Cancer : la Chine et les Etats-Unis en course pour soigner en manipulant le génome humain

La Chine va utiliser la technique du CRISPR sur des patients atteints d'un cancer du poumon. Des chercheurs américains espèrent obtenir l'autorisation d'utiliser cette technique avant 2017 pour des personnes atteintes de mélanome, de sarcome ou de myélome, trois types de cancers.
Jean-Yves Paillé
A Washington en décembre, lors d'un meeting organisé par l'Académie nationale des sciences, un groupe international de scientifiques avait appelé à un moratoire sur l'édition du génome.

La Chine pousse pour rester à la pointe dans la manipulation du génome. Le pays avait expérimenté cette technique de correction d'ADN à Canton, sur des embryons humains, à deux reprises en 2015, rapportait le magazine scientifique Nature. Une première mondiale. En août, une équipe dirigée par l'oncologiste Lu You, de l'université de médecine de Chengdu dans la province du Sichuan a annoncé qu'elle allait prochainement utiliser la technique du CRISPR pour des patients atteint d'un cancer du poumon et pour lesquels, la chimiothérapie, la radiothérapie a échoué. Cette  méthode consiste à couper une partie de l'ADN et remplacer le ou les gènes qui font défaut par un autre gène, ou à les modifier.

En clair, l'équipe hinoise cva tenter d'éliminer l'action néfaste d'une protéine, la PD-1, en modifiant le gène lié à celle-ci. En bloquant les effets de cette protéine, cela permettrait de stimuler le système immunitaire, notamment les cellules T, appelées également lymphocytes T, pour lutter contre la tumeur. Les cellules dotées du gène modifié seront multipliées en laboratoire et injectés dans le système sanguin du patient, explique Nature. La biotech Chengdu MedGenCell sera chargée de vérifier si les bons gènes ont été éliminés avant que les cellules soient réinjectées, poursuit la revue scientifique.

Car en cas d'erreur, cela pourrait entraîner une réponse auto-immune excessive. Les cellules réinjectées pourraient créer des problèmes au niveau des intestins ou des glandes surrénales.

Les Etats-Unis également dans la course

L'autre pays en pointe dans l'édition du génome humain est les Etats-Unis. Un panel consultatif du National Institute of Health s'est prononcé en faveur de l'utilisation de la technologie du CRISPR. Des chercheurs de l'Université de Pennsylvanie comptent utiliser cette technique sur les personnes atteintes de mélanome, sarcome ou myélome, trois types de cancers

L'objectif est, à l'instar de la Chine, d'"améliorer l'efficacité des cellules T avec la technique du CRISPR", explique le docteur Carl June, chef du projet, et pionnier dans l'utilisation de ces cellules T contre le cancer. L'équipe devra toutefois obtenir l'aval des centres médicaux dans lesquels ils comptent réaliser les essais, et également de la FDA, l'agence des médicaments américaine. Ils espèrent au mieux pouvoir démarrer ces essais à la fin de l'année.

Ils doivent également faire face à l'opposition d'une partie du monde scientifique, qui craint que vitesse soit confondue avec précipitation. A Washington en décembre, lors d'un meeting organisé par l'Académie nationale des sciences, un groupe international de scientifiques avait appelé à un moratoire sur le sujet. Ils estiment qu'il serait "irresponsable de procéder" avant que les risques d'une telle méthode soient mieux évalués et avant qu'"il y ait un consensus social sur l'opportunité de l'édition du génome".

 Plus d'un milliard de dollars de capital-risque investis en deux ans

Difficile de prédire la taille du marché que représente la technique du CRISPR, en raison des incertitudes concernant la mise en place d'autorisations élargies d'utilisation sur l'homme dans les années à venir. Mais les investissements dédiés aux entreprises spécialisées dans l'édition du génome montre les espoirs thérapeutiques suscités par cette méthode. Ces sociétés ont attiré plus d'un milliard de dollars de capital-risque depuis 2013, rapporte le BCG en décembre 2015. Le marché de l'édition du génome pourrait atteindre 3,5 milliards de dollars en 2019, sans compter l'utilisation thérapeutique sur un être humain, d'après le cabinet MarketsandMarkets.

Jean-Yves Paillé

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