Télécoms d'entreprise : les opérateurs alternatifs militent pour une « régulation pro-concurrence »

Plusieurs fédérations représentant des fournisseurs d’accès à Internet alternatifs appellent l’Arcep à prendre des mesures pour en finir avec la domination d'Orange sur le marché des télécoms professionnelles. La fermeture du réseau cuivre, utilisé pour l'ADSL, constituera, d’après elles, un « moment charnière ».
Pierre Manière
Un technicien procède à un raccordement à la fibre.
Un technicien procède à un raccordement à la fibre. (Crédits : Mégalis Bretagne)

Si le marché des télécoms pour le grand public fait l'objet d'une compétition féroce entre les opérateurs, la situation est très différente pour les télécoms d'entreprise. Le marché de détail pour les professionnels, qui pèse entre 8 et 9 milliards d'euros, reste ultra-dominé par Orange. D'après un sondage mené par l'Arcep, le régulateur des télécoms, en 2021, l'opérateur historique dispose d'une part de marché sur la connectivité fixe des entreprises comprise entre 55% et 60% ! Celle de SFR se situerait autour de 20%, contre 5% pour Bouygues Telecom. L'Arcep a pourtant pris des mesures, ces dernières années, pour davantage ouvrir ce marché à la concurrence. Mais cela n'a pas suffi à en modifier l'équilibre.

Cette situation est largement dénoncée par tout l'écosystème des opérateurs alternatifs. Il en existe des myriades, disséminés dans les territoires. Tous estiment que l'Arcep doit désormais prendre le taureau par les cornes. Dans une lettre envoyée au régulateur mi-février, quatre fédérations tirent la sonnette d'alarme. Il s'agit de l'Association des opérateurs alternatifs (Aota), d'InfraNum, qui fédère les industriels de la fibre, du Club des dirigeants réseaux et télécoms (CDRT), et de la fédération des entreprises du bureau et du numérique (Eben). D'après eux, le régulateur doit « saisir l'opportunité de la fin du cuivre pour adopter une nouvelle régulation, résolument pro-concurrence et pro-innovation ».

De fait, Orange a initié son projet de fermeture du réseau cuivre. Cet énorme chantier se déroulera de manière progressive. Toujours est-il qu'à partir de 2026, plus aucun opérateur ne pourra proposer à ses clients des offres ADSL, lesquels disparaîtront complètement en 2030. Cela signifie que les entreprises qui ne l'ont pas encore fait vont devoir migrer de l'ADSL vers la fibre. Elles pourront, si elles le souhaitent, changer d'opérateur. Dans ce contexte, les opérateurs alternatifs comptent, bien sûr, saisir cette opportunité pour ferrer de nouveaux clients.

« L'écosystème alternatif foisonnant doit être dynamisé afin qu'aucune entreprise ne soit laissée sur le bord de la route, en particulier dans un contexte de fermeture annoncée du réseau cuivre, lancent les quatre fédérations. Cette bascule apparaît en effet comme l'ultime opportunité pour remédier aux déséquilibres concurrentiels sur le marché entreprise. »

« Des actions fortes »

Le moment choisi par ces fédérations pour demander « des actions fortes » à l'Arcep n'a rien d'un hasard. L'autorité vient tout juste de lancer une consultation publique concernant l'évolution de sa régulation des marchés Internet fixe pour la période 2024-2028. Dans le document associé à cette consultation, l'Arcep se donne d'ailleurs pour objectif d'« amplifier la dynamique concurrentielle » sur le marché des entreprises. Elle entend, notamment, poursuivre son travail pour que les opérateurs alternatifs puissent accéder aux réseaux de fibre via un marché de gros.

Les opérateurs alternatifs saluent l'initiative, qu'ils qualifient de « priorité essentielle ». Mais ils la jugent insuffisante. Il demandent d'abord à l'Arcep de bien contrôler « les déclinaisons opérationnelles, tarifaires et contractuelles » des offres de gros. « Les opérateurs sont régulièrement confrontés à une asymétrie contractuelle au bénéfice de l'opérateur dominant [Orange, Ndlr] qui contribue à fragiliser les nouveaux arrivants », expliquent-ils.

Lever certaines « barrières contractuelles »

En outre, les opérateurs alternatifs militent pour que l'Arcep prenne des mesures afin de pouvoir profiter du « moment charnière » de la fermeture du réseau cuivre d'Orange. Ils souhaitent en particulier être informés en amont des zones où l'ADSL sera éteint. Tous militent aussi pour que l'Arcep lève certaines « barrières contractuelles » pour permettre aux entreprises de changer facilement d'opérateur lors du passage à la fibre. Le régulateur est, c'est peu dire, attendu au tournant.

Pierre Manière

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 03/03/2023 à 9:36
Signaler
he oui, chacun veut refaire le fricfrac de free, en n'ayant aucun investissement, en demandant a orange de faire les investissements gratuits et la maintenance, pour proposer des services a 2 euros en tout gratuit tout illimite pour tous avec 80% de ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.