Le patron de la Caisse des Dépôts réticent sur Natixis

Francis Mayer estime que, dans le projet de rapprochement entre les Caisses d'Épargne et les Banques Populaires, le pacte d'actionnaires qui lie la CDC à la Caisse nationale des Caisses d'Épargne n'a pas été respecté. Selon lui, ce projet, même s'il peut être intéressant, fait la part trop belle aux Banques Populaires.

Francis Mayer, directeur général de la CDC, estime, dans une interview publiée ce soir par Le Monde, que le projet de rapprochement entre les groupes Caisse d'Épargne et Banque Populaire "peut être intéressant s'il permet de faire émerger une banque d'investissement fiable et performante". Sur le projet en lui même, il déclare n'avoir aucun a priori. "Dès que ce projet a été rendu public, la Caisse des dépôts s'est dite prête à l'étudier mais dans la transparence et la confiance, sereinement et avec des délais suffisants", a-t-il tenu à rappeler. Il juge cependant que cela ne pourra pas être le cas étant donné le "calendrier déraisonnable" fixé par la CNCE, qui souhaite faire approuver son projet le 13 avril.

Il émet cependant des réserves, rappelant que dans les fusions, tout réside dans l'art de l'exécution, insistant sur le fait que le déséquilibre des actifs apportés pose un vrai problème. Un autre point de déséquilibre réside pour lui dans le fait que la présidence opérationnelle de Natixis serait confiée à l'actuel dirigeant des Banques Populaires, Philippe Dupont.

Les deux banques mutualistes ont annoncé le 12 mars dernier leur souhait de fusionner leurs banques d'investissement dans une nouvelle entité baptisée Natixis, une opération qui ne concernerait donc pas leurs réseaux. Chacune détiendrait à parts égales la nouvelle entité. Concernant ce point, Francis Mayer remarque que "la réussite d'une fusion, surtout s'agissant de banques d'investissement, repose sur un leadership clair". Il cite d'ailleurs comme exemple l'apport d'Ixis à la CNCE en 2004, rappelant qu'à cette époque Charles Milhaud avait été le premier à demander une clarification rapide de la structure capitalistique.

La CDC, actionnaire à hauteur de 35% de l'Écureuil, a été tenue à l'écart des négociations et prévenue de l'opération par voie de presse, souligne Francis Mayer. Or, un pacte d'actionnaires lie l'établissement public aux Caisses d'Épargnes, prévoyant que les orientations stratégiques soient décidées en commun. Concernant son non-respect, Francis Mayer déclare que l'hypothèse de se tourner vers les tribunaux n'est pas exclue. "Notre position est claire. La direction générale et la commission de surveillance ont indiqué dès le début que la CDC ferait valoir ses droits par tous moyens juridiques appropriés, y compris son droit de veto", a-t-il rappelé.

Quand à la place de la CDC dans le futur projet, il estime que les propositions des deux partenaires sont "inacceptables du point de vue de nos intérêts patrimoniaux". Deux solutions sont en effet envisageables. Soit la CDC reste actionnaire de la CNCE à hauteur de 35%, une holding qui sera vidée de sa substance, soit elle obtient une participation limitée, avec donc une forte dilution, dans le capital de Natixis.

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