La rémunération des patrons s'invite dans la bataille présidentielle

Les émoluments des dirigeants sont au coeur de la campagne électorale. Nicolas Sarkozy veut soumettre leurs rémunérations au vote des actionnaires. Une promesse qui ne serait pas pour déplaire aux intéressés.
« Les rémunérations des plus hauts dirigeants devront être votées non pas par le conseil d'administration, où en général il y a beaucoup d'amis, mais par l'assemblée générale des actionnaires », a déclaré le président candidat, mercredi. Copyright Reuters
« Les rémunérations des plus hauts dirigeants devront être votées non pas par le conseil d'administration, où en général il y a beaucoup d'amis, mais par l'assemblée générale des actionnaires », a déclaré le président candidat, mercredi. Copyright Reuters (Crédits : (c) Reuters)

Les rémunérations des grands patrons sont devenues thème de campagne... y compris pour les candidats de la droite. Décidé à modifier son image auprès des électeurs, le candidat Nicolas Sarkozy a en effet proposé mercredi soir d'encadrer par la loi les rémunérations des hauts dirigeants d'entreprise. Exit les "retraites-chapeau", ces retraites « sur-complémentaires » financées par l'entreprise, et les "parachutes dorés", ces coquettes sommes négociées à l'entrée pour être versées au moment du départ du dirigeant... Le président veut les interdire.

Certaines de ces propositions en matière de gouvernance d'entreprise ne seront pas pour déplaire aux actionnaires individuels. « Dorénavant, les rémunérations des plus hauts dirigeants devront être votées non pas par le conseil d'administration, où en général il y a beaucoup d'amis, mais par l'assemblée générale des actionnaires », a déclaré le président de la République sur France 2.

Des rémunérations en hausse de 34% en 2011

Voilà des années maintenant de Pierre-Henri Leroy, le président de Proxinvest, appelle de ses v?ux un vote des actionnaires sur les rémunérations des dirigeants. Des années qu'il liste les montants versés, l'évolution du fixe, du variable, et qu'il tente de comparer ces montants au SMIC. Les émoluments des patrons en 2011 ont ainsi bondi de 34% par rapport à l'année précédente, jusqu'à 4,11 millions d'euros en moyenne.

« Le président est toujours le bienvenu même quand il est en retard. En tant qu'actionnaire de Renault, en tant qu'actionnaire et garant des banques, on aurait aimé qu'il exerce son droit de contrôle. Aujourd'hui, nous avons l'impression d'un rattrapage démagogique », critique le président de Proxinvest. Mais pour ce dernier, « les rémunérations ne sont qu'un symptôme. Des réformes doivent être entreprises en amont, notamment s'agissant de la structure du système bancaire ».

La menace de légiférer sur les rémunérations des patrons avait déjà été agitée ces dernières années (et notamment à l'été 2009), y compris lors de la première campagne de Nicolas Sarkozy -il était alors question d'interdire les parachutes dorés pour les patrons ayant échoué à la tête de leur entreprise. Mais jusqu'à présent, c'est l'autorégulation qui a été privilégiée, au travers de codes de bonne conduite Afep-Medef.

Des pratiques destinées à se couvrir lorsque les choses vont mal

« Les retraites-chapeau comme les parachutes dorés sont encore pratique courante, en l'absence de régulation », souligne Florence Magne, associée chez CTPartners, cabinet de conseil en recherche de dirigeants et d'administrateurs. « Nous manquons de transparence sur ces pratiques au nom fort poétique qui sont uniquement destinées à se couvrir lorsque les choses vont mal ». Pour cette experte, les grandes entreprises françaises feraient bien de prendre exemple sur « certains fonds d'investissement qui encouragent les dirigeants à s'investir dans le long terme, via des rémunérations liées à la création de valeur ».

« Les conseils d'administration sont co-optés. Autrement dit, leurs membres sont choisis et peuvent manquer d'objectivité s'agissant des rémunérations », poursuit Florence Magne. Mais l'associée s'interroge toutefois sur un point. « Qui va entamer le mouvement de régulation ? Nos dirigeants doivent rester compétitifs. De fait, ce débat ne doit pas rester local, mais se faire à l'échelon européen et mondial ».

Donner du pouvoir aux actionnaires

Aujourd'hui, la promesse d'une loi est renouvelée et élargie. Ce ne sera probablement pas pour déplaire aux actionnaires individuels du CAC 40. La dernière enquête menée par Capitalcom sur leurs attentes à la veille des assemblées générales a en effet montré qu'ils restaient focalisés, certes sur le niveau des dividendes versés, mais aussi sur les rémunérations des dirigeants. Et si certains se disent prêts à renoncer à leur dividende en ces temps de crise, alors l'effort devra être partagé. Surtout, les actionnaires interrogés se sont très massivement prononcés en faveur du principe d'un vote consultatif sur les rémunérations. Celui-ci - le « Say on Pay » - existe déjà dans de nombreux pays parmi lesquels les Pays-Bas, l'Allemagne ou encore la Belgique.

Reste à savoir à quel type de vote le président Sarkozy fait référence. Sa rhétorique laisse entrevoir un vote ferme et non pas seulement consultatif. D'autres questions se poseront ensuite comme les seuils retenus pour valider une rémunération.

La Grande Bretagne à l'initiative

En Grande Bretagne, le gouvernement Cameron, en croisade contre les bonus absurdes, a devancé Nicolas Sarkozy de plusieurs semaines. Londres a, en effet, proposé fin janvier de soumettre les rétributions futures des patrons au vote des actionnaires, jusqu'alors cantonnés à un avis consultatif. Plus restrictif encore, la rémunération devra avoir obtenu 75% des suffrages. En cas de contre performance de l'entreprise, une partie des sommes versées pourrait être réclamée. En revanche, l'idée d'ouvrir le comité des rémunérations à un représentant des salariés - avancée par Nicolas Sarkozy - n'a pas été retenue outre-Manche. Il ne s'agit toutefois que des premières propositions, les mesures définitives ont été promises pour le mois de juin. Le débat promet donc d'être nourri, et pas seulement de ce côté-ci de la Manche.

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Commentaires 18
à écrit le 07/03/2012 à 16:09
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c'est pas aux actionnaires de décider mais aux salaries!! un salarié = une voie.. vous verriez comment ces parasites d'actionnaires court termes et ces administrateurs calamiteux seraient calmé et les salaires des plus bas de nouveau augmenté.. ah, m...

à écrit le 26/02/2012 à 10:15
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Moi je dénonce, le manque de participation à l?effort collective des pauvres, chômeurs, assistés, bons à rien, cas sociaux, parasites, déchet de la société... Il faut les forcer à travailler et à payer l'impôt dans quelque condition que ce soit!

à écrit le 26/02/2012 à 10:12
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Quand il y en aura plus de "grand Patrons" en France, ils seront bien avancés. Et ces moutons de Français jaloux de la réussite des autres seront déja dans la pauvreté.

à écrit le 26/02/2012 à 8:11
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Cela sera vite oublié après l'élection . De plus même si une loi est votée gageons que nos chers avocats d'affaires et fiscalistes qui sont les complices oubliés des chefs d'entreprise inventeront vite fait des nouveaux outils pour contourner ces ...

à écrit le 24/02/2012 à 15:48
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Le seul Kärcher que Sako ait passé quelque part, c'est dans les poches des pauvres et des classes moyennes qu'il l'a fait.

à écrit le 24/02/2012 à 13:26
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ce thème est récurrent, il revient à chaque élection au même titre que les stocks options et les retraites chapeau. sarkosy avait juré mordicus qu'il s'attaquerait à ce problème en 2007, il revient à présent sur le sujet et promet une nouvelle fois q...

à écrit le 24/02/2012 à 7:09
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ça ne concerne que quelques entreprises en France. En plus le conseil d'administration est normalement désigné par les actionnaires , donc ça ne changera rien au fond de l'histoire

à écrit le 24/02/2012 à 6:52
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La magie de la France c'est qu'on critique le salaire des grands patrons et qu'on ensence des joueurs de foot qui gagne autant qu'eux ! Pourtant lesquels créent le plus d'emplois ?

le 24/02/2012 à 15:54
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Le grand patron ne créer pas d'emploi. Il arrive dans une boite qui existe, se goinfre le plus possible, rate tout, touche un très gros chèque et elle ferme.

le 24/02/2012 à 16:20
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Et il recommence ailleurs.

à écrit le 24/02/2012 à 6:43
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il propose ce qu'il avait proposé en 2007 ; donc soit il pense les français amnesiques , soit il nous prend pour des gros blaireaux ou des débiles mentaux ; le mieux c'est de le dégager pour ne plus l'obliger à se répéter sans jamais agir

le 25/02/2012 à 8:39
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les médias empêchent les français d'être amnésiques. Ces retours en arrière sont d'ailleurs assez savoureux, car on a l'impression d'entendre 5 ans après le même discours, c'est presque du mot pour mot. Reste donc la 2ème option: ce président nous pr...

à écrit le 23/02/2012 à 19:18
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Certainement pas :plutot la taxation des mirobolents revenus .Qu'on arrete de nous dire qu'ils réinvestissent leur argent !Cela ne doit pas etre dans l'industrie française avec tous nos chomeurs .

à écrit le 23/02/2012 à 17:41
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les blas blas de Sarkozy ne trompent que les benets et les pouffs. Le karcher sera passé avec énergie dans l'isoloir y comprit dans les urnes des Législatives, car il ne faut pas oublier que les Parlementaires ont une lourde reponsabilité, une puante...

à écrit le 23/02/2012 à 17:33
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l'idee n'est pas mauvaise, et change du populisme sterile genre ' on va imposer un plafonnement des remunerations'........... bon ce qui est pitoyable, c'est que les bonnes idees arrivent tjs... avant une election

à écrit le 23/02/2012 à 16:56
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J'ai une poignée d'actions mais franchement est-ce un sujet de campagne PRESIDENCIELLE?Il n'y a plus d'élections législatives?

le 23/02/2012 à 19:45
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lire SVP "présidentielle"

le 24/02/2012 à 10:47
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t'as du penser inconsciemment"pestilencielle",c'est normal

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