Etats-Unis : la demande ne suit pas, le prix du gaz naturel s'effondre

Le prix du gaz naturel américain est tombé mercredi à son plus bas niveau depuis mi-avril 2023, déprimé par une offre abondante, des stocks conséquents et l'approche du printemps.
Le contrat à terme rapproché, pour livraison en mars, est descendu à 1,956 dollar le million d'unités thermales britanniques (BTU), référence anglo-saxonne sur ce marché (Photo d'illustration).
Le contrat à terme rapproché, pour livraison en mars, est descendu à 1,956 dollar le million d'unités thermales britanniques (BTU), référence anglo-saxonne sur ce marché (Photo d'illustration). (Crédits : Reuters)

Le prix du gaz naturel américain s'effondre. Le contrat à terme rapproché, pour livraison en mars, est descendu à 1,956 dollar le million d'unités thermales britanniques (BTU), référence anglo-saxonne sur ce marché.

Pour Eli Rubin, d'EBW Analytics Group, ce phénomène est lié à la production américaine, qui a accéléré depuis l'automne, pour ne plus ralentir depuis. Les stocks de gaz naturel sont en effet actuellement supérieurs de 5% à leur niveau moyen des cinq dernières années à la même époque, selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).

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En outre, « on a eu un hiver incroyablement doux », seulement marqué par le passage d'un front froid début janvier, rappelle l'analyste, « et le marché commence à faire sa transition » vers le printemps, période durant laquelle la demande est traditionnellement plus faible.

L'exportation de GNL à la peine

Autre difficulté sur le plan des débouchés, 2023 n'a pas connu d'ouverture de nouveau terminal d'exportation de gaz naturel liquéfié (GNL), souligne Eli Rubin, une première depuis que les Etats-Unis se sont mis au GNL à grande échelle, en 2016. Le projet majeur attendu en 2024 : le Golden Pass d'ExxonMobil et QatarEnergy au Texas. Or, il a été repoussé au premier semestre 2025.

« Du fait de ce retard, nous avons de l'offre supplémentaire, mais la demande n'est pas là », pointe Eli Rubin. Le nouveau terminal devait, en effet, permettre d'acheminer du GNL vers d'autres pays.

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En attendant l'ouverture de ces installations, le gaz est redirigé vers le marché américain, où la demande n'est pas suffisante pour l'absorber, ce qui fait baisser les prix. L'affaissement des cours n'a, en revanche, pas de rapport avec le moratoire sur la construction de nouveaux terminaux GNL, décrété, fin janvier, par le gouvernement de Joe Biden, assure Eli Rubin.

« Il s'agit de projets qui ne devaient pas, de toutes façons, être opérationnels avant quatre ou cinq ans », nuance l'analyste. « Cela n'a donc aucun impact sur les fondamentaux à court terme ».

Des baisses de prix en Europe

En Europe, le prix de cet hydrocarbure a chuté à 28 euros le mégawattheure (MWh) le 19 janvier dernier. Soit loin des 55 euros/MWh de novembre 2023, mois à partir duquel la baisse a été quasi continue. Pour rappel, fin août 2022, un pic avait été atteint avec 277 euros/MWh, avant que les cours ne fluctuent entre 80 et 50 euros/MWh pendant toute l'année 2023.

« La consommation de gaz de l'UE a diminué de 8% sur un an. D'avril à juin 2023, [celle-ci] a encore diminué (à 65 milliards de mètres cubes) et est restée inférieure à la fourchette de consommation quinquennale de 2017 à 2021 », notait le 7 décembre la Commission européenne, dans son rapport trimestriel sur le marché du gaz.

Les stocks commerciaux de pétrole brut bondissent

Par ailleurs, aux Etats-Unis, les stocks commerciaux de pétrole brut ont bondi de 5,5 millions de barils la semaine dernière, selon des chiffres publiés par l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA). Cette hausse représente plus du double des deux millions de barils attendus par les analystes pour la semaine achevée le 2 février, selon un consensus établi par l'agence Bloomberg.

La publication de l'EIA a sapé l'élan qu'avaient pris les cours de l'or noir en début de séance. Vers 16 heures GMT, mercredi, le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain gagnait 0,25%, à 73,50 dollars, après avoir pris jusqu'à 1,24% un peu plus tôt.

Les prix du brut évoluaient en petite hausse jeudi, soutenus par le risque géopolitique au Moyen-Orient, après que le Premier ministre israélien ait écarté l'idée d'une pause dans les combats contre le Hamas. Le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en mars, gagnait 0,34% à 74,11 dollars

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Cette variation des stocks d'une ampleur inattendue s'explique notamment par l'accélération des importations (+23% sur une semaine), tandis que les exportations se sont tassées (-7%). Autre facteur, la montée en puissance de la production américaine d'or noir. Elle a atteint 13,3 millions de barils par jour. C'est un record absolu pour les Etats-Unis, qui avait déjà été atteint fin décembre et début janvier, avant que le passage d'un front froid ne perturbe l'extraction dans certaines régions du pays.

Santos et Woodside ne fusionneront pas

Les groupes énergétiques australiens Santos et Woodside ont annoncé mercredi avoir abandonné un projet de fusion qui aurait créé une entreprise pétrolière et gazière d'une valeur de plus de 50 milliards de dollars. Les deux entreprises avaient engagé des négociations en vue de créer l'un des plus grands exportateurs de gaz naturel au monde.

Les projets des deux groupes sont soumis à de plus en plus de contraintes, les organes de régulation accordant désormais une importance accrue à l'impact de leur activité sur le climat et les investisseurs étant de plus en plus réticents à l'égard des énergies fossiles.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 09/02/2024 à 8:07
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"Les gars, c'est bien beau de plonger le monde dans une crise économique majeur mais comment on va faire pour l'énergie !?" "Bah on se fera rembourser la différence par l'argent public comem d'habitude !" ^^

à écrit le 08/02/2024 à 17:16
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Le gaz est au plus bas depuis septembre 2020. Les pétroles BRENT et WTI, sont aux niveaux du début 2022. Globalement c'est bien plus confortable pour l'UE qu'en 2022 et 2023. Le pétrole de l'Oural est remonté, ~ 10 $ au dessous du BRENT et ~ 5 $ a...

à écrit le 08/02/2024 à 14:52
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Comment, les européens n'arrivent pas à remplir les caisses des producteurs US de GNL? L'attentat contre les gazoducs russe Nord Stream 1 et Nord Stream 2 avait pourtant renforcé les achats de GNL par les allemands, notamment. En tout cas, quel que...

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