Crédit à la consommation : les prêts personnels s'effondrent

Les prêts personnels ont baissé de 27,8% au deuxième trimestre sur un an, a annoncé l'Association française des sociétés financières ce mardi. Le montant de ces crédits à la consommation non affectés à un bien en particulier est passé de 3,81 milliards d'euros entre avril et juin 2022 à 2,75 milliards d'euros sur la même période en 2023. Les établissements de crédit se révèlent plus frileux à en octroyer, dans la mesure où ils se révèlent moins rentables que d'autres produits.
Tous crédits à la consommation confondus, la production est logiquement en baisse au deuxième trimestre (-4,7%), pour un total de 12,19 milliards d'euros de nouveaux crédits
Tous crédits à la consommation confondus, la production est logiquement en baisse au deuxième trimestre (-4,7%), pour un total de 12,19 milliards d'euros de nouveaux crédits (Crédits : Pixabay/Raten-Kauf)

La mensualisation du taux d'usure n'aura pas suffi. Les prêts personnels ont encore fortement baissé au deuxième trimestre, de 27,8% sur un an, indique ce mardi 22 août  l'Association française des sociétés financières (ASF). Dans le détail, le montant de ces crédits à la consommation non affectés à un bien en particulier atteint 2,75 milliards d'euros entre avril et juin, contre 3,81 milliards d'euros à la même période l'année passée. Tous crédits à la consommation confondus, la production est logiquement en baisse au deuxième trimestre (-4,7%), pour un total de 12,19 milliards d'euros de nouveaux crédits.

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Les financements d'automobiles neuves sont par ailleurs repartis à la hausse, de 10,5% au deuxième trimestre, indique l'ASF, une « bonne performance (...) essentiellement portée par les opérations de location avec option d'achat (LOA) ». Le volume de financement total des automobiles neuves, de 2,58 milliards d'euros entre avril et juin, ne dit en revanche rien sur la capacité à rembourser des emprunteurs. L'ASF faisait en effet remarquer le 20 juillet que même si les premiers impayés se stabilisaient, « ils persistent encore dans le financement automobile ».

96,5 milliards d'euros d'encours

Le resserrement de la politique monétaire des banques centrales a entraîné une série de hausses des taux d'intérêt inédite, afin de juguler l'inflation. Résultat, les prêts personnels se révèlent bien moins rentables pour les banques et les établissements de crédit, devenus plus sélectifs.

« Malgré les mesures de mensualisation du taux de l'usure, le bilan demeure lourd pour le prêt personnel », déplorent ainsi les auteurs de l'étude mensuelle arrêtée à fin juin.

Déjà très élevé pour ce type de crédit, le taux d'usure n'a finalement que peu évolué à l'échelle du semestre, passant de 21,04% au 1er janvier à 21,45% au 1er juillet pour les prêts d'un montant inférieur ou égal à 3.000 euros. Ce taux plafond, calculé par la Banque de France destiné à protéger l'emprunteur contre le surendettement, est depuis cette année actualisé tous les mois et non tous les trimestres.

Avec près de 96,5 milliards d'euros d'encours à fin mars, les prêts personnels représentent quasiment la moitié des encours du crédit à la consommation, selon les dernières données disponibles de la Banque de France.

Chute des crédits immobiliers

La chute du montant des crédits immobiliers accordés, elle, s'est également accentuée ces derniers mois, selon des chiffres publiés par l'Observatoire Crédit Logement/CSA en juillet. Au second trimestre, la production de ces crédits s'est effondrée de 40,8% sur un an.

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Avec 150 milliards d'euros de prêts attendus pour l'ensemble de l'année 2023, elle reviendrait au niveau de 2015, avait commenté lors d'une conférence Michel Mouillart, professeur d'économie et responsable de la présentation des résultats de l'étude. Alors que la Banque de France présente souvent le ralentissement du marché comme une « normalisation » après un cycle d'année faste, celui-ci a balayé cette interprétation, évoquant « un effondrement » et non « pas un assainissement » ou « un atterrissage ».

La banque centrale et l'Observatoire s'opposent depuis plusieurs années sur les chiffres et la méthodologie. Pour 2022, l'Observatoire avait ainsi évoqué une baisse d'environ 20% tandis que la Banque de France parlait d'un repli de 3%. Si la banque centrale remonte l'ensemble des données de crédit et est donc plus précise, l'Observatoire considère que ses résultats souffrent d'un décalage de plusieurs mois avec la réalité de la situation.

Un redémarrage à l'automne ?

Selon le courtier Meilleurtaux, la demande de prêts a baissé de 20% sur un an au premier semestre, notamment du fait de la hausse des taux. Le taux moyen des nouveaux crédits immobiliers est passé de 1,20% en janvier 2021 à 3,08% en mai, selon les données de la Banque de France.

Les légères baisses des prix de l'immobilier « n'ont pas du tout compensé la baisse de la capacité d'emprunt », avait souligné Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux. Le nombre de dossiers non finançables, du fait d'un taux d'endettement bien supérieur à celui exigé par les autorités, est passé de 22% en janvier 2021 à 33% en juin 2023, selon le courtier.

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Une lueur d'optimisme cependant : « Il est probable qu'à l'automne, nous aurons atteint le fond de la piscine » et « un redémarrage lent de la production de crédit » peut être attendu pour l'été 2024, a avancé Michel Mouillart.

Selon Maël Bernier, si les taux d'intérêt sont attendus à 4% à l'automne, il est probable qu'ils se stabilisent un certain temps sur ce « palier » permettant au secteur de reprendre un peu d'air, surtout si les banques commencent à revenir sur le marché du crédit immobilier, qu'elles avaient délaissé ces derniers mois.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 23/08/2023 à 8:32
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Je croyais que les coupures de 500 euros n'etaient plus en circulation ?

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