Grandir à tout prix

Les groupes bancaires se sont lancés dans une course à la croissance. Désormais, les acquisitions sont souvent exotiques. Et les prix de plus en plus élevés...

En acceptant de payer 2,5 milliards d'euros pour la dixième banque turque, Dexia a confirmé une tendance de fond: les prix des acquisitions ne cessent de grimper dans le domaine des services financiers. A tel point que les 13 milliards d'euros payés par le SCH pour Abbey National ou encore les 19 milliards déboursés par UniCredit pour mettre la main sur HVB apparaissent presque bon marché.

Désormais, un établissement moyen peut se payer entre trois et cinq fois son actif net et vingt fois ses résultats. C'est le prix pour trouver des relais de croissance à un moment où le marché est demandeur de telles opérations. Et les établissements de taille moyenne à vendre étant rares en Europe, il faut désormais se tourner vers le grand large pour grossir.

On connaît l'appétit des banques de l'Ouest pour leurs homologues de l'ex-Europe de l'Est mais, là aussi, les opportunités sont rares. Selon des chiffres récemment publiés par l'agence de notation Fitch, 70% des actifs bancaires en Pologne sont détenus par des intérêts occidentaux, 77% en Hongrie, 83% en République tchèque et même 97% en Slovaquie. Pour trouver des marchés à fort potentiel en banque de détail, il faut maintenant se tourner vers la Turquie ou même la Chine, un pays où l'on se bouscule mais où les opérations sont plus risquées.

Sur la place, les banquiers sont de plus en plus nombreux à estimer que le temps des "bonnes affaires" est désormais révolu. La concurrence que se livrent les principaux acteurs pour muscler ou compléter leur dispositif international n'est pas étrangère au phénomène. Surtout, cette croissance lointaine permet de pallier l'absence de rapprochements sur les marchés matures.

Depuis l'avènement de l'euro, qui devait faciliter l'avènement d'un grand marché des services financiers en Europe, les progrès n'ont pas été ici à la hauteur des espérances. Plusieurs marchés se sont consolidés, mais les opérations transfrontalières se comptent encore sur les doigts d'une main. Il est vrai que lorsqu'un rapprochement est annoncé, les investisseurs sont disposés à l'applaudir si les promesses de synergies, tant en matière de coûts que de revenus, sont attractives. Visiblement, il est aujourd'hui sans doute plus facile, et plus tentant, de faire rêver sur des perspectives de croissance en Europe de l'est ou en Asie.

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