Livret A : la légère remontée de la collecte en juillet propulse l'encours à un niveau inédit

Plus de 403 milliards d'euros sont désormais logés sur les Livrets A des Français, selon les chiffres dévoilés par la Caisse des dépôts ce mardi. Le produit d'épargne réglementée a enregistré une collecte de plus de 2 milliards d'euros, en nette hausse par rapport au mois précédent. Difficile pour autant d'estimer si ce mouvement va se poursuivre d'ici la fin de l'année. Depuis le 1er août, le taux du produit d'épargne réglementée est gelé à 3%, et ce, jusqu'en 2025.
Pauline Chateau
La collecte nette cumulée s'élève ainsi à 28 milliards d'euros sur les sept premiers mois de l'année, portant l'encours total à un niveau encore inédit : 403,4 milliards d'euros, contre 362,5 milliards d'euros en juillet 2022.
La collecte nette cumulée s'élève ainsi à 28 milliards d'euros sur les sept premiers mois de l'année, portant l'encours total à un niveau encore inédit : 403,4 milliards d'euros, contre 362,5 milliards d'euros en juillet 2022. (Crédits : Mathieu Stern via Unsplash)

[Article publié le mardi 22 août 2023 à 15h37 et mis à jour à 17h01] Les épargnants n'ont pas délaissé le Livret A. Du moins, pas pour l'instant. Le mois dernier, le produit d'épargne réglementée préféré des Français a recueilli 2,16 milliards d'euros, contre 1,34 milliard au mois de juin, indique la Caisse des dépôts, ce mardi 22 août. La collecte nette cumulée s'élève ainsi à 28 milliards d'euros sur les sept premiers mois de l'année, portant l'encours total à un niveau encore inédit : 403,4 milliards d'euros, contre 362,5 milliards d'euros en juillet 2022.

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Cumulé avec le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), la collecte mensuelle atteint 3,13 milliards d'euros, soit une collecte cumulée de 37,67 milliards d'euros entre janvier et juillet 2023, portant l'encours des deux livrets à 547,4 milliards d'euros en juillet (491,8 milliards un an plus tôt).

Déjà une collecte record le mois dernier

« Le Livret A continue sur la lancée du premier semestre », observe Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l'Epargne, dans un communiqué. Sur les six premiers mois de l'année 2023, les épargnants ont déposé près de 26 milliards d'euros de plus qu'ils n'en ont retirés, un niveau inédit. Ce résultat avait alors déjà porté pour la première fois l'encours total du Livret A au-dessus de la barre symbolique de 400 milliards d'euros (à 401,3 milliards d'euros précisément, dont 25,84 engrangés au premier semestre).

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« [En juillet] les ménages ne modifient pas leur comportement, analyse le Directeur du Cercle de l'Epargne. Ils privilégient l'épargne de précaution en puisant notamment sur leurs comptes courants dont l'encours est en forte baisse depuis le mois de septembre dernier. »

Les Français vont-ils pour autant rester fidèles au Livret A d'ici à la fin de l'année ? Jusqu'à présent, l'épargne réglementée a bénéficié de sérieux avantages face à d'autres placements, comme l'assurance-vie. Les intérêts ne sont pas fiscalisés. Le taux, fixé à 3%, depuis le 1er février dernier, est, certes, moins élevé que l'inflation, mais il restait toutefois supérieur au rendement des fonds euros.

Les épargnants n'ont toutefois pas totalement délaissé l'assurance vie. Les cotisations se sont établies à 81,8 milliards d'euros au premier semestre 2023 - 48,6 milliards sur les fonds euros et 33,2 milliards sur les supports en unités de compte (UC), respectivement en hausse de 6% et 7% -, en hausse de 6% par rapport à la même période de 2022, avait indiqué la fédération France Assureurs, fin juillet.

Des Livrets A déjà bien garnis

La collecte du Livret A pourrait être amenée à décliner dans les mois qui viennent. Non seulement la fin de l'année est synonyme de dépenses supplémentaires (rentrée scolaire, fêtes de fin d'année...), mais le nombre de livrets d'épargne réglementée garnis augmente fortement.

« 5,3 millions de livrets A détenus par des personnes physiques dépassent le plafond réglementaire de 22.950 euros, soit 9,6 % des détenteurs (1 million de livrets de plus qu'en 2021, après une augmentation de 400.000 en 2020 et de 380.000 en 2021) », indique la Banque de France dans le rapport de l'Observatoire de l'Épargne Réglementée, paru le mois dernier.

À défaut de pouvoir se reporter sur les autres membres du foyer - et d'ouvrir un autre Livret A ou un LDDS -, les ménages devraient, de facto, chercher des alternatives, comme les comptes à terme et les « super livrets ».

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D'autant plus que le rendement du Livret A ne va plus évoluer. En juillet dernier, suivant les recommandations formulées par la Banque de France, le gouvernement a renoncé à rehausser le taux du Livret A : il a ainsi été gelé durant dix-huit mois, soit jusqu'en 2025. Cette décision pourrait représenter un manque à gagner d'environ 3 milliards d'euros sur la période d'août 2023 à janvier 2024, auxquels s'ajoutent près de 800 millions d'euros amputés entre février à juillet 2023, avec le précédent arrondi du taux à la baisse, de 3,3% à 3%.

Le taux du Livret A maintenu à 3% jusqu'en 2025

Pour rappel, la formule de calcul prend en compte la hausse des prix à la consommation, ainsi que les taux interbancaires des derniers mois - auxquels les banques s'échangent de l'argent à court terme. Les autorités ont la possibilité de déroger à cette formule, en cas de circonstances jugées exceptionnelles. Ce scénario avait d'ailleurs été privilégié en février 2022. La Banque de France avait proposé d'arrondir à 1%, au lieu de 0,8%, puis en février 2023, mais dans l'autre sens cette fois-ci, lorsque l'institution avait proposé 3% au lieu de 3,3%.

« La moyenne semestrielle du taux ressort à 2,66 % de janvier à juin 2023, avait expliqué l'institution le mois dernier. Le glissement annuel passé sur 6 mois de l'IPC hors tabac s'établit quant à lui à 5,57 %. L'application de la formule aboutirait donc à un taux de 4,1 % pour le livret A ».

« Nous avons décidé de maintenir le taux à 3% pour des raisons d'intérêt économique national », avait expliqué Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, au micro de TF1. Un taux plus élevé aurait augmenté « le coût du crédit pour les PME, qui ont besoin d'investir », ainsi que celui « du crédit pour le logement social », « soit des dizaines de milliers de logements sociaux » en moins.

 « Un pour cent de taux du Livret A en plus aurait représenté 32.000 logements sociaux en moins, un tiers de la production annuelle », avait évalué le gouverneur de la Banque de France.

Une décision contestée

Pour rappel, les sommes déposées par les Français sur le livret A et Livret de développement durable et solidaire (LDDS), dont la majeure partie est centralisée par la Caisse des dépôts (CDC), sont destinés en partie à financer le logement social, notamment. Si le relèvement du taux est une bonne nouvelle pour les épargnants, il est donc moins bien vécu par certains acteurs publics dont les prêts auprès de la CDC sont souvent indexés sur ce taux.

Le gel du taux du Livret A avait attiré l'attention Paul Cassia. Professeur agrégé des facultés de droit à l'Université Panthéon-Sorbonne, il a déposé un recours devant le Conseil d'Etat le 13 juillet dernier. Sa requête demande l'annulation pure et simple de la décision de Bruno Le Maire. Egalement membre du Conseil d'administration de l'association Anticor, il conteste en effet la notion de « circonstances exceptionnelles », brandie par la Banque de France pour justifier l'arrondi à la baisse du taux.

Pour Philippe Crevel, la collecte du Livret A devrait toutefois « battre des records » en 2023. « A la différence des Américains mais à l'instar des Allemands, les Français sont en mode fourmis par crainte d'une dégradation de la situation économique ou par simple effet du vieillissement démographique », affirme-t-il.

Pauline Chateau

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Commentaire 1
à écrit le 22/08/2023 à 23:05
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Et de la réforme des retraites ! Partir à 62 ans meme si un malus raison pour laquelle j épargne 27% de mon salaire !! Pas de chaudière paC pas de voiture électrique …pas de nouveau iPhone à la mode , pas de services stupides … la retraite c est à 6...

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