latribune.fr- Au lendemain de son avertissement sur sa croissance, France Télécom a perdu plus de 8% en Bourse. Pensez-vous que cette sévère sanction soit justifiée?
Sébastien Korchia- La réaction du marché n'est pas si excessive que cela. Elle a été infligée par les investisseurs qui croyaient encore au potentiel boursier de France Télécom, malgré le fait que le titre "sous-performait" depuis très longtemps. Ainsi, cette sanction boursière est une capitulation. Les investisseurs qui avaient encore confiance sont d'autant plus déçus que France Télécom faisait jusqu'alors bonne figure et laissait entendre qu'il résistait bien face à la concurrence...
De plus, nous évoluons aujourd'hui dans un marché qui affiche une forme olympique, mais où la moindre erreur de parcours est sévèrement sanctionnée.
Comment expliquer les difficultés de France Télécom?
Nous assistons à une mutation technologique dans la télécommunication qui fait du téléphone fixe un produit sans marge. C'est un service, qu'aujourd'hui, on ne peut plus faire payer, face la montée en puissance de l'offre de Free, par exemple, ou des opérateurs alternatifs. Or, France Télécom France a fait des erreurs stratégiques, en répondant à l'hémorragie de sa clientèle avec une hausse de ses tarifs d'abonnement... Ce qui rend l'opérateur historique encore moins compétitif. En fait, France Télécom est dans une impasse, et subit la concurrence. Dans ce contexte, sa marge ne peut que se dégrader.
Toutefois, la baisse du titre en Bourse pourrait le rendre attrayant...
Je ne le crois pas. D'autant que la sanction boursière infligée à France Télécom aurait pu être bien pire! Le titre ne s'est pas tout à fait effondré car France Télécom s'était déjà engagé à verser un dividende de 1 euro par action en 2006... Ce qui porte le rendement du titre à 5%. Or, s'il n'y avait pas eu un rendement assuré pour 2006, le titre aurait pu s'effondrer de plus de 15% en une séance. Ce rendement a fait office de parachute. Mais certains analystes doutent de la capacité de France Télécom de verser un tel dividende pour 2007... Dans ce contexte, la récente baisse du cours de France Télécom ne représente pas une opportunité d'investissement. On verra toutefois, au deuxième semestre, si France Télécom arrive à contenir l'hémorragie de ses ventes.
Qu'est ce qui peut redonner son attrait au titre France Télécom?
Le titre pourra redevenir intéressant lorsque les parts de marché des opérateurs alternatifs se seront stabilisées. Ce qui laisse penser qu'on n'est qu'au début de la descente du titre France Télécom.
Pourtant les acquisitions réalisées par le groupe devraient lui permettre de se reprendre...
Rien n'est moins sûr. Ces acquisitions, comme celle d'Amena en Espagne, ont été coûteuses. On voit bien que le titre France Télécom ne s'est jamais remis de l'augmentation de capital qui a été lancée pour faire cette acquisition.
Le désengagement des investisseurs du titre France Télécom favorise-t-il d'autres valeurs en Bourse?
Tout à fait. Alors que France Télécom s'effondrait en Bourse, Iliad, maison mère de Free, progressait à l'inverse de plus de 4%... Par ailleurs, d'un point de vue boursier, la course technologique dans le secteur de la télécommunication, comme la 3G ou encore le très haut débit, devrait avoir un effet positif sur les titres des équipementiers, comme Alcatel. Ce titre pourrait bien se réveiller en 2006.
"France Télécom est dans une impasse"
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