
45 milliards d'euros en tout, en additionnant toute la panoplie des aides : les crédits, fonds propres, subventions, aides et garanties. C'est le montant hors PGE injecté dans l'économie nationale en 2020 par la banque publique d'investissement, la filiale de la Caisse des Dépôts et opérateur de l'État, pour tenter de limiter la catastrophe et le choc des fermetures liées au coronavirus. Rendue déjà incontournable pour les entrepreneurs en quête de croissance, sous l'effet du Covid-19, l'institution est à la fois devenue un actionnaire de poids et l'assurance anti-récession du secteur privé français.
Pompier de la crise et fournisseur de PGE
De près de 6.500 entreprises financées en 2019, leur nombre a ainsi quasiment triplé (19.300 sociétés) en 2020 sous l'effet de la pandémie, selon les chiffres des résultats annuels présentés ce jeudi. Pour devenir « le pont aérien de cash » face à la guerre sanitaire menée par l'État, le montant des crédits à moyen et long terme croît de 27% sur un an, à plus de 10 milliards d'euros.
La banque publique filiale à 50/50 de la Caisse des Dépôts et de l'Etat a fait office de pompier de la crise Covid-19, avec 20,5 milliards d'euros injectés dans les entreprises en financement (avec l'innovation), soit une augmentation de 9,5% du montant par rapport à 2019, indique-t-elle. Pour les PME confrontées aux confinements, les crédits ont atteint 10 milliards d'euros, « un niveau record », précise la banque.
Face aux dégâts économiques de la crise sanitaire, il faut tout faire pour sauver les PME et ETI. Les « avances du CICE » (le Crédit impôt pour la compétitivité et l'emploi mis en place pour alléger les cotisations) deviennent secondaires, en recul de 50% en 2020, passant de 1.500 entreprises concernées à 213 structures.
En revanche, la formule « prêts sans garantie » de la banque publique a explosé, à +144%. Les prêts « avec garantie » (ceux qui engagent le dirigeant et les actifs de l'entreprise lors du remboursement) ont, eux, reculé de 19% d'une année sur l'autre.
Avec le PGE, l'outil phare de l'État pour éteindre l'incendie de la crise Covid, Bpifrance annonce avoir été l'opérateur et le gestionnaire de 630.720 « nouvelles lignes de garantie » du prêt, pour un montant total de 110 milliards d'euros. Elle a elle-même souscrit - via un prêt direct - pour 800 millions d'euros de PGE. Le poids de Bpifrance dans le total des PGE est colossal. Ramené au chiffre global, au 15 janvier 2021, plus de 642.000 entreprises françaises avaient bénéficié du prêt, pour près de 132 milliards d'euros, selon les chiffres de la Banque de France. « Le PGE s'est en effet massivement substitué à l'activité classique de Garantie », indique Bpifrance dans son communiqué. Pour rappel, ces PGE sont actuellement souscrits pour une durée maximale de 6 ans, - que l'État voudrait porter à huit ans après validation de Bruxelles - sachant qu'aucun remboursement n'est finalement exigé pendant les deux premières années.
Une super structure pour accompagner dans la profusion des aides
En région, le soutien a atteint 2 milliards d'euros via des « Prêts Rebond ». Sans oublier les autres outils que la banque publique a décliné dans le contexte Covid avec les « prêts soutien innovation » (+111% entre 2019 et 2020), « prêts atouts », « prêts tourisme », « prêts PGE-Bpifrance ».
En première ligne des restrictions et des fermetures d'établissement, le secteur du tourisme a massivement sollicité Bpifrance. Sur l'année, 4.424 entreprises du secteur tourisme ont été maintenues à flot, pour 840 millions d'euros, soit une progression pharaonique de +97% d'une année sur l'autre, sous forme de prêts. Parmi eux, 664 millions d'euros en PGE, en aides directes, ou en investissements.
Face à ce maquis d'aides et à leurs critères pour les obtenir, la dimension « accompagnement » s'est logiquement imposée. La banque communique une forte augmentation de son activité de conseil pendant la crise, à grand renfort « d'e-learning »(+74%) et « d'auto-diagnostics digitaux » (+216%). C'est d'ailleurs aujourd'hui une super-structure qui emploie 3.000 salariés. Ces employés ont répondu à près de 100.000 appels pour accompagner à distance les entrepreneurs, indique la banque.
Maintenir la French Tech à flot
Celle qui se présente comme « le plus gros fonds de capital-risque français » avance aussi le chiffre de 3,6 milliards d'euros d'investissements en 2020 auprès des startups de la French Tech ou des fonds en capital-risque. Tandis que les entreprises de la tech françaises se sont montrées résilientes, avec un total de 5 milliards, équivalent à 2019 sur les levées de fonds, Bpifrance a du, là aussi, renforcer son soutien pour éviter la coupure du robinet de fonds dans l'Hexagone. Sur 2020, elle communique ainsi sur une croissance de 48% de son activité en « capital innovation direct », pour moitié fourni par son fonds en Large Venture pour des financements d'entreprise plus mâtures (les séries C ou D.)
A l'inverse, sur ses mouvements en faveur des PME, la banque a changé ses priorités. Ses investissements directs dans les PME ont ainsi reculé de 7% en 2020, tout comme ses cessions de capital innovation détenues dans les PME (-83%), ses cessions de moyennes entreprises (-33%), ou ses cessions en « mid et large cap » (-27%) par rapport à 2019.
Pour encourager les Français à investir dans les entreprises innovantes et ainsi à libérer un peu d'épargne, Bpifrance avait lancé le fonds Bpifrance Entreprises 1 permettant aux particuliers d'investir, en une seule fois, dans 1.500 entreprises non cotées.
De même, le nombre de nouvelles entreprises accélérées a connu une décrue de 43% (430 sociétés contre 756 en 2019). A l'inverse, les « accélérateurs », ces réseaux d'entreprise qui se regroupent face à l'inconnu, ont, eux, été davantage soutenus, à +92% en nombre de structures.
Au rythme de la stratégie verte voulue par l'État
L'institution publique entend aussi marier, comme l'a promis le gouvernement, urgence de la relance et investissements ciblés. Sur l'année, 512 entreprises ont ainsi été financées dans les secteurs dits « stratégiques » (aéronautique, automobile), pour un montant de 420,5 millions d'euros.
Et de souligner également son virage vers les financements durables. En 2020, sur 6 milliards d'euros d'investissement, 1,7 milliard l'ont été sur les énergies renouvelables.
De même, entre 2020 et 2024, elle entend libérer 40 milliard d'euros pour « amorcer et accélérer » la transition des entreprises.
Née officiellement en janvier 2013, la BPI est détenue à 50% par l'État et à 50% par la Caisse des Dépôts. Elle réalise 90% de son produit net bancaire dans le financement (crédit) et l'investissement, sur fonds propres, les 10% restants pour le compte de l'État (subventions à l'innovation, assurance export, garantie de financement).
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