Pourquoi Meta s'envole en Bourse

Mercredi, Meta présentait des résultats financiers décevants, dans la lignée de ceux des trimestres précédents : chiffre d'affaires en recul, bénéfices divisés par deux, et pertes colossales dans la division dédiée au metavers. Mais plusieurs annonces ont fait remonter le cours de l'action de 24% à l'ouverture de Wall Street, du jamais vu sur la dernière décennie. Explications.
François Manens
Meta a bondi de 24% en Bourse ce jeudi.
Meta a bondi de 24% en Bourse ce jeudi. (Crédits : YVES HERMAN)

A l'ouverture de Wall Street ce jeudi, l'action Meta a bondi de 24%, une performance inédite sur les dix dernières années. Pourtant, la veille, la maison-mère de Facebook, Instagram et WhatsApp avait encore rapporté des performances en berne lors de la présentation de ses derniers résultats financiers de 2022. Avec 32,2 milliards de dollars de recettes au quatrième semestre, l'entreprise a gagné 4,5% de moins qu'à la même période l'année précédente. Pire, son chiffre d'affaires annuel a baissé de 1% à 116,61 milliards de dollars, une première depuis son entrée en Bourse en 2022.

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Mais lors de cette même conférence, Meta a annoncé un mouvement financier particulièrement bien reçu par les investisseurs : un « buy back » de 40 milliards de dollars d'actions. Autrement dit, l'entreprise va elle-même racheter des parts à ses propres actionnaires. Cette opération lui permet à la fois de refaire monter son cours, qui s'est effondré de plus de 64% en 2022 -soit l'équivalent de 600 milliards de dollars de valorisation-, de payer les investisseurs qui voudraient sortir, et de revoir le versement des dividendes.

Meta sort la tête de l'eau

Le « buy back » n'est pas le seul signal positif envoyé par Meta. Non seulement l'entreprise a dépassé les attentes des analystes pour le trimestre, mais en plus ses projections pour le premier trimestre 2023 font de même. Avec 28,5 milliards de dollars de chiffre d'affaires espéré, l'entreprise compte dépasser sa performance de 2021, la dernière avant la mise en place des restrictions d'Apple sur la publicité personnalisée des iPhone, MacBook et iPad.

Ces mesures ont lourdement frappé le modèle économique de Meta, qui tire l'écrasante majorité de ses revenus de la publicité sur Facebook et Instagram. Les outils du groupe ne pouvaient plus toucher une large partie des utilisateurs de produits Apple. L'entreprise avait d'emblée prédit que les changements allaient amputer son chiffre d'affaires de 10 milliards de dollars sur l'année 2022. Et pour cause : plus de 15% des smartphones sont des iPhone, une part qui dépasse les 50% sur le marché américain.

A cet obstacle imprévu s'est ajouté l'échec du virage de l'entreprise vers le métavers et le climat économique maussade, entre inflation et crise des composants. Mais des signes de progrès commencent à poindre. Frappé par les turbulences des marchés comme aucun autre Gafam, Meta a construit sa relance sur le développement de nouveaux outils de publicité personnalité d'un côté, et sur la mise en avant de Reels, son format de vidéos courtes, de l'autre. Objectif : enfin s'ajuster aux changements publicitaires d'Apple et résister à la montée inexorable de TikTok.

D'après le Wall Street Journal, la direction de Meta a ainsi attribué à ses nouveaux algorithmes de recommandation l'augmentation de 20% du temps passé sur les Reels, et une augmentation à deux chiffres du nombre d'impression sur ses publicités. Peu avant, Instagram et Facebook avaient reçu une importante mise à jour pour intégrer les vidéos courtes directement dans les flux des utilisateurs, et non plus dans un onglet à part. Ce changement avait déclenché une levée de bouclier de la part des utilisateurs, symbolisé par un message de Kylie Jenner, une des personnalités les plus suivies d'Instagram.

Couper les coûts

Puisque la croissance reste en berne, Zuckerberg tire sur l'autre lever pour rester profitable : couper les coûts. Meta a annoncé en novembre dernier le licenciement de 11.000 employés, soit 13% de ses effectifs. Le dirigeant a rappelé que cette mesure devait compenser le fait que l'entreprise avait « recruté de façon trop agressive » pendant le Covid.

Mais il réfléchirait encore à retirer certaines « couches de management intermédiaire » pour gagner en efficacité, ce qui serait synonyme de licenciements supplémentaires. Il s'est engagé à ce que Meta soit « plus proactif pour couper des projets qui ne sont pas cruciaux ou qui présentent des indicateurs décevants ».

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Si la dynamique de Meta ne s'est pas redressée, l'entreprise dégage toujours 4,7 milliards de dollars de bénéfices sur le trimestre. Certes, ce chiffre a chuté de 55% par rapport à 2021, mais il met fin à trois trimestre consécutifs d'une baisse historique des bénéfices. Après tout, Meta peut encore compter sur plus de 2 milliards d'utilisateurs quotidiens sur Facebook, un nombre reparti en légère hausse alors qu'il stagnait, et plus de 3,7 milliards d'utilisateurs sur l'ensemble de ses applications.

Problème : les causes profondes du mal de Meta ne sont toujours pas réglées. La division Reality Labs, censée devenir le cœur d'activité de l'entreprise à moyen terme, continue à performer en dessous des attentes. Au quatrième trimestre, elle a réalisé 727 millions de dollars de chiffre d'affaires, soit 17% de moins que l'année précédente, alors que Meta a lancé des nouveaux casques de réalité virtuelle sur le marché, et offre de façon générale une palette de services bien plus importante. Résultat : le Reality Labs accuse une perte de 4,3 milliards sur le trimestre, après en avoir perdu 3,7 milliards et 2,6 milliards sur les trimestres précédents...

François Manens

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