Huawei : les Etats-Unis continuent de mettre la pression sur l’Europe

Washington continue de menacer les Etats du Vieux Continent souhaitant autoriser l’équipementier chinois pour le déploiement de la 5G de mesures de rétorsion.
Pierre Manière
La semaine dernière, la France a précisé que Huawei ne serait pas écarté du marché de la 5G.
La semaine dernière, la France a précisé que Huawei ne serait pas écarté du marché de la 5G. (Crédits : Aly Song)

Le pays de l'Oncle Sam poursuit son lobbying anti-Huawei en Europe. Ce dimanche, Richard Grenell, l'ambassadeur américain en Allemagne, a indiqué que les Etats-Unis pourraient cesser toute coopération dans le renseignement avec les pays qui accueilleront l'équipementier chinois pour déployer la 5G. Sur Twitter, il a affirmé que Donald Trump lui avait demandé de rendre cette menace publique. Le président américain « m'a donné des instructions pour dire clairement que toute nation qui décide d'utiliser un distributeur 5G qui n'est pas digne de confiance met en danger notre capacité de partager des renseignements et des informations au plus haut niveau », a écrit l'ambassadeur.

Mais ce n'est pas tout. Ce même week-end, lors d'une conférence sur la sécurité à Munich, les Etats-Unis ont indiqué que si les Européens ouvraient leurs portes à Huawei, l'avenir de l'Otan serait menacé. « Si nous ne comprenons pas la menace et ne réagissons pas, cela pourrait au bout du compte menacer ce qui est l'alliance militaire qui a eu le plus de succès dans l'histoire, l'Otan », a canardé Mark Esper, le ministre américain de la défense. Cette énième coup de pression anti-Huawei à l'égard sur le Vieux Continent a été complété par un habitué de ce genre de sortie, à savoir Mike Pompeo, le ministre américain des Affaires étrangères. A Munich, celui-ci a réaffirmé que Washington considérait l'équipementier chinois comme un « cheval de Troie », dont les équipements pourraient servir à Pékin à des fins d'espionnage.

Washington furieux du feu vert de Londres

Ces sorties l'illustrent : le pays de l'Oncle Sam n'en a pas fini avec à sa croisade anti-Huawei sur le Vieux Continent. Et ce, quand bien même Bruxelles s'est montré fin janvier favorable, via la publication d'une « boîte à outils », à une participation du groupe chinois au déploiement des réseaux 5G, mais avec certaines limitations. Quelques jours auparavant, le Royaume-Uni avait donné son feu vert à Huawei avec d'importantes restrictions. Une décision qui a suscité l'ire de Washington, qui a signifié qu'elle pourrait nuire à un accord commercial pour l'après-Brexit.

Enfin, la semaine dernière, la France a également précisé que Huawei aurait sa place dans le marché de la 5G. Mais avec certaines restrictions. « S'il y a des installations critiques, des installations militaires, des zones nucléaires à proximité, nous un certain nombre de restrictions pour protéger nos intérêts de souveraineté », a déclaré Bruno Lemaire, le ministre de l'Economie, sur BFMTV, jeudi dernier.

« Ecran de fumée »

Le même jour, la justice américaine s'est encore attaquée à Huawei. A New York, l'équipementier a été inculpé de vol de secrets industriels et de contournement des sanctions contre la Corée du Nord. Ces accusations s'ajoutent à de précédentes poursuites de violations des sanctions américaines contre l'Iran. « Cet acte d'inculpation brosse un portrait accablant d'une organisation illégitime manquant de la moindre considération envers la loi », ont réagi dans un communiqué le président de la commission du renseignement du Sénat américain, Richard Burr, et son vice-président Mark Warner. En outre, la semaine dernière, des responsables américains ont affirmé, selon le Wall Street Journal, que Huawei aurait eu accès, pendant des années, aux réseaux mobiles des opérateurs via des portes dérobées. Une attaque qualifiée d'« écran de fumée » par Huawei, qui appelle les Etats-Unis à publier les preuves de leurs accusations.

Jeudi dernier, lors de la présentation des résultats annuels d'Orange, Stéphane Richard, le PDG de l'opérateur historique, a aussi jugé qu'il serait « dans l'intérêt de la sécurité de tout le monde que [les Américains] produisent [les preuves de leurs accusations] ». Sur BFMTV, le patron de l'opérateur, qui utilise des équipements Huawei dans de plusieurs pays mais pas en France, a insisté : « Si les américains ont des éléments précis et factuels, qu'ils les partagent avec tous ceux qui sont concernés. » Avant d'afficher sa méfiance à l'égard des attaques américaines : « Ça me rappelle l'histoire des armes de destruction massive pendant la guerre en Irak, cette histoire... » Reste que jusqu'à présent, d'après le dirigeant, « dans l'industrie (...), nous n'avons jamais pris Huawei en fragrant-délit d'installation de dispositifs de ce type ou d'espionnage. C'est tout. Maintenant, nous n'avons pas forcément toutes les informations que les services américains semblent avoir. »

Pierre Manière

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Commentaires 4
à écrit le 20/02/2020 à 10:19
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Trump a dit "après la Chine, l'Europe"! Et maintenant ils veulent qu'on les aide à taper sur la Chine ! Trump se prend pour un fabuleux négociateur alors qu'il fonctionne au chantage, le résultat est là: les européens n'ont plus envie d'accorder un ...

à écrit le 18/02/2020 à 8:58
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Avec le petit doigt.

à écrit le 18/02/2020 à 2:36
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Si les européens misaient sur du matériel de confiance, ils ne feraient pas partie de l'OTAN ...

à écrit le 17/02/2020 à 18:57
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Trump fait du chantage comme à son habitude.

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