Télécoms pour les entreprises : Celeste mise sur sa fibre pour doper sa croissance

Après avoir discrètement, ces dernières années, déployé son propre réseau de fibre optique dans une bonne partie de l’Hexagone, l’opérateur spécialisé dans les offres Internet à très haut débit pour les entreprises cherche à se faire davantage connaître pour étoffer sa clientèle.
Pierre Manière
Nicolas Aubé, le propriétaire et fondateur de Celeste.
Nicolas Aubé, le propriétaire et fondateur de Celeste. (Crédits : DR)

Maintenant que son réseau est suffisamment grand et opérationnel, il faut le remplir. Voilà, en somme, le mot d'ordre de Nicolas Aubé, le fondateur et président de Celeste. Largement inconnu du grand public, cet opérateur, qui fournit depuis sa création en 2001 des offres Internet fixe aux entreprises, compte parmi les acteurs importants des télécoms professionnelles. Sa particularité ? Celeste dispose aujourd'hui d'un grand réseau de fibre optique, d'une longueur cumulée de 2.500 km, à travers tout l'Hexagone. L'opérateur, qui y a investi 28 millions d'euros depuis 2011, affirme couvrir « 100% des entreprises dans 25 grandes villes françaises », dont Paris, Lyon, Marseille, Nantes, Bordeaux ou Toulouse.

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Celeste

Pour connecter entre eux ses réseaux locaux, Celeste loue notamment de la fibre aux sociétés d'autoroutes, qui en disposent de centaines de kilomètres dans toute la France. (Crédits: DR)

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Avec cet actif, « le troisième réseau français dédié aux télécoms professionnelles derrière ceux d'Orange et de SFR » affirme Nicolas Aubé, Celeste propose des offres dites de "fibre dédiée" (un câble est directement tiré de son réseau chez le client, ce qui permet un service et des performances optimales) aux entreprises. L'opérateur cible principalement les entreprises d'une certaine taille, « au-delà de dix personnes », souligne l'entrepreneur. Ses offres sont commercialisées à partir de 400 euros par mois, poursuit Nicolas Aubé. Un prix que le chef de file de Celeste juge abordable étant donné le service proposé. Mais qui, forcément, exclue l'essentiel des plus petites entreprises. Lesquelles n'ont souvent pas les moyens de mettre autant d'argent dans un abonnement Internet, et ne figurent pas, logiquement, parmi ses cibles.

« Toutes les entreprises vont basculer à la fibre »

Aujourd'hui, Nicolas Aubé revendique 3.500 clients, dont quelques grands noms comme Leclerc, le Centre hospitalier de Versailles, ou encore les ministères de la Justice et des Finances. « On est rentable depuis 2004, souligne le patron. L'an dernier, on a réalisé un chiffre d'affaires de 18,5 millions d'euros - contre 16,5 millions l'exercice précédent - pour un résultat net d'un peu plus de 2 millions d'euros. » Surtout, Nicolas Aubé estime qu'il a aujourd'hui une jolie carte à jouer. Pourquoi ? Parce que, selon lui, beaucoup d'entreprises vont bientôt troquer leurs connexions SDSL, sur le vieux réseau cuivré, contre des abonnements à la fibre. « La consommation de données de nos clients augmente de 50% par an en moyenne », constate le président de Celeste.

« On arrive aux limites de la capacité du réseau cuivré. Je pense donc que dans les cinq prochaines années, toutes les entreprises vont basculer à la fibre. »

Son objectif ? Titiller les 100 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici 2023, pour un portefeuille avoisinant les 17.500 abonnés. Pour y arriver, Celeste compte mettre les bouchées doubles dans son développement commercial, le marketing et la communication. « Jusqu'à présent, c'est essentiellement le bouche à oreille qui nous a permis d'engranger de nouveaux clients », explique Nicolas Aubé. Mais pour franchir un cap, il compte doubler son nombre de commerciaux (dix collaborateurs sur les 100 que compte le groupe aujourd'hui), tout en misant sur la publicité pour doper sa notoriété.

La politique « contre-productive » de l'Arcep

Si Nicolas Aubé se montre confiant dans son modèle économique, il est en revanche très critique envers la politique de l'Arcep, le régulateur des télécoms, concernant le marché des entreprises. Concrètement, l'institution veut faire de la fibre à destination des professionnels (en particulier les TPE et les PME) un marché de masse. Son idée : profiter du large déploiement du FTTH ("Fibre To The Home", pour fibre jusqu'au logement) en cours dans tout l'Hexagone pour démocratiser des abonnements bon marché auprès des entreprises. Mais pour Nicolas Aubé, l'Arcep fait fausse route. À ses yeux, ce FTTH (ou fibre dite "mutualisée", beaucoup moins chère que la fibre dédiée), ne convient pas à de nombreux usages professionnels. Parmi ses reproches : le débit, moins bon car partagé entre plusieurs clients, ou encore le temps de rétablissement de la ligne en cas de panne, qui est bien plus long.

« En outre, je ne suis pas d'accord lorsque l'Arcep explique que c'est le réseau de fibre mutualisé qui va devenir le réseau de référence, ajoute Nicolas Aubé. Parce que le réseau mutualisé est aujourd'hui beaucoup moins déployé que le réseau dédié. Des réseaux dédiés comme le nôtre, il y en a d'autres, et ils couvrent la majeure partie des entreprises en France... »

In fine, le chef de file de Celeste estime que le discours de l'Arcep est « contre-productif »« La vraie info, c'est que 80% des entreprises peuvent dès maintenant avoir la fibre, et que ce n'est pas cher », estime-t-il, en défendant logiquement son segment de marché.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 10/07/2018 à 13:14
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Il est évident que la mutualisation des réseaux Ftth résidentiels pour les entreprises, comme se fut le cas pour le cuivre, est une bonne chose. Celeste ne le voit pas d'un bon oeil car il propose des fibres à 400€ par mois quand la fibre va passer ...

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