Clap de fin pour Fizzy, l’application phare d’Axa dans la Blockchain

Lancée en 2017, Fizzy était la première assurance française basée sur la Blockchain. Elle permettait d'indemniser automatiquement un assuré en cas de vol retardé mais n'a rencontré qu'un succès limité. Seules quelques centaines de polices ont été vendues.
Juliette Raynal

"Désolé, mais l'expérience fizzy est terminée". Voici ce que l'on peut lire sur le site de Fizzy, une offre d'assurance paramétrique, c'est-à-dire basée sur la donnée et non pas sur la déclaration d'un sinistre, développée par Axa, en partenariat avec la Fintech lilloise Utocat. La promesse était celle d'une indemnisation automatique, d'un montant défini à l'avance, lorsque l'avion de l'assureur atterrit avec un retard de plus de deux heures, sans même qu'il n'ait besoin d'effectuer la moindre réclamation.

"Nous tenons à vous remercier pour ces 2 années et pour tout ce que nous avons appris à vos côtés. L'équipe Fizzy passe à autre chose, mais nous vous reverrons bientôt", indique Axa sur le site, précisant que les polices souscrites en amont restent valides.

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Axa Fizzy clap fin Blockchain

[Crédit : Axa]

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Première assurance française basée sur la Blockchain

Outre le parcours très simplifié proposé aux assurés, ce produit innovant avait eu un certain écho dans l'écosystème français de l'assurance, lors de son lancement en 2017, car il s'agissait du premier service d'assurance basé sur la Blockchain. Sa fermeture revêt donc une dimension symbolique à l'heure où les différentes applications de la Blockchain dans le domaine de l'assurance ne sont pas encore parvenues à bouleverser cette industrie.

Cette technologie de « chaîne de blocs » en français, née il y a dix ans avec le bitcoin, permet de stocker et transférer des données de manière sécurisée et décentralisée. Elle est souvent comparée à un grand livre comptable partagé et infalsifiable. Ses applications vont bien au-delà de la cryptomonnaie, comme le bitcoin et l'ether, et peuvent concerner la traçabilité et la certification par exemple.

Une indemnisation automatique

Dans le cas de Fizzy, la Blockchain était utilisée pour automatiser un processus, celui de l'indemnisation, grâce à un programme informatique autonome, que l'on appelle smart contract.

« C'est le smart contrat qui décide d'indemniser ou non l'assuré. L'heure d'arrivée prévue de l'avion est inscrite dans ses lignes de code, il récupère l'heure d'arrivée réelle [en se connectant au site Flightstats, ndlr] et fait la soustraction des deux. S'il y a plus de deux heures d'écart, une commande est passée auprès de notre prestataire de paiement », avait détaillé Laurent Benichou, artisan de ce projet chez Axa Next, l'entité innovation de l'assureur, lors de l'événement La Tribune Blockchain Summit, le 18 avril dernier.

Lire aussi : Blockchain, token, ICO... le lexique de la folie crypto

Seulement quelques centaines de polices vendues

Malgré ces avantages, l'offre Fizzy n'a rencontré qu'un succès très limité avec seulement quelques centaines de polices vendues depuis son lancement en 2017, la faute, entre autres, à une commercialisation plus difficile qu'envisagée par l'intermédiaire d'entreprises partenaires, comme des compagnies aériennes, des agences de voyages ou encore des opérateurs de carte de paiement.

"L'augmentation de la satisfaction client ne suffit pas. Il faut démontrer qu'il y a un réel retour sur investissement pour elles [les potentielles entreprises partenaires, ndlr]. Cela prend plus de temps que prévu", avait confié Laurent Benichou.

Axa espérait, toutefois, donner à Fizzy un second souffle avec le lancement, il y quelques mois, d'une nouvelle version couvrant également l'annulation des vols d'avion. L'assureur misait sur la vente de plusieurs dizaines de milliers de polices par an.

A plus long terme, Axa espérait même décliner cette approche pour une assurance voyage basée sur les prévisions météorologiques, voire pour l'assurance habitation. D'autres projets concernant les cryptoactifs étaient également à l'étude. Depuis, d'autres assurances paramétriques ont vu le jour, comme celle proposée par Moonshoot-Internet, la startup née au sein de Société Générale Assurances. Mais cette dernière ne s'appuie pas sur la Blockchain.

Juliette Raynal

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Commentaires 6
à écrit le 11/11/2019 à 9:24
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Si l'étude de marché avait été correctement réalisée, ils se seraient rendus compte que ce projet ne pouvait pas être rentable.

à écrit le 10/11/2019 à 17:06
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Le problème ici, c'est qu'il n'y avait pas besoin de la blockchain pour proposer un tel service. On utilise la blockchain, on trouve ça génial et on néglige le reste. Ici le service est bien trop limité, c'est un peu comme si on assurait uniquement...

à écrit le 08/11/2019 à 17:05
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encore un cas ou le pb etait marketing et pas technique classique, surtout en france c'est bien, ca sert de galop d'essai aux suivants ( mais c'est pas evident qu'ils comprennent) dommage, l'idee pouvait etre bonne

le 10/11/2019 à 10:47
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Lorsque l'on demande 5 années a une entreprise pour fonctionner, deux ans pour une start up, j'imagine dans tout les cas qu'effectivement on ne peut pas dire que le nom de la marque ne soit effective dans les esprits. Choisir le moment pour faire ...

à écrit le 08/11/2019 à 16:41
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Ben bon courage à ceux qui ont déjà souscrit ! (un ancien client de sfr devenu red et qui souhaite désespéramment arrêter de payer pour rien... ) Sinon c'était peut-être pas très pertinent de faire un capitaine Haddock jeune non ?

le 09/11/2019 à 17:58
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Le haddock est une facture salée et fumée d'aigrefaim nommé Patrick.. ;o)))

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