Bourse : la baisse des ventes de LVMH annonce des mois difficiles pour le luxe

Pour la première fois depuis la crise du Covid en 2020, le numéro un mondial du luxe, LVMH, n'a pas atteint au troisième trimestre une croissance à deux chiffres, comme attendu par le marché. La sanction a été immédiate en Bourse alors même que la multinationale ne cesse de dégringoler depuis juillet dernier et que les prochains mois s'annoncent difficiles.
Maxime Heuze
LVMH a affiché un chiffre d'affaires en hausses de 9% entre le deuxième et le troisième trimestre contre 11% attendus.
LVMH a affiché un chiffre d'affaires en hausses de 9% entre le deuxième et le troisième trimestre contre 11% attendus. (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)

L'avertissement est sévère: le groupe du luxe a publié un chiffre d'affaires de près de 20 milliards d'euros au troisième trimestre, en hausse de 14% par rapport à la même période de l'année dernière et de 9 % « seulement » par rapport au trimestre précédent, une performance qui a déçu les analystes financiers qui tablaient sur une progression de 11 % par rapport aux trois derniers mois.

« Il s'agit du premier trimestre en dessous des attentes depuis plusieurs années et, surtout, de la première fois depuis 2020 que la société n'affiche pas une hausse de chiffre d'affaires à deux chiffres », alerte Antoine Fraysse-Soulier, analyste financier chez le courtier eToro.

Ni une, ni deux, le titre a été sanctionné et a dévissé de 8% à l'ouverture de la Bourse, ce mercredi, avant de limiter sa perte à 6,8% vers 16h30, à 686 euros. « Il y avait tellement d'ordres de vente à l'ouverture de la Bourse que la cotation du titre a été retardée de 2-3 minutes ce matin », détaille l'analyste. En revanche, pour une fois, le CAC 40 a fait preuve de résistance face à la chute de ce poids lourds de la cote.

Des marchés très volatils

Cette mauvaise nouvelle intervient à un moment où la volatilité fait son grand retour sur les marchés actions. Le groupe ferroviaire Alstom en a d'ailleurs fait les frais le 5 octobre dernier lorsque le cours de son action a chuté de 40% en seule séance pour avoir révisé à la baisse ses objectifs, contrairement aux annonces faites cet été par le groupe. Hier, la valeur moyenne Euroapi dans le secteur de la santé s'est, à son tour, effondrée de 60% après un avertissement sur résultats.

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Ces mouvements brutaux témoignent d'une certaine nervosité des investisseurs en ce début de saison de résultats trimestriels alors que la conjoncture se dégrade en zone euro et que la Chine peine à relancer son économie.

« L'inflation, couplée aux hausses de taux, et au ralentissement économique menace de faire un effet ciseau sur les entreprises (et de diminuer leurs ventes et leurs marges, ndlr) », explique Alexandre Baradez, responsable des analyses de marchés chez le courtier IG France.

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Une valeur chère, attendue au tournant

A noter, la baisse du titre LVMH ne date pas d'aujourd'hui. « Une partie des investisseurs s'attendaient à des résultats moins bons que le consensus », rappelle l'analyste d'IG. L'action a, en effet, cédé 23% depuis son pic de l'année, le 14 juillet dernier, soit presque 80 milliards d'euros de capitalisation envolés en trois mois. Et le dégonflement de la valeur pourrait continuer.

« Sur un horizon de 3 à 6 mois, si l'activité économique de la Chine et sa consommation ne redémarre pas, et si l'activité américaine diminue, le luxe devrait continuer à en pâtir », prévient Antoine Fraysse-Soulier.

Un scénario qui s'explique la chute du titre qui n'est plus désormais valorisé « que » 22 fois ses bénéfices 2023, contre un ratio cours sur bénéfices moyen du CAC 40 de 13 fois. Une baisse jugée saine par les analystes. « La valorisation revient progressivement à un niveau raisonnable par rapport aux perspectives du groupe », avance Alexandre Baradez qui estime que les investisseurs pourraient même revenir à l'achat sur le titre d'ici mi-2024.

Inquiétudes sur le luxe

Touchées par les mêmes facteurs conjoncturels, L'Oréal et Hermès résistent étonnamment avant la publication de leurs résultats trimestriels. Mais « les résultats de LVMH n'augurent rien de bon pour les autres sociétés du luxe et nous pouvons attendre de nouvelles  déceptions », met en garde l'analyste d'eToro. D'autant que certaines valeurs du luxe sont encore toujours très bien valorisées.

A ce jour, L'Oréal  se traite à 32 fois ses bénéfices 2023 et Hermès 45 fois !  « Hermès pourrait baisser beaucoup plus au vu de son prix actuel », lâche de son côté, l'analyste d'IG. Une crainte qui se confirmera, ou non, le 24 octobre, date de publication trimestrielle du groupe.

Maxime Heuze

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Commentaires 6
à écrit le 15/01/2024 à 10:28
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Remercie fiston d et avoir mis macron au pouvoir hihihihihi

à écrit le 12/10/2023 à 9:29
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C'est plus une peur panique des investisseurs qu'un mauvais résultat du luxe qui ne peut que reculer en cette forte chute du pouvoir d'achat. Actionnaires complètement conditionnés par leur besoin vital de toujours plus posséder toujours plus vite et...

à écrit le 12/10/2023 à 0:46
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BA va perdre son titre de "plus riche du monde" ? C'est ballot...

le 12/10/2023 à 17:17
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@PM: Je préfère dire "son cours" à "son titre", car si la fortune est évaluée au cours de bourse, les titres font Ancien Régime.

à écrit le 11/10/2023 à 19:25
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il suffit de prendre un peu de recul et de réaliser que ce luxe après lequel courent tous les citoyens-consommateurs lamda, c'est pas essentiel dans la vie. En acheter prouve avant tout que l'on est un être faible et manipulable.

à écrit le 11/10/2023 à 18:54
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Oh, après une croissance en berne, le marché corrige la survalorisation de LVMH occasionée par ses précédents rachats d'actions propres? C'est moche🤣

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