Voitures électriques : Tesla chute en Bourse après l’effondrement de ses bénéfices

Les résultats de la star des véhicules électriques a déçu les investisseurs qui s’inquiètent notamment d’un effondrement de ses bénéfices. Avec une croissance mondiale qui ralentit, la valorisation boursière de l’entreprise se justifie-t-elle toujours? Quelles sont les perspectives pour les prochains mois? Explications.
Maxime Heuze
« Il est logique de sacrifier les marges pour fabriquer plus de véhicules », justifiait Elon Musk lors de la présentation des résultats de Tesla en juillet.
« Il est logique de sacrifier les marges pour fabriquer plus de véhicules », justifiait Elon Musk lors de la présentation des résultats de Tesla en juillet. (Crédits : GONZALO FUENTES)

[Article publié le 19/10, à 15h45, mis à jour à 17h50]

Avis de tempête boursière sur Tesla. Ce jeudi, lors des premiers échanges au Nasdaq, le cours de Bourse de la société d'Elon Musk a chuté de près de 7%, pour atteindre même -8,88% à 221 dollars, à 17h50, heure française. La raison de cette claque boursière est claire : des résultats financiers décevants, marqués par une dégringolade de 44% de son bénéfice net, à 1,85 milliard de dollars, et une hausse de chiffre d'affaires largement inférieure à celle qu'attendaient les analystes. La différence est de taille. Quand ces derniers tablaient en moyenne sur 24,19 milliards de dollars de chiffre d'affaires entre juillet et septembre, la société en a réalisé quasiment un milliard de moins, à 23,35 milliards de dollars.

Des chiffres inquiétants, mais qui restent à relativiser puisqu'ils « ne montrent pas une remise en cause du modèle économique de Tesla mais simplement un ralentissement conjoncturel de sa croissance », assure Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marchés chez IG France.

Une valorisation en question

L'entreprise d'Elon Musk fait avant tout les frais d'un changement de politique commerciale. Face à la baisse du nombre de véhicules vendus dans le monde et l'arrivée de challengers chinois low cost (BYD, Nio, XPeng, etc), le constructeur américain a décidé de baisser ses prix sur les modèles haut-de-gamme. En conséquence, les marges opérationnelles ont baissé passant de 17,2% au troisième trimestre 2022 à 7,6% au troisième trimestre cette année. « Il est logique de sacrifier les marges pour fabriquer plus de véhicules », justifiait le milliardaire lors de la présentation des résultats de Tesla en juillet dernier.

Un argument qui n'est pas de nature à rassurer les investisseurs. Tesla a toujours su convaincre que son modèle économique était plus proche de celui d'une Big Tech que d'un simple constructeur automobile. Bref, que c'était une valeur de croissance et non  pas une valeur cyclique.

Avec une capitalisation boursière de 770 milliards de dollars, soit 78 fois ses bénéfices estimés pour 2023, contre 5 fois pour Ford et 3 fois pour Stellantis, « on attend de ce type d'entreprises qu'elles performent quelque soit l'environnement économique », met en garde l'analyste d'IG. Une mécanique qui a justement vacillé au troisième trimestre et qui explique la réaction des marchés qui s'inquiètent des perspectives de l'entreprise.

« La valorisation stratosphérique et gros point d'interrogation. Se justifie-t-elle encore? » ajoute-t-il.

2024 sera une année difficile

Une réponse positive à cette question pourrait cependant venir de nouveaux relais de croissance brandi par la marque. Elon Musk a réaffirmé « ses livraisons de 1,8 million de véhicules pour 2023 et que les livraisons du Cybertruck (des véhicules utilitaires high-tech en cours de production, ndlr) commenceraient en novembre 2023, ce qui pourrait amener les investisseurs à regarder au-delà de la perte de chiffre d'affaires », estime Josh Gilbert, analyste de marchés chez eToro, dans une note.

Un optimisme cependant pas partagé par Alexandre Baradez qui rappelle que « Musk a aussi prévenu qu'il faudra du temps pour que ces camions soient produits et que cela se voit dans les résultats de l'entreprise », amenant l'analyse d'IG a penser que le cours de Tesla va stagner pendant les prochains mois.

Mauvais temps sur la tech américaine

Assommé par un contexte difficile, Tesla plie en cette deuxième moitié d'année, mais il est loin d'être le seul. Lors de la publication de son résultat du troisième trimestre décalé, le 3 août, Apple a affiché un bénéfice net en augmentation de 2,3 % sur un an mais un chiffre d'affaires en baisse de 1,4 %. En Europe, c'est le luxe, secteur de croissance par excellence, qui fait les frais du ralentissement de la consommation mondiale. LVMH a notamment dévissé de 6,8% lors de la séance du 11 octobre, après la publication d'un chiffre d'affaires moins bon qu'attendu au troisième trimestre.

Lire aussiBourse: la baisse des ventes de LVMH annonce des mois difficiles pour le luxe

Netflix retrouve le sourire

Toute la tech ne fait cependant pas grise mine. Après avoir connu une traversée du désert durant toute l'année 2022 et avoir dû augmenter ses tarifs et limiter les partages de comptes, le géant du streaming a enregistré la plus forte croissance trimestrielle du nombre d'abonnés en trois ans, portant sa base d'abonnés à près de 250 millions. Les bénéfices, les revenus, les marges et le flux de trésorerie disponible ont aussi tous dépassé les estimations des analystes pour le trimestre. « Le changement de stratégie (opéré l'année dernière, ndlr) a entraîné l'une des meilleures croissances que Netflix ait connues depuis le boom de la pandémie », salue Josh Gilbert.

Maxime Heuze

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Commentaires 10
à écrit le 19/10/2023 à 18:06
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Avoir réussi à convaincre les analystes que Tesla était une " Big Tech ' :chapeau l'artiste ! Ou carton rouge , les analystes ?

à écrit le 19/10/2023 à 17:59
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Moi je le boycotte il est anti démocratique et raciste.

le 19/10/2023 à 18:58
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Développé ? En quoi serait-il raciste ? Et en Quoi serait-il anti-démocratique ?

le 19/10/2023 à 18:59
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Développé ? En quoi serait-il raciste ? Et en Quoi serait-il anti-démocratique ?

à écrit le 19/10/2023 à 17:59
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Tesla comme constructeur de voiture ne m'a jamais trop inspiré. Les acheteurs à travers le Monde sont habitués aux marques traditionnelles présentes depuis des décennies, garanties d'un savoir faire, d'un réseau et d'une multitude de points d'entre...

à écrit le 19/10/2023 à 16:55
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Nio n'est pas du tout low-cost. "Tesla a toujours su convaincre que son modèle économique était plus proche de celui d'une Big Tech que d'un simple constructeur automobile. Bref, que c'était une valeur de croissance et non pas une valeur cyclique."...

le 19/10/2023 à 18:09
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Et donc…

le 19/10/2023 à 19:18
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Et donc jusqu'à 2028-2030 on ne saura pas si la valeur actuelle de Tesla est justifiée ou pas parce que la conduite autonome et la rentabilisation des données ne sont pas pour le prochain trimestre

à écrit le 19/10/2023 à 16:32
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Donc jusqu'à présent, Tesla vendait ses voitures trop cher ...

à écrit le 19/10/2023 à 16:22
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Quant on sait que les ventes de tesla sont en grande partie possibles grâce aux subventions à l'achat (donc grâce aux impôts des citoyens qui versent à Musk un part de leurs revenus sans contrepartie aucune), ces résultats sont pitoyables.

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