
Les Français ont-ils moins épargné en raison des congés d'été ou d'un budget quotidien plus serré ? Une chose est sûre, ils se sont détournés de l'assurance vie en juillet. Les sorties d'argent - aussi appelées prestations qui comprennent les retraits et l'argent versé aux ayants droit en cas de décès de la personne - ont, en effet, excédé d'un milliard d'euros les entrées - dénommées cotisations -, relève la fédération France Assureurs ce vendredi.
Une tendance en partie attribuée à l'intérêt moindre pour les unités de compte, dont le rendement est certes supérieur aux fonds euros, mais dont le capital n'est pas garanti. En juillet, les UC ont capté 1,7 milliard d'euros, contre 4,5 milliards d'euros en juin. Quant aux fonds euros, ils peinent à retrouver grâce aux yeux des investisseurs (2,7 milliards d'euros de sorties nettes en juillet, 17,8 milliards d'euros de décollecte depuis le début de l'année).
Ces derniers mois, l'assurance vie a connu un succès variable. Après un solde déjà négatif en mai (-1,6 milliard d'euros), elle avait repris des couleurs en juin. Les cotisations avaient alors excédé de 1,7 milliard d'euros les sorties. Si les dépôts sont restés stables sur un an (+1% à 12,1 milliards d'euros), les prestations ont grimpé de 16% à 13,1 milliards d'euros.
Des arbitrages liés au contexte économique
Pour autant, « le mois de juillet ne traduit pas d'accélération », a estimé lors d'une conférence de presse Franck Le Vallois, directeur général de France Assureurs, rappelant que depuis le début de l'année les prestations ont augmenté de 19% par rapport à la même période en 2022.
Selon lui, cette tendance s'explique par un contexte de difficultés économiques. La persistance de l'inflation contraint certains assurés à piocher dans leur épargne. Le relèvement des taux d'intérêt opéré par les banques centrales entraîne aussi le renchérissement du crédit, obligeant les épargnants à dégarnir leur assurance vie pour gonfler leur apport personnel, pour tenter de décrocher un crédit immobilier.
Ces derniers mois, l'assurance vie a également souffert de la comparaison avec le Livret A. Non seulement ce dernier est défiscalisé - puisqu'il est exonéré de prélèvements sociaux et fiscaux -, mais son rendement à 3% se révèle bien supérieur à celui des fonds euros.
Un revirement dans les mois à venir ?
Si l'avantage du Livret A ne semble pas s'être traduit pour le moment par un désinvestissement massif des fonds placés sur l'assurance vie, les épargnants ont tendance à privilégier l'épargne réglementée. En témoignent les sommes records déposées ces derniers mois sur le Livret A, en bonne voie pour connaître une année record. En juillet, l'encours total du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire a atteint 547,4 milliards d'euros, du jamais vu.
L'assurance vie reste cependant le premier produit d'épargne des Français, avec un encours atteignant 1.916 milliards d'euros à fin juillet, en hausse de 3,5% sur un an. En outre, le taux du Livret A est gelé à 3% depuis le 1er août, et ce, jusqu'en 2025. Une décision politique destinée à éviter de pénaliser la construction de logements sociaux, mais qui pourrait inciter les épargnants à chercher d'autres produits plus rentables, comme l'assurance-vie en unités de compte, les comptes à terme ou encore les livrets.
(Avec AFP)
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