Les syndicats craignent 20.000 suppressions d'emplois chez Suez-GDF

D'après un rapport rendu public par les syndicats CGT, FO, CFE-CGC et CFTC, la fusion Suez-GDF devrait entraîner la réduction de 10% des effectifs cumulés des deux entreprises à l'horizon 2010. Suez s'inscrit en faux et assure, à l'inverse, que le nouveau groupe créera plus de 1.000 emplois nets par an, en France. GDF dément également.

Alors qu'on attend le 3 octobre le vote solennel de l'Assemblée au sujet de la privatisation de GDF, qui devrait permettre la fusion avec Suez, une crise sociale semble se profiler. En effet, d'après un rapport d'expertise du cabinet indépendant Alpha, rendu public par les syndicats CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, la fusion GDF-Suez pourrait entraîner une réduction de 10% des effectifs cumulés des deux groupes, à l'horizon 2010, soit 20.000 postes.

Le rapport s'appuie en effet sur des projections d'analystes financiers, et en particulier d'ING, pour expliquer une possible réduction d'effectif de 10%, destinée à réaliser des synergies. "ING pense que la fusion repose sur une forte logique industrielle et que les objectifs d'économies et de synergies suggérés par le management de Suez sont très conservatoires. L'opération pourrait être beaucoup plus profitable grâce à la mise en oeuvre des 'meilleures pratiques' et à la réduction de 10% des effectifs", peut-on lire dans le rapport du cabinet de conseil Alpha.

Contacté par latribune.fr, Suez s'inscrit en faux par rapport à ces déclarations et cette "étude indépendante". "L'engagement de Gérard Mestrallet, futur PDG du nouveau groupe, a été annoncé et écrit. Le groupe sera créateur d'emplois", déclare Antoine Lenoir, porte-parole de Suez. "En France, Suez crée 1.000 emplois nets (après embauches et départs naturels, NDLR) par an en moyenne. Cette dynamique continuera et sera même renforcée, car GDF a aussi une politique dynamique d'embauches", explique Antoine Lenoir, qui ajoute que Suez et GDF n'ont pas le même type d'activité, donc n'auront pas à gérer de doublons.

De son côté, Gaz de France s'insurge. Le groupe "conteste formellement l'ensemble des propos divulgués ce jour par certains syndicats dont le caractère fantaisiste a uniquement pour objectif de créer un sentiment de crainte autour du projet existant entre Gaz de France et Suez", explique le gazier par voie de communiqué. "Gaz de France rappelle qu'il a un projet de développement, un projet de croissance de ses investissements et que le projet de fusion avec Suez, projet sur une base équilibrée, sera créateur d'emplois", ajoute le groupe.

"Notre présentation a été faite à partir de l'analyse de Secafi Alpha (voir ci-contre). Cette étude cite le point de vue des analystes financiers, au sujet de la fusion. Elle cite notamment ING, pour qui pour arriver aux synergies annoncées, il faudrait réduire de 10% les effectifs", justifie Jean-Pierre Sotura, secrétaire général de l'UFICT (Union fédérale des ingénieurs, cadres, techniciens), interrogé par latribune.fr.

Mais, selon le syndicaliste, la présentation avait surtout pour but de présenter une liste de griefs contre la fusion. "Nous contestons le chiffre de 5% de volumes de gaz qui serait cédé", explique le secrétaire général, qui estime le chiffre réel entre 16 et 20%. En outre, il y aurait un risque de voir les considérations financières prendre le dessus par rapport aux impératifs de sécurisation de la livraison et du stockage du gaz, ajoute le syndicaliste.

De son côté, le ministre délégué à l'Industrie, François Loos, a démenti à l'Assemblée nationale la cession par GDF de 21% de ses contrats d'approvisionnement en cas de fusion avec Suez. "Je ne sais pas d'où vient ce chiffre ni comment il a été élaboré", a ajouté le ministre au cours de l'examen du projet de loi sur l'énergie prévoyant la privatisation de GDF.

Ces annonces faites par les syndicats interviennent alors que Suez et GDF ont remis leurs dossiers auprès de Bruxelles pour répondre aux exigences concurrentielles de la Commission européenne (voir ci-contre). Les solutions proposées par les deux groupes comprennent la cession de 25,5% détenue par GDF dans la société belge d'électricité SPE. Suez devra vendre 20 à 25% des contrats d'approvisionnement de Distrigaz, sa filiale de commercialisation détenue à 57,25%. La Commission devrait se prononcer le 8 novembre (et non le 17 comme prévu initalement) sur les mesures de désengagement proposées par les deux groupes.

La publication reflète en outre le fait que les syndicats - à l'expression de la CFDT - restent opposés au projet de fusion de Suez et GDF. Hier, les quatre fédérations CGT, CGC, FO et CFTC de l'énergie ont appelé à la grève le 3 octobre. Elles ont appelé "les électriciens et gaziers à se mobiliser de manière massive et unitaire pour faire front à la destruction du service public", selon un communiqué syndical.

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