La consommation marque le pas

En France, en Allemagne et aux États-Unis, la consommation freine.
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La consommation des ménages, principal moteur de l'économie française, tiendra- t-elle le choc ? Depuis avril, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) annonce chaque mois un ralentissement des principales économies mondiales. La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, vient de tirer la sonnette d'alarme sur le risque d'un effondrement de la demande mondiale. Le fonds a d'ailleurs raboté ses prévisions de croissance mondiale à 4 % pour 2011 et 2012, contre 4,3 % et 4,5 % précédemment. Concernant la France, les indicateurs conjoncturels de septembre confirment le net retournement survenu cet été. À 80 points, l'indice de confiance des ménages a même atteint son plus bas niveau depuis février 2009.

Dans ce contexte, la consolidation budgétaire mise en place dans la plupart des pays développés inquiète. Elle amputera la croissance à hauteur de 1,3 et 1,2 point de PIB en zone euro en 2011 et 2012, selon Barclays Capital. La hausse des prélèvements obligatoires et la diminution des transferts sociaux pèseront lourd sur la demande interne. Or cette dernière représentait encore en France, au deuxième trimestre, 1 point de PIB dans un acquis de croissance estimé à 1,5 %... Cet été, les dépenses des ménages (soit 25 % de cette demande interne) se sont stabilisées (? 0,2 % en juillet puis + 0,2 % en août), a indiqué l'Insee vendredi. En revanche, sur le deuxième trimestre, elles ont plongé de 0,7 %, un choc inhabituel que l'institut attribue à la fin de la prime à la casse. Il reste que l'acquis de croissance de la consommation à la mi-2011 est faible : 0,5 %. « Il était à 0,9 % l'an passé à la même époque, pour une progression à la fin de l'année de 1,3 % », rappelle-t-on à l'Insee.

Pour Alexandre Milicourtois, économiste chez Xerfi, la « panne de la consommation est durable », en raison notamment du chômage élevé (4,7 millions inscrits à Pôle emploi en août), des réticences des entreprises à augmenter les salaires - par crainte d'une hausse à venir de la fiscalité -, et de l'assèchement probable du crédit à la consommation.

Bond du taux d'épargne français

L'économiste évoque également l'inflation comme un risque majeur. Même si elle semble avoir atteint un pic en août dans l'Hexagone (+ 2,2 %), elle s'affiche à plus de 4 % sur les produits les plus courants, rappelle-t-il. De plus, la hausse des prix a accéléré à 3 % en zone euro en septembre, a annoncé vendredi Eurostat. Et comment interpréter le bond du taux d'épargne des Français, de 15,9 % au premier trimestre à 17 % au deuxième ? S'agit-il d'une épargne de précaution ? (Lire encadré). Pour l'Insee, cette hausse pourrait aussi être liée à l'évolution positive des rémunérations (+ 1,3 %) et de la masse salariale (+ 0,9 %), cette dernière ne s'étant pas ajustée au ralentissement de l'activité. Mais doit-on vraiment souhaiter une consommation plus dynamique ? Le modèle français, basé sur la demande, favorise les importations et creuse la balance commerciale (73,8 milliards en 2012), qui à son tour ampute la croissance. Il est temps que la France bascule vers « un modèle plus favorable à l'offre, c'est-à-dire aux entreprises », résume Alexandre Milicourtois.

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