C'est à la justice française, désormais, de s'intéresser à Altice. En septembre dernier, quelques mois après que la maison-mère de SFR a été éclaboussée par un scandale de corruption au Portugal, le parquet national financier (PNF) a ouvert sa propre enquête. D'après l'agence Bloomberg, celle-ci porte sur « des soupçons de corruption de personnes n'exerçant pas de fonctions publiques, de blanchiment d'argent et de tentatives de dissimulation de ces délits » au sein du groupe, propriété du milliardaire Patrick Drahi. Toujours selon l'agence américaine, ces investigations ont débuté en septembre dernier. Interrogé par La Tribune, Altice se refuse à tout commentaire.
L'ouverture de cette enquête intervient dans le sillage de larges investigations de la justice portugaise. Celles-ci ont révélé, l'été dernier, un vaste scandale de corruption concernant Altice. Plusieurs cadres du groupe sont soupçonnés d'avoir imposé un réseau de fournisseurs douteux dans différentes filiales du groupe, et d'avoir indûment prélevé des sommes importantes. Parmi les dirigeants mis en cause, Armando Pereira, le cofondateur d'Altice et bras droit de Patrick Drahi, a été arrêté à Lisbonne le 13 juillet, et placé en détention provisoire. Il a finalement été libéré après le paiement d'une caution de 10 millions de dollars.
Altice et sa montagne de dettes
Altice, qui se dit victime dans cette affaire, a dans la foulée lancé une enquête interne. Celle-ci a abouti à la suspension ou à la mise à pied de plusieurs cadres du groupe. Parmi eux, il y a notamment Tatiana Agova-Bregou, la directrice exécutive des contenus, acquisitions et partenariats, Alexandre Fonseca, co-PDG d'Altice, ancien président exécutif d'Altice Portugal, et qui avait ensuite été nommé à la tête d'Altice USA, ou encore Yossi Benchetrit, patron des achats aux Etats-Unis et gendre d'Armando Pereira.
L'intérêt de la justice française ne constitue, en réalité, pas vraiment une surprise. De fait, la justice portugaise a dévoilé que des fournisseurs d'Altice mis en cause ont notamment travaillé pour Altice France. Altice, de son côté, affirme avoir fait le ménage, depuis, parmi ses fournisseurs.
Ces affaires viennent fragiliser l'empire de Patrick Drahi, au moment où le groupe traverse une passe difficile. La dette globale d'Altice flirte avec les 60 milliards d'euros - dont environ 24 milliards d'euros pour Altice France -, et les investisseurs s'inquiète de sa capacité à la rembourser. Sous pression, Patrick Drahi cherche à vendre des actifs. En novembre dernier, Altice a revendu des data centers en France. D'autres options sont désormais sur la table, comme la vente de XpFibre, qui détient son réseau de fibre en France, celle de Meo, son opérateur au Portugal, ou encore l'ouverture du capital SFR.
Sujets les + commentés