Demain jeudi, avant l'ouverture du marché, Suez va publier ses résultats annuels. Il ne devrait pas y avoir de surprise exceptionnelle. La Deutsche Bank anticipe une progression de 6,2% de l'Ebitda à 6,6 milliards d'euros, tandis que l'Ebit augmenterait de 8,8% à 3,96 milliards d'euros. Grâce à diverses cessions d'actifs, le résultat net ressortirait à 2,4 milliards d'euros. Au niveau du bilan, le rachat des minoritaires d'Electrabel devrait avoir augmenté l'endettement net qui atteindrait 15,1 milliards d'euros.
Ces résultats seront-ils suffisants pour que l'Italien Enel se lance dans la bataille et propose un prix supérieur à la valorisation retenue par Gaz de France? En tout cas, si Enel souhaite manifester ses intentions sur Suez, il doit le faire vite et profiter de son nouveau statut de société politiquement correcte à Bruxelles.
Le fait est que les rumeurs sur une initiative prochaine du groupe italien s'amplifient. Son conseil d'administration se réunit ce mercredi, et pourrait plancher sur un projet d'OPA sur Suez. La presse italienne bruisse d'informations sur les soutiens bancaires rassemblés par Enel pour lancer une offre qui pourrait se monter à 50 milliards d'euros...
Et dans l'immédiat, Enel ne reste pas inactif. La semaine dernière, le groupe a annoncé un protocole d'accord pour racheter 49,5% du producteur d'électricité russe indépendant RusEnergoSbyt pour 105 millions de dollars. L'année dernière, RusEnergoSbyt a dégagé un Ebitda de 11 millions d'euros sur un chiffre d'affaires de 285 millions d'euros. En appliquant à Suez les multiples retenus pour RusEnergoSbyt, on obtiendrait un prix forcément plus élevé.
Cependant, les sociétés ne se ressemblent pas. RusEnergoSbyt est une start-up qui pense doubler ses ventes d'énergie cette année, tandis que Suez est une société mature qui doit encore convaincre que son projet de fusion avec GDF a du sens.
Jusqu'à présent, les envolées lyriques du patriotisme économique n'ont pas satisfait les marchés. Ils jugent que le deal est plus favorable aux actionnaires de GDF qu'à ceux de Suez. Peut-être faudrait-il adoucir la proposition de fusion par un relèvement du dividende exceptionnel pour satisfaire les intérêts de ces derniers. On en saura peut-être plus demain.
En attendant, les marchés jouent toujours la surenchère. Ce mercredi, le titre Suez continue sa progression des jours précédents et gagne 3,24%, à 34,07 euros, en fin d'après-midi.
Effervescence autour de Suez à la veille de ses résultats
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