
[Article publié le mardi 22 août 2023 à 12h25 et mis à jour à 15h58] Revolut étoffe son offre en France. La fintech star britannique propose, à partir de ce mardi 22 août, un produit d'épargne. Baptisé « Compte flexible », ce produit d'investissement mise sur les fonds monétaires, via le gestionnaire de fonds Fidelity International, explique-t-on dans un communiqué. Pour rappel, les fonds monétaires sont investis en titres de créance à court terme émis par des États, des banques et des entreprises.
Revolut permet ainsi d'investir dans trois devises différentes (euro, US dollar et livre sterling). Il promet un taux d'intérêt annuel variable allant jusqu'à 5,32% brut - soit 3,72% net, sur les investissements en dollars - et jusqu'à 3,73% brut (2,61% net) en euros. Alléchant à première vue, il comporte toutefois une part de risque, puisque le capital, lui, n'est pas garanti. La néobanque met toutefois en avant la « faible volatilité » des fonds, ceux-ci étant très « diversifiés ».
Le taux du Livret A gelé
Le Britannique ne s'en cache pas : il souhaite directement concurrencer le Livret A, afin de gonfler son portefeuille client - plus de 2,5 millions revendiqués en France - et de capter l'épargne accumulée ces derniers mois, du fait de l'inflation galopante.
« Les fonds peuvent être retirés à tout moment, et les intérêts sont versés quotidiennement, tandis que le livret A n'autorise que des versements annuels et un plafond de 22.950 euros », vante ainsi Revolut dans son communiqué.
Au premier semestre 2023, le Livret A a connu une collecte historique de 25,84 milliards d'euros. « Le précédent record datait de 2009 (21,36 milliards d'euros) », rappelait en juillet Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l'Épargne, dans un communiqué. Sur les sept premiers mois de l'année, la collecte nette cumulée du Livret A a atteint 28 milliards d'euros, selon les chiffres de la Caisse des dépôts dévoilés mardi 22 août, portant l'encours total à 403,4 milliards d'euros, du jamais-vu. Un phénomène qui s'explique en partie par l'inflation qui a ainsi largement bénéficié à l'épargne réglementée.
Néanmoins, la collecte mensuelle devrait tendre à décliner. En effet, la fin de l'année est généralement davantage propice aux dépenses : rentrée scolaire, fêtes de fin d'année... Résultat, les capacités d'épargne des foyers se réduisent. En outre, le taux du Livret A est désormais gelé à 3% depuis le 1er août, et ce, jusqu'en 2025. Un taux plus élevé aurait augmenté « le coût du crédit pour les PME, qui ont besoin d'investir », ainsi que « celui du crédit pour le logement social » soit « des dizaines de milliers de logements sociaux » en moins, avait justifié le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, à la mi-juillet.
Une surenchère à venir ?
Enfin, le nombre de livrets d'épargne réglementée garnis augmente fortement. « 5,3 millions de livrets A détenus par des personnes physiques dépassent le plafond réglementaire de 22.950 euros, soit 9,6 % des détenteurs (1 million de livrets de plus qu'en 2021, après une augmentation de 400.000 en 2020 et de 380.000 en 2021) », indique la Banque de France dans le rapport de l'Observatoire de l'Épargne Réglementée, paru le mois dernier. À défaut de pouvoir se reporter sur les autres membres du foyer - et d'ouvrir un autre Livret A ou un LDDS -, les ménages devraient, de facto, chercher d'autres alternatives.
Et Revolut n'est pas le seul acteur à vouloir en profiter. Les super-livrets et les comptes à terme (comptes d'épargne qui offrent un taux d'intérêt élevé à condition que les sommes déposées soient bloquées pendant un certain temps) espèrent, eux aussi, tirer leur épingle du jeu. « Dans le contexte de la remontée des taux d'intérêt, les comptes à terme redeviennent attractifs (+19,4 milliards en 2022 après +1,1 milliard en 2021) », a d'ailleurs constaté l'Observatoire de l'Épargne Réglementée. Le mouvement devrait se poursuivre cette année. Et pour cause, les rendements bruts des comptes à terme de deux ans ou moins dépassent les 3%. Pour rappel, ils atteignaient 0,09% en moyenne l'an dernier.
Signe que les acteurs du marché sont bien décidés à surfer sur ce contexte, Distingo Bank (ex-PSA Banque) a annoncé fin juillet rehausser les taux de ses comptes à terme allant jusqu'à 3,2% à horizon trois ans au 1er août. En juin, c'est le Crédit Municipal de Paris qui avait fait valoir une nouvelle hausse de ses taux, atteignant 2,75% brut pour le compte à terme solidarité sur vingt-quatre mois. De quoi présager une guerre des livrets dans les mois à venir.
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