La 5G, un levier pour redynamiser les aéroports après la crise du coronavirus

Paris Air Forum. Même si la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) redoute que la 5G perturbe certains systèmes des avions et vient de lancer plusieurs enquêtes, cette technologie est très attendue dans les aéroports. L’automatisation pourrait permettre aux compagnies et aux opérateurs, touchés de plein fouet par la crise sanitaire, de réduire drastiquement leurs coûts, tout en améliorant « l’expérience voyageur ». Avec Guillaume de Lavallade, Directeur général de Hub One et Sergio Colella, Président Europe Sita (Animé par Pierre Manière, journaliste à La Tribune).
Pierre Manière
L'aéroport de Paris Charles de Gaulle.

Avec le coronavirus, l'aérien essuie l'une des pires crises de son histoire. Les aéroports se sont vidés, et les compagnies comme les constructeurs d'avions multiplient les plans sociaux. En parallèle, la nouvelle génération de communication mobile, la 5G, arrive progressivement dans les pays développés. C'est notamment le cas dans les aéroports, où cette technologie est très attendue. Pour les professionnels, la 5G et ses débits faramineux, sa très faible « latence » (permettant une réponse immédiate du réseau lorsqu'on le sollicite), ainsi que sa capacité à gérer des myriades d'objets connectés, constitue une opportunité de moderniser leurs activités et de réduire les coûts. En dématérialisant démarches et procédures, la 5G promet aussi d'améliorer sensiblement « l'expérience voyageur », en lui redonnant, espèrent les industriels, la confiance et l'envie de reprendre l'avion.

Ce vendredi, au Paris Air Forum, organisé par La Tribune, Sergio Colella, le président de Sita Europe, un important fournisseur et développeur de technologies pour l'aérien et les aéroports, a jugé que l'impact de la crise du coronavirus est comparable, pour le secteur, à celui « du 11 septembre 2001 ». A l'époque, les attentats aux Etats-Unis ont eu des conséquences considérables sur l'économie du transport aérien. « Nous avons changé énormément de process, notamment en matière de sécurité », rappelle Sergio Colella. Selon lui, la crise actuelle pousse les compagnies et les aéroports à se saisir des dernières technologies, dont la 5G, pour « revoir leurs modes de fonctionnements, gagner en efficacité » et sécuriser les voyage d'un point de vue sanitaire.

A Helsinki, des robots connectés en 5G

Même son de cloche pour Guillaume de Lavallade, le directeur général de Hub One, un opérateur de technologies digitales très présent dans l'aérien. Le groupe, qui a notamment déployé un réseau 4G destiné aux professionnels dans les aéroports parisiens, voit la 5G comme le catalyseur d'une myriades d'usages nouveaux. « A terme, sur le tarmac, nous pouvons imaginer que les avions et les nombreux véhicules de service, ceux des pompiers notamment, fonctionneront tout ou partie de manière autonome, se projette-t-il. Ils seront capable de se croiser à un mètre de distance en toute sécurité pour opérer de manière plus efficace. »

Sergio Colella souligne que l'aéroport d'Helsinki dispose déjà d'un réseau 5G. « Ils effectuent des tests avec des robots circulant de manière autonome dans l'aéroport, explique-t-il. Ces robots vérifient que la distanciation sociale est bien respectée, et peuvent envoyer des vidéos en 4K aux opérateurs de l'aéroport pour anticiper différents problèmes. » La capacité de la 5G à gérer d'énormes quantités d'informations, et en particulier de lourds flux vidéos, constitue à ses yeux un atout important. Cela pourrait permettre, selon lui, d'améliorer la vidéosurveillance, mais aussi de franchir un cap avec la biométrie. « Notre propre visage pourrait devenir, le temps du voyage, notre carte d'embarquement », argue-t-il. La multiplication des capteurs connectés permettra aussi des avancées en matière de maintenance prédictive. « Sita travaille déjà, par exemple, avec Rolls Royce pour relever l'état d'utilisation des moteurs des avions », souligne Sergio Colella. Ce qui permet de vérifier l'usures de certaines pièces, et d'anticiper leur remplacement.

Les fréquences 5G perturbent-elles les altimètres des avions ?

Guillaume de Lavallade, lui, juge que la 5G sera précieuse pour prioriser les besoins de connectivité lorsque l'avion a atterri et arrive au point de parking. Cette technologie permettra de décharger toutes ses données, d'en récupérer, comme d'apporter une connexion fiable à tous les professionnels qui s'affairent autour de l'avion. La capacité de la 5G à réserver plusieurs parties de la bande passante à des usages particuliers (le « network slicing ») sera particulièrement utile. Grâce à elle, le bagagiste au pied de l'avion pourra, par exemple, communiquer sans problème sur son canal. Celui-ci sera en quelque sorte protégé même si tous les passagers allument en même temps leurs smartphones.

Il faudra toutefois se montrer patient avant que la 5G devienne une réalité dans les aéroports. Tous ces usages, dont la plupart nécessiteront d'être standardisés à l'échelle mondiale, mettront un certain temps à émerger. En outre, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) redoute que la 5G perturbe certains systèmes des avions et vient de lancer plusieurs enquêtes. Cédric O, le secrétaire d'Etat au numérique, a jugé ce lundi que ce problème devrait être régler « assez vite »« Il y a un soupçon selon lequel les fréquences 3,5 GHz [utilisées pour la 5G, Ndlr] perturberaient les altimètres des avions, détaille Guillaume de Lavallade. Ce n'est pas un phénomène propre à la France, et les études nous diront si ce risque est avéré. Cela dit, nous avions les mêmes inquiétudes avec les fréquences 3G et 4G. Les industriels sont habitués à gérer ces problèmes d'interférences électromagnétiques. Je suis assez confiant. »

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Commentaires 3
à écrit le 25/11/2020 à 10:10
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C'est parce qu'ils ont refusé que le titre est fait?

à écrit le 25/11/2020 à 8:38
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En effet ce secteur d'imposteurs irait comme un gant au secteur aéronautique.

à écrit le 24/11/2020 à 21:41
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Le fait que les bandes 5G aux USA soient différentes (voisines mais pas les mêmes) qu'en France (voire UE) ça présente les mêmes craintes que la bas ? Il faut faire des mesures pour "homologuer" le système, donc se rassurer. Par contre les smartphon...

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