Un incubateur de startups Fintech à La Défense pour rivaliser avec Londres

Une trentaine de jeunes pousses de la finance et l’assurance seront hébergées au Swave, à la Grande Arche dans cette structure animée par l’agence de développement économique Paris&Co et financée par des partenaires, en premier lieu la Société Générale.
Delphine Cuny
Les partenaires de l'incubateur le Swave de Paris&Co à La Défense.

A l'heure du Brexit, le quartier de La Défense se rêve en capitale de la Fintech, ces startups qui réinventent la finance par la technologie. L'agence de développement économique Paris&Co a lancé ce vendredi l'appel à candidatures de son nouvel incubateur consacré à la Fintech et l'Insurtech (assurance), le Swave, qui ouvrira ses portes en décembre à la Grande Arche. Une trentaine de startups seront hébergées dans ce lieu de 2.500 m2 qui occupera deux étages pleins. Ce sont les services de l'Etat, plus particulièrement ceux du préfet des Hauts-de-Seine, qui sont à l'origine de l'initiative, destinée à faire de « La Défense une alternative crédible, en termes d'attractivité et d'écosystème, aux meilleurs incubateurs européens. » Ils ont convaincu la Société Générale, dont le siège est à quelques mètres de la Grande Arche, de devenir le premier partenaire.

D'autres acteurs, le gérant d'actifs New Alpha AM (filiale de La Française), le Crédit Municipal de Paris et le cabinet Exton Consulting, se sont associés au projet qui a vocation à s'ouvrir à d'autres. Parmi les pressentis : l'opérateur de marchés Euronext, l'assureur Axa, l'université Dauphine ou l'Inria. L'institut Louis Bachelier est un partenaire côté recherche, l'association professionnelle France Fintech, l'organisation de lobbying de la place Paris Europlace, l'initiative Finance for Tomorrow et le pôle de compétitivité Finance Innovation sont aussi partenaires.

« La Défense est le centre historique de la banque et la finance, nous voulons lui donner la capacité de devenir le centre international de la finance de demain, et ainsi stimuler l'attractivité du territoire et la création d'emplois », a déclaré la sous-préfète des Hauts-de-Seine, Isabelle Herrero, lors de la présentation à la presse vendredi.

Pas un incubateur de la Soc Gen

Un proche du dossier explique que le projet est né d'une volonté de rendre plus utile la convention de revitalisation économique signée par la Société Générale à la suite de plusieurs plans de sauvegarde de l'emploi. « C'est un projet co-construit par l'Etat, la préfecture des Hauts de Seine et la Société Générale », confirme une autre source. L'investissement pour la banque serait de 1 à 2 millions d'euros.

 « Ce n'est pas un incubateur propriétaire » a insisté Didier Valet, le directeur général délégué de la Société Générale, lors de la conférence de présentation vendredi.

La banque de La Défense a ouvert un espace d'open innovation, Le Plateau, où elle héberge des startups (surtout internes) au sein de son technopôle Les Dunes, à Val-de-Fontenay. La BNP a ouvert deux lieux d'accélération WAI, à Paris centre et à Massy-Saclay, et va ouvrir à Station F un accélérateur Fintech et Insurtech avec le spécialiste californien Plug and Play. Le Crédit Agricole a ouvert une demi-douzaine de pépinières de startups "Le Village by CA", où se trouvent des Fintech mais pas que.

Lire aussi : C'est quoi une Fintech ?

Les autres partenaires du Swave paient un ticket de 50.000 euros. Ils devraient être une douzaine. L'incubateur aura un budget de fonctionnement annuel (avec son équipe de quatre personnes et un loyer à prix cassé accordé par le propriétaire Axa) de l'ordre d'un million d'euros et devra s'autofinancer d'ici deux ans par des ressources majoritairement privées, les contributions des grands groupes et les loyers, modérés, des jeunes entreprises incubées.

Néobanque, IA, Blockchain et finance verte

Le Swave accueillera des Fintech spécialisées dans quatre domaines : la "néo-finance" (les nouveaux modèles et nouveaux usages dans la banque et l'assurance, les paiements, le transfert d'argent, le crédit, etc), la cybersécurité (lutte contre le piratage de données, l'identification des clients, le cryptage des données, les crypto-monnaies et les applications de la technologie Blockchain), l'intelligence artificielle et le machine learning (big data, internet des objets, robot-conseiller) et la finance de demain, aussi bien la finance verte et durable que solidaire (inclusion financière).

Le recrutement sera ouvert à des jeunes entreprises internationales, notamment européennes, plutôt en amorçage mais aussi un peu plus matures. L'idée est bien sûr de profiter du Brexit pour attirer des talents qui avaient plutôt tendance à se tourner vers la capitale du Royaume-Uni, l'un des principaux hubs mondiaux de la Fintech avec Singapour. Les promoteurs du Swave soulignent que:

« l'innovation dans les services financiers reste plus limitée en France qu'au Royaume-Uni. Cela explique que de nombreuses Fintech se soient expatriées à Londres, notamment, pour bénéficier d'un écosystème plus favorable à l'innovation.  »

Un candidat est déjà sur les rangs, Benoît Guilleminot, docteur en mathématiques financières et fondateur de la startup Smile Investment Solutions, du conseil en investissement automatisé. Il a confié son souhait de bénéficier « de superbes locaux, de l'accompagnement qui fait gagner du temps » sans cacher « un intérêt business évident de travailler avec d'autres startups incubées et de nouer des collaborations avec de grands groupes. »

Delphine Cuny

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