Malfaçons sur les réseaux de fibre : le gouvernement et le régulateur tancent les opérateurs

Lors d’une conférence à Paris, Laure de La Raudière, la présidente de l’Arcep, le gendarme des télécoms, et Jean-Noël Barrot, le ministre délégué en charge du Numérique, ont déploré que les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free n’ont pas réussi, depuis un an, à en finir avec les malfaçons sur les réseaux de fibre. Le régulateur a menacé les opérateurs de sanctions si la situation ne s’améliore pas. Le ministre, lui, déplore « l’arrêt » des déploiements dans certains territoires, et espère un accord avec Orange.
Pierre Manière
Jean-Noël Barrot, le ministre délégué en charge du Numérique.
Jean-Noël Barrot, le ministre délégué en charge du Numérique. (Crédits : Reuters)

Quand la « grande famille » des télécoms française se réunit, la courtoisie n'empêche pas les acteurs de s'envoyer de violentes piques, qui frisent parfois l'invective. C'est, sans surprise donc, ce qui s'est passé ce jeudi matin, lors d'une conférence de l'Arcep à l'Institut du monde arabe à Paris. Pour l'occasion, le régulateur a invité tous les industriels des télécoms, dont les opérateurs, le gouvernement et des représentants des collectivités, pour discuter des enjeux de connectivité dans l'Hexagone. Mais un sujet, en particulier, a dominé les débats : celui de la couverture en fibre optique du pays.

En ouverture de l'événement, Laure de La Raudière, la présidente de l'Arcep, a déroulé sa liste de griefs aux Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free. En premier lieu, la qualité du déploiement de la fibre n'est, selon elle, toujours pas au rendez-vous. Le sujet n'est pas nouveau : cela fait des années que les malfaçons sur les réseaux de fibre irritent les abonnés, et suscitent la colère des collectivités. Laure de La Raudière a rappelé « sans enthousiasme » ce qu'elle martèle désormais à chaque sortie officielle : « Je reçois encore de trop nombreux témoignages de clients débranchés sauvagement, d'abonnés privés d'internet régulièrement ou très longtemps. »

« Les résultats ne sont pas perceptibles »

Certes, un plan d'action pour en finir avec ces dysfonctionnements a été adopté par les opérateurs et la filière de la fibre il y a un an. Celui-ci visait notamment à améliorer les pratiques des techniciens sur le terrain. En parallèle, plusieurs opérateurs, SFR, Free et Altitude, se sont engagés à reprendre leurs réseaux les plus dégradés. Mais « les résultats ne sont pas encore visibles, ni perceptibles », a déploré la présidente de l'Arcep. Avant de se montrer menaçante : « L'Arcep attend maintenant des opérateurs et de l'ensemble de la filière des résultats concrets, démontrant le bien-fondé du plan d'actions d'amélioration de la qualité de service, a-t-elle lancé. Si nous n'en avons pas, nous n'hésiterons pas à passer à un autre mode d'action. » En clair des sanctions, même si l'institution ne s'est pas épanchée à ce sujet.

Même son de cloche pour Jean-Noël Barrot, le ministre délégué en charge du Numérique. En matière de qualité des raccordements, « les améliorations tardent à se matérialiser, ce qui affecte le crédit de la fibre », a-t-il fustigé. D'après lui, les « contraintes économiques » qui pèsent sur les opérateurs en cas de malfaçons ne sont « pas assez fortes »« Aujourd'hui, il est peut-être trop peu coûteux de laisser les usagers sans solutions, a-t-il estimé. Cela devra changer... » Si la situation ne s'améliore pas, il envisage de légiférer, et notamment de reprendre à son compte certaines modalités de la proposition de loi du sénateur Patrick Chaize (LR), qui prévoit de chambouler la manière dont les clients sont raccordés, au grand dam de la filière.

« Tout ne sera pas réglé l'an prochain »

Philippe Le Grand, le président d'InfraNum, qui rassemble tous les acteurs de la fibre, a appelé l'Arcep et l'exécutif à « faire confiance à la filière ». Il a affirmé que les actions visant à améliorer les raccordements sont complexes et demande du temps. « Ne croyez pas que tout sera réglé l'an prochain, a-t-il averti. C'est malheureusement un chantier au long cours... » Des propos qui, à n'en point douter, ne satisferont pas les élus locaux, qui n'en peuvent plus des plaintes de leurs administrés liées aux malfaçons sur les réseaux fibrés.

A l'instar de Laure de La Raudière, Jean-Noël Barrot s'est aussi inquiété du fort ralentissement du déploiement de la fibre, notamment dans les villes moyennes et les grands centres urbains. Ce qui met à mal la promesse d'Emmanuel Macron d'apporter la fibre à tous les Français l'horizon 2025. Le ministre a notamment taclé Orange, qui n'a pas honoré ses engagements de couverture des villes moyennes, censées être couvertes depuis la fin 2022... Jean-Noël Barrot a toutefois indiqué qu'un accord était en discussion avec l'opérateur historique afin de régler le problème.

Pierre Manière

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Commentaires 3
à écrit le 28/09/2023 à 21:04
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ils font des forfaits a 2 euros pour tous, puis demandent a orange un accord pour balayer les ecuries!!!!!! qu'ils demandent a free, ils margent a 80% c'est niel qui l'a dit!!!!!!! ok, et apres qu'ils aillent relire leurs cours de finance, au lieu de...

à écrit le 28/09/2023 à 20:32
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A force de sous-traiter à des sous-traitants qui eux-mêmes sous-traitent à des gens qui ne parlent qu'à peine français, et avec qui les contacts sont presque impossibles, les opérateurs, qui s'en moquent bien, sont cependant responsables de la qualit...

le 28/09/2023 à 21:32
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[Exemples: les chambres d'écheveaux de fils qui baignent dans l'eau à chaque pluie, le débranchement d'un client pour en brancher un autre, ...] Deux exemples que j'ai personnellement subi comme client 👍

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