantées sur la métropole nantaise, elles sont toutes issues du secteur du design et ont choisi d'utiliser l'upcycling pour créer de nouveaux matériaux et imaginer des mobiliers éco-conçus localement. Et toutes ont une ambition commune : « participer à la transition environnementale du design » et « se rassembler pour maximiser notre impact », poursuit Morgan Guyader.

« Alors que de gros mastodontes ne portent pas le moindre intérêt à ces questions de transition, chacun de notre côté, nous sommes encore petits face au travail immense à mener pour cette transformation. »

D'où l'idée de « créer une émulsion collective » pour « avoir plus de poids » et répondre aux nombreux défis environnementaux auxquels font face les acteurs du design et de l'habitat.

Mettre des forces en commun

Officiellement lancé cette semaine sous statut associatif, le collectif a vocation à proposer des espaces d'échanges d'idées dans le cadre d'événements à Nantes organisés une fois par trimestre, à destination de designers, architectes, mais aussi d'hôteliers voire de particuliers, sous la forme de pitchs d'entreprises. L'idée : « ouvrir au maximum ». Une prochaine date est prévue en avril. Des événements voués à être déclinés en petits déjeuners à raison d'une fois par mois ou par trimestre.

Ce collectif a aussi pour vocation de mutualiser leur budget pour participer collectivement à certains salons et « chasser en meute » mais aussi mettre en commun des outils, certaines machines étant coûteuses. Et, à terme, pourquoi pas « créer des emplois », ambitionne Morgan Guyader.

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Une vingtaine d'adhérents

À partir d'avril, le collectif MoinsPire va se développer avec un showroom de 25 m2 en plein cœur du centre-ville de Nantes au sein de l'hôtel Demain où ils pourront exposer leurs produits. « Pendant deux ans, ce lieu sera le QG de l'association. »

D'ores et déjà, trois nouveaux adhérents ont rejoint le mouvement : Poreva, en Vendée, qui recycle les chutes de cuir issues de la maroquinerie, l'entreprise No More, basée à la Chapelle-sur-Erdre près de Nantes, qui est spécialisée dans le recyclage de plastique, et Le Meuble Unique qui réutilise des cadrans de porte.

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D'après Morgan Guyader, d'autres acteurs devraient bientôt s'impliquer au sein de cette nouvelle association : Magnanime, une agence nantaise spécialisée en éco-design, des matériauthèques à Nantes, des designers indépendants ou encore une entreprise du tertiaire située dans la région nantaise.

 D'ici à l'été prochain, cette communauté devrait compter une vingtaine d'adhérents.

« Nous souhaitons attirer plus de femmes parmi les porteurs de solutions, mais aussi faire entrer des designers numériques, des entreprises expertes en biodiversité... »

Pour adhérer, il y a trois tickets d'entrée : un premier à 50 euros par an pour les fournisseurs de matières premières, un second à 200 euros pour les prescripteurs et clients (architectes d'intérieur, éditeurs de mobilier, groupes hôteliers et de restauration...) et un dernier à 300 euros pour les porteurs de solutions.

Essaimer un peu partout

La volonté du collectif est de « s'ancrer d'abord à l'échelle locale », avant de mailler le territoire national. Il s'agira de créer un ensemble de petits collectifs en mesure de mettre en commun leurs forces. Pour l'heure, des acteurs localisés à Angers, Lille, Marseille ou encore Lyon se seraient montrés intéressés pour dupliquer le modèle. « Des discussions devraient démarrer en mars prochain », précise Morgan Guyader, selon qui, des marques belges pourraient elles aussi rejoindre le collectif.

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