« Le plus dur : convaincre nos actionnaires » : Canovia, une banque d'affaires devenue entreprise à mission

Ni comptable, ni notaire, Canovia - située à Dijon - a décidé de mettre sa capacité d’analyse financière au service des projets à impacts, qui ont du sens. Cette banque d'affaires est la seule en Bourgogne-Franche-Comté à cumuler la certification B-Corp et le statut de société à mission.
(Crédits : Canovia)

« La finance n'est ni bien, ni mal. Ce n'est qu'un outil de mesure. Elle n'est jamais la réalité pure mais elle permet de s'en approcher », souligne Marc-Antoine Seris, PDG de Canovia, fondé en 2007. Son approche historique par les mathématiques et les statistiques l'amène à proposer à ses clients investisseurs plusieurs scénarios possibles en prenant en compte les besoins de chacun et les impacts à long terme.

« Par exemple, lors d'une transmission de vignoble, devant le pater familias, les membres d'une même famille n'osent pas exprimer leurs besoins personnels. Grâce à notre approche sociale, nous effectuons des entretiens individuels pour déterminer quelles seraient les solutions les plus durables, avec différentes possibilités financières afin que chacun puisse se projeter sur l'avenir », explique Mathilde Julien, responsable offre transition et conseil en RSE.

Là où un cabinet notarial donnerait la solution la plus rentable à court terme. « Parfois, le client lui-même a besoin d'un temps de maturation pour se projeter dans son avenir. L'idée est que le projet perdure et que chacun y trouve son compte », poursuit Mathilde Julien.

Un repositionnement vers les PME ET ETI de la région

À sa création en 2007, Canovia était un cabinet d'expert-comptable mais depuis quelques années, son dirigeant a eu la volonté de structurer son entreprise pour répondre à une offre « 360 degrés » afin de couvrir tous les besoins des entreprises, situées sur un segment géographique Paris-Lyon.

L'entrepreneur, profondément engagé dans une démarche RSE, choisit un positionnement régional et vise l'accompagnement des PME et ETI, après avoir fait ses preuves auprès des grands groupes internationaux. Sa cible ? Ceux qui sont convaincus qu'il faut avoir des actions plus responsables mais qui n'ont pas le temps de s'en occuper car ils ont d'autres préoccupations immédiates.

Marc-Antoine Seris et son équipe mettent ainsi leurs connaissances en stratégies financières au service des PME et ETI. « Nous étions très forts à l'international mais quasi inexistant au niveau régional ». Appartenant à André Le Groupe, Canovia, reste toutefois indépendante dans son fonctionnement du fait, notamment, de son statut de société à mission.

Un financier qui devient société à mission

Certifié B-Corp - une des plus exigeantes en matière de développement durable - depuis l'été dernier, Canovia fait partie des pionnières dans la région. La banque d'affaires était la première en Côte-d'Or et la deuxième en Bourgogne-Franche-Comté.

En 2020, lorsque la Loi PACTE a permis aux entreprises d'inscrire dans leur statut leur volonté d'avoir comme principale objectif une mission sociétale, Marc-Antoine Seris s'est naturellement engagé dans le processus pour devenir société à mission. Presqu'une formalité administrative pour l'entrepreneur qui avait déjà coché toutes les cases. « Le plus dur a été de convaincre les actionnaires », note-il.

Dès le départ, sa philosophie était de « faire en sorte que la finance soit un outil de développement économique dans le respect des communautés et de l'environnement. » L'entreprise fonctionne « en mode projet » pour aller chercher les compétences nécessaires en fonction de chaque client. Juristes, contrôleurs de gestion, responsables RSE et financiers travaillent ensemble. « Ce qui est reconnu par nos clients, c'est la précision de l'accompagnement », souligne Mathilde Julien.

Des solutions de financements éthiques

Si Canovia est identifiée en tant que banque d'affaires, son métier n'est toutefois pas la vente de détails. « Nous sommes une banque car nous avons la capacité de trouver les meilleurs moyens de financement éthique, soit en passant de manière classique par les banques, soit en construisant nous-même les outils de financement », précise Mathilde Julien.

Par exemple, pour les activités viticoles, Canovia a développé un groupement foncier viticole géré par une plateforme. « Cet outil s'adresse aux vignerons qui ont besoin d'investir. Jusqu'alors une des solutions était de vendre une partie de leur terrain », explique Mathilde Julien. « Ce qui est dommage car les vignerons morcellent leur patrimoine, souvent racheté par des étrangers », poursuit-elle.

En permettant de faire rentrer des associés et des particuliers au capital de leur société avec du cash, les vignerons peuvent ainsi investir rapidement. Quant aux associés, ils ne peuvent prendre en dividende ... que des bouteilles ! « Notre solution permet de maximiser le profit tout en assurant aux vignerons de faire leur travail dans de bonnes conditions », constate Mathilde Julien.

Canovia gère ainsi une douzaine de groupements fonciers viticoles sur cette plateforme. Un véritable outil financier au service du développement d'un territoire.

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Commentaire 1
à écrit le 31/03/2022 à 8:13
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"La finance n'est ni bien, ni mal. Ce n'est qu'un outil de mesure." Écoutez votre démarche est sympa, essayer de réveiller les vieilles momies financières étant particulièrement courageux mais un minimum de clairvoyance concernant votre matière perme...

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