Affaire des pièces de moteurs d'avion falsifiées : Safran va pouvoir évaluer l'ampleur du problème

La société britannique AOG Technics, soupçonnée de falsification de documents de certification de pièces de moteurs d'avion, a remis la documentation exigée par un juge britannique à CFM International, la coentreprise du Français Safran et de l'Américain GE. À ce stade, 126 moteurs contenant des pièces fournies par AOG Technics ont été identifiés, 16 dans les ateliers de maintenance de CFM, et 110 dans des ateliers tiers.
Les moteurs concernés équipent aussi bien les Airbus A320 que les Boeing 737 NG.
Les moteurs concernés équipent aussi bien les Airbus A320 que les Boeing 737 NG. (Crédits : Edgar Su)

Un mois après la découverte par Safran et GE Aerospace de pièces dont les documents de certification auraient été « falsifiés », la coentreprise formée par les deux motoristes, baptisée CFM, va enfin pouvoir mesurer l'étendue du problème.

Pour rappel, l'été dernier, Safran et GE Aerospace avaient été alertés par une compagnie et un atelier de maintenance au sujet d'une pièce de rechange de CFM56 « un peu étonnante », d'après les mots du directeur général de Safran, Olivier Andriès. Le certificat indiquait pourtant que la pièce en question avait été fabriquée chez CFM International.

« Nous avons découvert que ce n'était pas le cas et que le document était faux. Nous avons tout de suite alerté les autorités de certification, la FAA (Administration fédérale américaine de l'aviation) et l'AESA (Agence européenne de la sécurité aérienne) qui ont lancé une enquête », avait alors expliqué le directeur général de Safran.

Les pièces en question proviennent d'un fournisseur britannique, la société AOG Technics, « une société que nous ne connaissions pas, sans aucun lien avec CFM International », avait encore assuré Olivier Andriès. En demandant à toutes les compagnies aériennes de faire remonter l'éventuelle présence de « pièces suspectes » venues de cette entreprise, les autorités ont découvert que « cet acteur technique avait livré un certain nombre de pièces à un certain nombre d'ateliers et que toutes ces pièces avaient été livrées avec des documents falsifiés », selon le patron de Safran.

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GE Aerospace et Safran ont ainsi porté plainte contre l'entreprise britannique et la première audience s'est tenue le 20 septembre. La Haute cour de Londres avait donné jusqu'à cette date à AOG Technics, soit 14 jours, pour remettre au fabricant de moteurs d'avions CFM la documentation devant permettre de déterminer le périmètre des pièces de moteur vendues avec des documents falsifiés. C'est désormais chose faite. La coentreprise a indiqué, dans la soirée du mercredi 4 octobre, examiner cette documentation.

126 moteurs contenant des pièces fournies par AOG Technics identifiés

Les moteurs concernés sont de type CFM56, produits par CFM International. Ils équipent aussi bien les Airbus A320 que les Boeing 737 NG. Ils ont été produits à 34.000 exemplaires en une trentaine d'années, dont 22.600 sont encore en service.

« Nous travaillons en lien étroit avec les compagnies aériennes afin qu'elles puissent rapidement retirer les pièces non-autorisées de leurs moteurs, en cohérence avec les recommandations formulées par les autorités de régulation », l'EASA européenne et la FAA américaine, souligne CFM.

L'AESA a, en effet, exigé des propriétaires ou exploitants d'avions et des organismes de maintenance qu'ils « inspectent leurs archives pour déterminer si des pièces d'appareils ou de moteurs ont été obtenues auprès d'AOG Technics, directement ou indirectement », et qu'ils vérifient l'authenticité de leurs certificats. En cas de falsification avérée, « toute pièce concernée devrait être mise à l'écart pour empêcher son installation », a ajouté l'EASA. Si les pièces sont déjà installées, l'agence recommande de les remplacer par des pièces approuvées.

À ce stade, 126 moteurs contenant des pièces fournies par AOG Technics ont été identifiés, 16 dans les ateliers de maintenance de CFM, et 110 dans des ateliers tiers. Néanmoins, aucune documentation falsifiée liée à des pièces à durée de vie limitée, les plus critiques, n'a été identifiée. La majorité des pièces concernées sont des pièces ne disposant pas de numéro de série comme les boulons, écrous, rondelles, joints et bagues, selon CFM.

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Aucune documentation falsifiée liée à des pièces à durée de vie limitée

En outre, les pièces en question qui se sont retrouvées dans les 16 moteurs entretenus dans les ateliers de CFM ont été acquises soit directement auprès d'une entité de CFM, soit auprès de fournisseurs ayant acquis des pièces auprès d'AOG Technics puis les ayant revendues à CFM sans savoir que leur documentation était falsifiée, selon le motoriste. À noter que les ateliers de maintenance du motoriste s'équipent en pièces détachées auprès de 587 fournisseurs tiers ou directement auprès de CFM.

Mais l'ampleur réelle de cette affaire pourrait bien ne pas encore être totalement connue et cela ne sera sans doute pas le cas avant la fin de l'enquête de la FAA et de l'AESA, et de la procédure judiciaire.

(Avec AFP)

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