Retrait de la Bourse, deal d'envergure en Pologne : les grandes manoeuvres d'Iliad (Free)

Propriétaire et fondateur du « trublion des télécoms », Xavier Niel a annoncé, ce vendredi, le lancement d’une opération de rachat d’actions. Son objectif : renforcer son contrôle sur Iliad et retirer le titre de la cote. En parallèle, le groupe de télécoms, qui publiait ses résultats semestriels, a proposé une offre pour racheter le spécialiste de l'Internet fixe UPC en Pologne.
Pierre Manière
Xavier Niel, le propriétaire et fondateur d'Iliad (Free).
Xavier Niel, le propriétaire et fondateur d'Iliad (Free). (Crédits : Charles Platiau)

C'est l'heure des grandes manœuvres chez Iliad, maison-mère de Free. Ce vendredi, Xavier Niel, son propriétaire et fondateur, a annoncé dans un communiqué le lancement d'une offre publique d'achat d'actions. Son objectif : retirer le titre de la cote. Son offre, au prix de 182 euros par action, représente une prime de 61% par rapport au cours de clôture de la veille. Elle est initiée par HoldCo II, une société contrôlée par Xavier Niel, et déjà propriétaire de 70,6% du capital et de 78,7% des droits de vote du groupe. Le conseil d'administration d'Iliad, qui s'est réuni ce jeudi, « a accueilli favorablement l'offre », précise le groupe dans un communiqué.

La missive précise que Xavier Niel, les managers et actionnaires historiques se sont engagés à apporter leurs titres à l'offre. Tous détiennent directement et indirectement 74,9% du capital et 83,6% des droits de vote. « A l'issue de l'offre, si le nombre d'actions non présentées à l'offre ne représente pas plus de 10 % du capital et des droits de vote d'iliad, HoldCo II demandera à l'Autorité des marchés financiers (AMF) la mise en œuvre d'une procédure de retrait obligatoire », précise le groupe. L'opération, qui nécessite un feu vert de l'AMF, devrait être lancée le 8 septembre. Le titre Iliad flambait ce matin, à la Bourse de Paris. A l'ouverture des marchés, il progressait de 68%, à 182 euros.

« Indépendance stratégique »

Aux yeux de Xavier Niel, cette opération s'avère nécessaire pour mener à bien « la nouvelle phase de développement d'Iliad ». Celle-ci « exige des transformations rapides et des investissements significatifs qui seront plus aisément menés à bien en tant que société non cotée », précise-t-il dans son communiqué. Thomas Reynaud, le DG du groupe, y voit « une démarche de croissance et de confiance ». « Cette opération sécurise l'indépendance stratégique d'Iliad et la poursuite sereine de notre plan de développement reposant sur des investissements importants dans la 5G et la fibre », juge-t-il.

De manière générale, les valeurs liées aux télécoms n'ont guère, et depuis longtemps, les faveurs des marchés. C'est vrai en France, et plus généralement en Europe. Le titre Iliad ne fait pas exception. Depuis le début du mois de décembre, le titre n'a cessé de chuter, passant de 180 euros à 113 euros ce jeudi. Plusieurs éléments chagrinent les investisseurs. En premier lieu, les opérateurs télécoms n'ont jamais autant investi dans leurs infrastructures. Aujourd'hui, Iliad doit, tout comme ses rivaux Orange, SFR et Bouygues Telecom, dépenser des milliards d'euros pour déployer la fibre, la 4G et depuis peu la nouvelle 5G. En parallèle, la forte concurrence maintient les prix à des niveaux bas dans l'Hexagone. Ce qui rogne les marges.

Niel dans le sillage de Drahi

C'est dans ce même contexte de frilosité des marchés que Patrick Drahi a décidé, en janvier dernier, de retirer Altice Europe de la cote. Il n'a pas hésité à débourser plus de 3 milliards d'euros pour mettre la main sur 92% du capital de la maison-mère de SFR, alors qu'il en possédait 78% auparavant. Patrick Drahi n'avait pas, c'est peu dire, que de bons souvenir avec la Bourse. En 2017, il a essuyé une tempête boursière liée aux errements stratégiques de SFR, qui avaient débouché sur une fuite massive des abonnés.

En parallèle de cette opération de rachat d'actions, Iliad a levé le voile sur ses résultats au titre du premier trimestre. Le chiffre d'affaires ressort à 3,7 milliards d'euros, en augmentation de 33,7% du fait de la consolidation de l'opérateur mobile Play en Pologne. « Retraité de la consolidation de Play, le chiffre d'affaires du groupe voit sa croissance au deuxième trimestre s'améliorer légèrement par rapport au 1er trimestre à 4,9% », précise Iliad. Son résultat net ressort à 239 millions d'euros, en augmentation de 14,6% par rapport à la même période l'an dernier.

Conquête d'abonnés fibre

Dans l'Hexagone, le premier marché d'Iliad, Free profite de l'appétence des Français pour la fibre. Au deuxième trimestre, Free a gagné 247.000 abonnés fibre, portant son parc total de clients Internet fixe à 6,8 millions. En revanche, l'opérateur voit sa base d'abonnés mobile s'effriter. Celle-ci a diminué de 36.000 clients, à 13,34 millions. « Cette baisse est essentiellement imputable à l'intensification des promotions par certains concurrents sur les forfaits d'entrée de gamme, impactant la base d'abonnés au forfait 2 euros », explique le groupe.

En Italie, Iliad Italia, qui n'est pour l'heure présent que sur le mobile, a gagné 280.000 clients, portant son parc total à 7,8 millions. Iliad continue de déployer son réseau. « Les investissements se sont ainsi élevés à 201 millions d'euros, réduisant les pertes de cash-flow opérationnel de 112 millions d'euros », précise l'opérateur. En Pologne, Play gagne également des fidèles. Son nombre d'abonnés a progressé de 181.000 au deuxième trimestre, à 12,5 millions.

Iliad fait une offre pour UPC en Pologne

Surtout, Iliad précise ses ambitions dans l'Internet fixe dans ce pays. Dans son communiqué, l'opérateur affirme son intérêt pour l'opérateur UPC Poland, propriété du géant des télécoms Liberty Global. Iliad a fait une offre à ce dernier pour acquérir 100% du capital d'UPC. « Cette offre ferait ressortir une valeur d'entreprise de 7.300 millions de zlotys (1,6 milliard d'euros, Ndlr) sur la base d'un Ebitda 2021 estimé à 782 millions de zlotys (171 millions d'euros) », indique le groupe de Xavier Niel. Selon l'opérateur, « des discussions sont en cours », mais rien ne dit, à ce stade, qu'elles aboutiront favorablement.

Pierre Manière

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Commentaires 5
à écrit le 01/08/2021 à 0:50
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on aimerait avoir des explications détaillées sur les raisons profondes de ces changements dans le monde des affaires... (au-delà de la communication officielle des entreprises, qui évidemment reste lisse)

à écrit le 31/07/2021 à 2:30
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Comme Drahi les mauvais gestionnaires sortent de la bourse pour mieux dissimuler la dette... détenue par les banques donc les épargnants. La démocrassie (cf. banksters) économique est en marche!

le 31/07/2021 à 12:15
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Donc ce sont les épargnants qui possèdent les banques ?

le 02/08/2021 à 0:22
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@LEONCE Non, les banques prêtent vos dépôts donc vous possédez indirectement des créances d'entreprises possiblement toxiques d'où le prétendu sauvetage de l'épargne des français par les impôts des français (cf. dette publique) grâce à Nicolas ...

à écrit le 30/07/2021 à 11:16
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Les investisseurs seraient des gens éclairés cela seraitr mauvais signe concernant free mais comme les actionnaires milliardaires sont éteints pour la plupart en effet cela lui permettra une bien plus grande marge de manoeuvre tout en s'économisant d...

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