Credit Suisse : la Banque centrale suisse veut tirer les leçons du scandale

La Banque centrale suisse entend tirer les leçons de la crise qui a secoué Credit Suisse. La cause a été selon elle « le résultat d’incidents répétés » au sein de l’ex-deuxième banque du pays. L’institution veut désormais prendre les mesures appropriées pour renforcer la capacité de résistance des banques.
Le rachat de Credit Suisse par UBS a été finalisé le 12 juin dernier, mettant un terme aux 167 ans d'histoire de l’ex-deuxième plus grande banque de Suisse.
Le rachat de Credit Suisse par UBS a été finalisé le 12 juin dernier, mettant un terme aux 167 ans d'histoire de l’ex-deuxième plus grande banque de Suisse. (Crédits : DENIS BALIBOUSE)

« Il est crucial de tirer les leçons de la crise chez Credit Suisse », écrit la Banque centrale suisse BNS dans son rapport annuel sur la stabilité financière publié ce jeudi 22 juin. En mars, l'institution a dû voler à la rescousse du numéro deux du secteur bancaire helvétique lorsqu'il a été confronté à une grave crise de confiance. Elle lui avait d'abord accordé un prêt de l'ordre de 50 milliards de francs suisses (50,9 milliards d'euros à taux actuels), puis avait participé à son sauvetage en négociant aux côtés des autres autorités suisses son rachat par UBS, mettant alors à disposition deux lignes de liquidités de 100 milliards chacune.

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Conséquence « d'incidents répétés »

Credit Suisse était pourtant classée parmi les banques considérées comme trop grosses pour faire faillite et donc soumise à des exigences plus strictes.

« Mais la cause de cette crise du Credit Suisse n'a pas été un choc macroéconomique comme présumé dans les scénarios de stress de la BNS. Plutôt, cette crise a été le résultat d'incidents répétés au sein de la banque elle-même », relève la banque centrale.

Le Credit Suisse a été secoué par des scandales à répétition, qui ont terni sa réputation. Malgré un projet de lourde restructuration, la banque n'est pas parvenue à rassurer les investisseurs lorsqu'un mouvement de panique s'est emparé des marchés mi-mars dans le sillage de la faillite de la banque américaine SVB.

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Des exigences « pas suffisantes »

Cette crise soulève plusieurs points, concernant notamment les exigences en matière de capitaux que la banque était obligée de mettre de côté pour tenir le choc en cas de crise. Si ces exigences étaient « nécessaires », elles n'étaient toutefois « pas suffisantes », selon ce rapport de la BNS qui rappelle que les ratios de Credit Suisse étaient bien plus élevés que ce qu'exige la réglementation.

Elle observe également que les obligations dites AT1, des instruments complexes mis en place après la crise financière de 2008, n'ont aidé à absorber les pertes que « lorsque le point non-viabilité était imminent » et que « l'intervention de l'État est devenue nécessaire ».

Une analyse doit donc être menée concernant les mesures applicables aux banques considérées comme trop grosses pour faire faillite, souligne la BNS.

Rachat finalisé, mais enquête en cours

Le rachat de Credit Suisse par UBS a été finalisé le 12 juin dernier, mettant un terme aux 167 ans d'histoire de l'ex-deuxième plus grande banque de Suisse. La transaction a pu être aboutie « en moins de trois mois », comme se félicitait Colm Kelleher, le président d'UBS. Reste désormais à l'intégrer. La feuille de route stratégique est claire : recentrer Crédit Suisse sur la gestion de fortune et les financements des entreprises.

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Pour autant, le chapitre sur la gestion de ce rachat n'est pas terminé. Début juin, les députés et sénateurs suisses ont approuvé la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire pour examiner la façon dont les autorités ont géré cette étape. Une procédure extrêmement rare en Suisse : il ne s'agit que de la cinquième mise en place dans l'histoire du Parlement. C'est en tout cas l'outil « le plus puissant » dont il dispose, qui « l'autorise entre autres à consulter les procès-verbaux confidentiels du Conseil fédéral et à mener de véritables interrogatoires avec des hauts responsables », d'après le quotidien suisse Le Temps.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 23/06/2023 à 8:43
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Vu les illuminés qui possèdent et détruisent le monde en ronflant...

à écrit le 22/06/2023 à 15:31
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L'intervention de la Banque Centrale Suisse n'a-t-elle pas été trop tardive? Connaissant la prudence légendaire qu'on prête au coffre fort du monde (aussi remarquable que les diamantaires d'Anvers), je me demande si je n'aurais pas intérêt à vider m...

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