Transition énergétique : le soutien financier du privé indispensable, estime la Banque mondiale

L'institution basée à Washington a affirmé à l'AFP que la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique, qui nécessitent des milliers de milliards de dollars, ne seront pas possibles sans le soutien financier du secteur privé.
« Les gouvernements et banques multilatérales n'ont pas assez d'argent » pour financer seuls la lutte contre le réchauffement climatique, a rappelé Ajay Banga.
« Les gouvernements et banques multilatérales n'ont pas assez d'argent » pour financer seuls la lutte contre le réchauffement climatique, a rappelé Ajay Banga. (Crédits : POOL)

Bien qu'essentiels, les États et institutions internationales ne pourront pas, à eux seuls, mener la transition énergétique, selon la Banque mondiale. Pour rappel, un rapport du G20 publié en juin dernier souligne la nécessité de multiplier par trois le capital de cette dernière pour y parvenir.

« Une excellente idée [mais] qui ne suffira pas pour nous amener aux milliers de milliards [nécessaire] simplement pour la transition énergétique », a insisté le président de la Banque mondiale (BM), Ajay Banga, dans un entretien accordé mercredi à l'AFP.

Afin de répondre aux enjeux climatiques, la Banque a déjà annoncé que 45% de ses financements iront à des projets de « limitation ou adaptation » au changement climatique, « une moitié à la limitation, l'autre moitié à l'adaptation ».

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Selon son président, la lutte contre le réchauffement climatique, qui nécessitent des milliers de milliards de dollars, ne seront toutefois pas possibles sans le soutien financier du secteur privé.

« Les gouvernements et banques multilatérales n'ont pas assez d'argent » pour financer seuls la lutte contre le réchauffement climatique, rappelle l'ancien dirigeant d'entreprises américano-indien. « Nous avons besoin que le secteur privé s'implique ».

La Banque mondiale souhaite faire peau neuve

Reste que le président de la Banque mondial affirme vouloir faire son maximum pour aider l'environnement.  Arrivé en juin dernier à la tête de la BM, Ajay Banga, pousse depuis sa prise de fonction pour une banque « plus efficace et mieux financée » qui serait capable de répondre à sa mission réactualisée : « Eliminer la pauvreté sur une planète vivable ».

Afin d'y parvenir, la « Banque doit changer et évoluer, c'est un point clairement souligné avant même mon arrivée », rappelle-t-il. Une évolution essentielle pour « créer la crédibilité nécessaire et donner envie aux financiers de venir apporter de l'argent » aux projets portés par la BM. Pour y parvenir Ajay Banga, reconnaît la nécessité pour la Banque d'être « plus rapide et concentrée sur le résultat ».

Dans le détail, l'institution doit notamment raccourcir le temps nécessaire à la réalisation de ses projets, un des principaux objectifs avancés par Ajay Banga. Ce dernier espère réduire de 30% les 27 mois actuellement nécessaires entre les discussions préliminaires et les premières dépenses. Mais son président assure aussi vouloir montrer aux pays les plus pauvres que la lutte contre le réchauffement climatique ne prend pas le pas sur la réduction de la pauvreté, mission première de la Banque.

« Les pays du Sud reconnaissent qu'on ne peut lutter contre la pauvreté sans lutter contre le changement climatique, mais la différence est ce que l'on entend par "changement climatique" », souligne-t-il.

Des initiatives mêlant public et privé

Avant même l'appel de la Banque mondiale, certains pays avaient bien compris l'intérêt de lier public et privé. C'est notamment le cas des Emirats arabes qui, lors de la COP28 en décembre, ont annoncé la création d'un fonds doté de 30 milliards de dollars dédié aux solutions pour le climat.

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Baptisé Altérra et hébergé par le gestionnaire de fonds Lunate, basé aux Emirats, le véhicule financier a pour partenaires principaux certains des plus gros gestionnaires d'actifs au monde. On y trouve le fonds de pension américain BlackRock, le gestionnaire d'actifs canadien Brookfield ou encore l'Américain TPG. Dans un communiqué publié dans la foulée de l'annonce, BlackRock a précisé la nature de ce partenariat financier : il doit permettre de flécher deux milliards de dollars dans des fonds hébergés par le gestionnaire de fonds de pension. Notamment, un fonds de dette privée et un fonds dédié aux infrastructures, tous deux axés sur la transition écologique. Reste que l'argent est essentiellement public.

Mais les promesses ne restent parfois qu'au stade des promesses. Ainsi, Ajay Banga estime aussi qu'il est du rôle de son institution de rassurer « les pays du Sud, qui attendent toujours l'argent promis lors de la COP de Paris », soit 100 milliards de dollars, pour financer leur transition climatique, mais qui ne sont jamais arrivés.

Plus récemment, l'aide massive à destination de l'Ukraine a suscité des critiques en Afrique, y voyant le signe que l'institution privilégiait les sujets jugés importants par les pays occidentaux. Un « malentendu », assure Ajay Banga, qui rappelle que « la Banque mondiale met nettement plus d'argent en Afrique sub-saharienne qu'en Ukraine », l'immense majorité des fonds concernés provenant directement de pays donateurs, via la BM.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 04/01/2024 à 11:49
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10 ans pour une seule déclaration de bon sens en la matière, ben on est pas rendus !

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