Construction en bois : comment la France veut rattraper son retard en 2030

Le retard accumulé par la France en matière de construction en bois par rapport à ses voisins européens, laisse entrevoir de larges perspectives de rattrapage pour la filière. Conséquence, les PME indépendantes se concentrent, comme récemment OBM et Poulingue dans le Loiret, afin de mieux appréhender le marché face aux géants du BTP. Explications.
OBM Construction, qui œuvre à 90% pour les marchés publics, a à son actif la construction ou la rénovation en bois de plusieurs établissements scolaires (ici le collège Marthe Gautier à Charny en Seine et Marne) et livrera en 2025 le collège de Vénissieux dans le Rhône, ainsi que l’extension du lycée de Châlette sur Loing dans le Loiret.
OBM Construction, qui œuvre à 90% pour les marchés publics, a à son actif la construction ou la rénovation en bois de plusieurs établissements scolaires (ici le collège Marthe Gautier à Charny en Seine et Marne) et livrera en 2025 le collège de Vénissieux dans le Rhône, ainsi que l’extension du lycée de Châlette sur Loing dans le Loiret. (Crédits : ( © OBM))

La société de construction en bois Omnium Bâtiments Modulaires (OBM), située à Chevilly en première couronne orléanaise (Loiret), vient de reprendre son homologue normande, l'entreprise Poulingue, en redressement judiciaire depuis décembre 2023. OBM, qui emploie 90 salariés et a réalisé 53 millions d'euros de chiffre d'affaires l'année dernière, passera ainsi le cap des 80 millions d'euros de recettes et portera son effectif de 150 collaborateurs.

En atteignant cette taille critique, OBM entre ainsi dans le Top 5 des constructeurs indépendants en bois, derrière le leader parisien Maître cube mais devant l'entreprise alsacienne Mathis. Si ces PME restent de taille marginale face aux majors du BTP, telles que Bouygues, Eiffage et Vinci, qui se sont diversifiés vers le bois, leur concentration témoignent d'un marché français de plus en plus mature et en voie d'expansion.

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Troisième massif forestier

Limitée à 10% en moyenne en 2023 dans l'Hexagone, la part du matériau bois dans la construction varie selon ses différents marchés. Ainsi, elle oscille de 6% dans les logements collectifs à 15% au sein des nouveaux bâtiments administratifs, notamment les établissements scolaires. Ces pourcentages, même pris séparément, reste en deçà de l'Allemagne et  de l'Italie, de l'ordre de 17%, sans parler des pays scandinaves où l'habitat en bois est culturel.

« Alors que la France possède le troisième massif forestier européen, elle est nettement en retard sur ce plan, explique Paul Jarquin, président de Fibois France, organisme fédérant la filière. Cela tient essentiellement à son histoire, largement tournée vers le béton, au coût du bois, légèrement plus onéreux, enfin à la législation anti-incendie. Pour autant, ce statuquo est en est train de changer, notamment grâce à l'évolution favorable des textes réglementaires ».

Lever les freins

Matériau naturel et renouvelable, le bois possède une autre vertu majeure. En tant que puits de carbone, il stocke le gaz à effet de serre, évitant ainsi qu'il ne se répande dans l'atmosphère. Aussi durable dans le temps que la pierre s'il est correctement entretenu, comment en attestent des constructions datant de plusieurs siècles, le bois apparent dans les bâtiments diminuerait également le stress des habitants et des salariés, selon une étude japonaise datant de 2023. Dans ce contexte a priori favorable, le bois est par ailleurs en train de lever plusieurs freins expliquant son utilisation jusqu'à présent réduite dans la construction en France.

« La réglementation environnementale 2020, qui prescrit l'utilisation d'un pourcentage minimum de bois dans la construction neuve, sera encore renforcée sur la période 2028-2030 afin de contribuer aux objectifs de réduction de l'émission de CO2 en France », se félicite Tristan Lheure, Pdg d'OBM construction. « La réglementation concernant construction en bois, basée sur la doctrine anti-incendie des pompiers de Paris, devrait aussi évoluer positivement, assure de son côté Paul Jarquin. Depuis début 2024, Fibois mène ainsi des travaux de concert avec le Ministère de l'intérieur et la Direction générale de la prévention des risques dépendant du Ministère de l'écologie, pour ouvrir de nouveaux champs au bois ».

Outre les règlements, l'aspect financier est également déterminant pour le développement de la construction en bois. Via le plan de relance France 2030, l'Etat subventionnera ainsi à hauteur de 200 millions d'euros des projets industriels publics et privés d'un montant total d'1,3 milliard d'euros. Un accélérateur en faveur du bois que le représentant de la filière espère voir pérennisé dans la durée et non ponctuel, à l'instar de l'Allemagne et de l'Italie qui investissent en continu dans le domaine. Objectif, un retour de la France dans la moyenne européenne d'ici six ans.

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Commentaires 2
à écrit le 03/05/2024 à 6:45
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Bonjour, bon avant toute chose , nous ne somme pas au canada , et avant de vouloir faire du tout bois , ils me semblent important de revenir a des fondamentaux acceptable, deja si les charpente des maisons etait en bois et de conception traditionne...

à écrit le 02/05/2024 à 13:16
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la merule se frotte les mains!!! vu ce que ca coute les gens vont entretenir ca encore moins que quand c'est de la pierre, et quand ton voisin aura une merule, tu l'auras aussi, sans rien pouvoir faire!

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