Boeing : le régulateur pointe des « problèmes de non-conformité » chez le constructeur, mais pas que...

L'Agence américaine de l'aviation (FAA) a mené un audit de six semaines chez Boeing et chez son sous-traitant Spirit Aerosystems, après l'incident survenu le 5 janvier dernier. Ce jour-là, une porte-bouchon d'un Boeing 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines s'est détachée de la carlingue quelques minutes après le décollage.
Le 5 janvier dernier, une porte-bouchon d'un Boeing 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines s'est détachée de la carlingue quelques minutes après le décollage (Photo d'illustration).
Le 5 janvier dernier, une porte-bouchon d'un Boeing 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines s'est détachée de la carlingue quelques minutes après le décollage (Photo d'illustration). (Crédits : PETER CZIBORRA)

Des « problèmes de non-conformité » ont été repérés dans le contrôle de production du constructeur aéronautique américain Boeing et de son sous-traitant Spirit Aerosystems, a indiqué l'Agence américaine de l'aviation (FAA), lundi.

« La FAA a identifié des problèmes de non-conformité dans le processus de contrôle de fabrication, la manipulation et le stockage des pièces détachées et le contrôle de la production », a-t-elle expliqué dans un communiqué.

L'audit de six semaines mené chez Boeing et chez Spirit Aerosystems - son sous-traitant, qui lui fournit en particulier des fuselages  -, a mis en évidence de « multiples exemples dans lesquels les entreprises ne se sont apparemment pas conformées aux requis en matière de qualité de contrôle de production », a pointé la FAA.

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« Plan d'action complet »

Pour rappel, la procédure a été lancée après l'incident survenu le 5 janvier dernier. Ce jour-là, une porte-bouchon d'un Boeing 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines s'est détachée de la carlingue quelques minutes après le décollage. Dans la foulée, tous les appareils de cette configuration avaient été cloués au sol - soit 171 appareils au total - et le régulateur aérien avait alors lancé, entre autres mesures, un audit sur le processus de production du géant américain. Ce dernier a signalé plusieurs problèmes de production en 2023.

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Interrogé sur le point d'étape publié lundi par la FAA, Boeing a simplement renvoyé aux déclarations de son patron Dave Calhoun, après sa rencontre le 27 février avec Mike Whitaker, patron du régulateur.

« Grâce aux journées de sensibilisation à la sécurité, aux découvertes de l'audit de la FAA et au récent rapport d'experts, nous avons une vision claire de ce qui doit être fait », avait réagi Dave Calhoun.

Le mois dernier, il avait confirmé l'élaboration prochaine d'un plan d'action « avec des critères d'évaluation illustrant le profond changement réclamé par la FAA ». La direction est « totalement mobilisée pour réussir ce défi », avait-il ajouté. Lors de cette rencontre, Mike Whitaker, lui, avait prévenu les dirigeants du groupe que Boeing devait s'engager à réaliser des « améliorations réelles et conséquentes », avait indiqué la FAA.

Le constructeur doit notamment remettre au régulateur, d'ici 90 jours, un « plan d'action complet pour remédier à ses problèmes systémiques de contrôle qualité afin d'atteindre les standards de sécurité non négociables de la FAA », avait précisé Mike Whitaker.

Boeing et Spirit AeroSystems en discussions

Ce plan, avait-il ajouté, devra incorporer les conclusions de l'audit de la FAA, ainsi que les recommandations d'une commission d'experts indépendants, dont le rapport a été publié le 26 février. Ces derniers ont conclu que le dispositif de Boeing en matière de sécurité présentait des lacunes, relevant notamment des procédures « complexes » semant parfois la « confusion » chez les salariés. Ils ont édicté 53 recommandations pour remédier à leurs 27 constatations insatisfaisantes.

Le point d'étape du régulateur américain en ce début de semaine intervient alors que, vendredi dernier, les groupes aéronautiques américains Boeing et Spirit AeroSystems ont confirmé mener des discussions préliminaires en vue du rachat par le constructeur de son sous-traitant.

« Nous travaillons étroitement avec Spirit AeroSystems et sa direction pour renforcer la qualité des avions commerciaux que nous fabriquons ensemble », avait indiqué Boeing dans un communiqué le 1er mars, confirmant une information du Wall Street Journal.

« Nous confirmons que notre collaboration a abouti à des discussions préliminaires pour que Spirit Aerosystems fasse de nouveau partie de Boeing », avait poursuivi le groupe, soulignant que rien ne garantissait, à ce stade, qu'un accord serait conclu.

« Nous sommes déterminés à trouver des façons de continuer à améliorer la sécurité des avions dont dépendent des millions de personnes chaque jour », avait-il insisté. Toujours selon Boeing, « la réunification (...) des opérations de production renforcerait davantage la sécurité de l'aviation, améliorerait la qualité et servirait les intérêts de nos clients, employés et actionnaires ».

Dans un communiqué distinct, Spirit avait également confirmé ces discussions, tout en précisant qu'il n'existait « aucune assurance sur le fait qu'un accord définitif serait conclu, ni qu'une transaction serait finalisée ». Il n'y a pas non plus de « calendrier, ni de clauses ou conditions concernant une telle transaction », avait ajouté l'entreprise.

Cette dernière avait assuré que son conseil d'administration et son équipe de direction étaient « décidés à améliorer la valeur pour les actionnaires et à examiner régulièrement les opportunités de l'entreprise pour alimenter cet objectif ». La société a indiqué ne pas avoir l'intention de s'exprimer davantage sur les discussions, à moins que ce ne soit réglementairement obligatoire. Boeing est - de loin - le plus important client de Spirit, dont les revenus provenaient à 60% de l'avionneur américain en 2022.

(Avec AFP)

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Commentaires 6
à écrit le 05/03/2024 à 19:58
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Non conformité? Le sous traitant devait savoir qu'une porte doit être tenue fermée à trente mille pieds et qu'elle DOIT être verrouillée depuis le décollage jusqu'à l'atterrissage.

à écrit le 05/03/2024 à 11:16
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Ouhlala, manifestement il y a quelque chose qui cloche chez Boeing : normalement le controle interne est en mesure d'avertir lorsqu'il y a des non conformités. Et la il faut en passer par la FAA ? Si la direction fait son travail, des têtes vont tomb...

le 05/03/2024 à 12:15
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Cela existe ailleurs pas vu pas pris , souvenez vous de l'affaire Kerviel et de la Société Générale quand tout allait bien la direction laissait faire son trader ... et après Kerviel a servi de bouc émissaire l

à écrit le 05/03/2024 à 11:16
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Ouhlala, manifestement il y a quelque chose qui cloche chez Boeing : normalement le controle interne est en mesure d'avertir lorsqu'il y a des non conformités. Et la il faut en passer par la FAA ? Si la direction fait son travail, des têtes vont tomb...

à écrit le 05/03/2024 à 7:43
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Tiens j'ai vu une pub pour des billets d'avions qui vont partout en europe à 36 euros. En train cela couterait au moins mille. Comment expliquer un tel écart de prix si ce n'est que nos dirigeants sont nuls, faibles et compromis ?

le 05/03/2024 à 11:00
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36 euros, pour tout le monde ou juste pour remplir au maximum les avions (le train (l'avion aussi, je crois, et Corsica Fer* d'après mes relevés), fait habituellement du 'yield managment' rendant les places restantes très chères pour ceux s'y prenant...

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