Boeing : nouvelle enquête après la perte de contrôle d'un 787 Dreamliner en plein vol

Les autorités de supervision de l'aviation civile ont commencé à enquêter, ce mardi, sur un « incident technique » dans un Boeing de la compagnie chilienne Latam à destination de la Nouvelle-Zélande qui a violemment perdu de l'altitude en plein vol lundi, blessant de nombreux passagers.
Un Boeing 787 Dreamliner a rapidement perdu de l'altitude au-dessus de la mer de Tasmanie, propulsant au plafond tous les passagers qui n'étaient pas attachés.
Un Boeing 787 Dreamliner a rapidement perdu de l'altitude au-dessus de la mer de Tasmanie, propulsant au plafond tous les passagers qui n'étaient pas attachés. (Crédits : Reuters)

Boeing enchaîne les incidents. Des passagers ont rapporté qu'un Boeing 787 Dreamliner opéré par la compagnie chilienne Latam entre Sydney et Auckland, avait rapidement perdu de l'altitude au-dessus de la mer de Tasmanie lundi soir, propulsant au plafond tous ceux qui n'étaient pas attachés.

« Cela n'a duré qu'une fraction de seconde », a indiqué Lucas Ellwood, un cuisinier basé à Auckland, qui se trouvait à bord du vol LA800. « Les personnes projetées vers le plafond ont endommagé la paroi », a-t-il expliqué mardi à l'AFP. « Le gars derrière moi était dans les toilettes quand c'est arrivé, le pauvre. Il m'a dit qu'il avait traversé le plafond. »

Brian Jokat, un autre passager, a raconté avoir vu un passager projeté au plafond retomber lourdement et se cogner les côtes sur un accoudoir. « Il était au plafond, sur le dos, et me regardait. C'était comme dans (le film) "L'Exorciste" » , a-t-il déclaré à la radio publique Radio New Zealand. Selon ce passager, le pilote s'est rendu auprès des passagers après l'atterrissage. « Je lui ai demandé ce qui s'était passé et il m'a répondu "j'ai perdu brièvement mes instruments de bord et ils sont revenus tout d'un coup" », a-t-il dit.

Quatre passagers sont toujours hospitalisés

Une cinquantaine de patients ont été soignés après l'atterrissage à Auckland et quatre personnes étaient toujours hospitalisées mardi matin, ont indiqué les autorités sanitaires à l'AFP. « Seuls un passager et une membre d'équipage ont subi des blessures qui ont nécessité des soins supplémentaires mais leur pronostic vital n'est pas engagé », a précisé la compagnie.

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Il y avait 263 passagers et neuf membres d'équipage de cabine à bord lorsque l'avion « a subi un incident technique pendant le voyage qui a provoqué un fort mouvement », a indiqué la compagnie chilienne sans plus de précision. Les passagers seront transférés à Santiago du Chili, leur destination finale, « à bord d'un nouveau vol (LA1130) le 12 mars », précise la compagnie qui « réaffirme son engagement en faveur de la sécurité ».

Latam a indiqué mardi travailler « en coordination avec les autorités compétentes pour enquêter sur l'incident ». De son côté, la direction chilienne de l'aviation civile a précisé que des enquêteurs néo-zélandais mèneraient l'enquête sur cet incident, avec l'aide du Chili. « Les enregistrements de vol seront essentiels pour comprendre cet incident. Ils indiqueront aux enquêteurs s'il s'agissait d'un événement atmosphérique ou d'un problème technique avec l'avion », a déclaré à l'AFP Joe Hattley, enquêteur sur la sécurité des accidents aériens. Les données de FlightAware, outil de suivi des compagnies aériennes, montrent que l'avion a perdu de l'altitude environ deux heures après le décollage.

Une série de dysfonctionnements

« Nous travaillons à rassembler plus d'informations sur le vol et nous fournirons tout le soutien nécessaire à notre client », a déclaré Boeing dans un communiqué transmis à l'AFP. Cet incident survient après une série de dysfonctionnements sur des appareils Boeing.

Début janvier, une porte d'un Boeing 737 MAX 9, de la compagnie Alaska Airlines s'est détachée quelques minutes après le décollage, faisant quelques blessés légers. Les 737 MAX avaient auparavant été cloués au sol pendant près de deux ans après les crashs de deux appareils, le premier, fin 2018, de la compagnie indonésienne Lion Air, le second, début 2019, de la compagnie éthiopienne Ethiopian Airlines, entraînant plus de 350 morts. Dans les deux cas, un problème lié à un nouveau logiciel était à l'origine des crashs. La semaine dernière, un Boeing 777 de United Airlines a dû effectuer un atterrissage d'urgence peu après son décollage de San Francisco, une roue s'étant détachée avant de heurter des voitures sur un parking de l'aéroport.

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Boeing dans le viseur des autorités de régulation aériennes américaines

Par ailleurs, au début du mois, les autorités de régulation aériennes américaines ont donné à Boeing 90 jours pour présenter un plan visant à résoudre des problèmes de contrôle de la qualité, le responsable de l'administration fédérale de l'aviation (FAA) exhortant l'entreprise à « s'engager à apporter des améliorations réelles et profondes ». Et mercredi dernier, la patronne de l'agence américaine de sécurité des transports (NTSB) a estimé que Boeing n'était pas assez coopératif dans l'enquête sur l'incident survenu le vol Alaska Airlines. Selon le rapport préliminaire de la NTSB publié le 6 février, quatre boulons censés bloquer la porte étaient manquants. Ils avaient été retirés pour effectuer des réparations dans l'habitacle de l'avion entré en service en novembre.

« Certaines parties ont été très coopératives, comme l'Agence américaine de l'aviation » (FAA), a déclaré Jennifer Homendy, lors d'une audition devant une commission du Sénat des Etats-Unis à Washington. Mais « Boeing n'a pas fourni les documents et les informations que nous avons réclamés à plusieurs reprises au cours des deux derniers mois », a-t-elle affirmé. Après ces reproches, le constructeur a assuré avoir « travaillé pro-activement et de manière transparente pour soutenir complètement l'enquête de la NTSB », précisant que ses équipes travaillaient « sans relâche pour apporter une réponse complète aux demandes » des enquêteurs.

Boeing s'est aussi dit prêt à racheter son sous-traitant Spirit pour tenter de mettre fin aux déboires du 737 MAX.

Les compagnies conservent leur confiance

Tous ces incidents ont coûté son poste au responsable du programme 737, Ed Clark. Katie Ringgold, qui était vice-présidente en charge des opérations de livraison des 737, lui succède.

Le constructeur reste néanmoins un partenaire incontournable des compagnies qui passent outre tous ces déboires. Ainsi lundi 4 mars, American Airlines a passé une mégacommande de 260 avions monocouloirs répartie entre  Airbus, l'américain Boeing et le brésilien Embraer. La compagnie a commandé 85 exemplaires de la plus grande version du 737, le MAX-10, qui n'est pas encore certifié, pour un prix catalogue de plus de 11,5 milliards de dollars. Outre les 85 MAX-10 commandés, le contrat avec Boeing prévoit également la conversion d'une précédente commande de 30 MAX-8, plus petits, en MAX-10 et des options d'achat pour 75 appareils supplémentaires. American Airlines exploite déjà 59 exemplaires du 737 MAX et en a 71 autres en commande.

Néanmoins, Mickael O'Leary, le patron de Ryanair, a tancé les retards de livraisons du 737 MAX dus à ces problèmes de qualité. Il demande désormais publiquement des compensations.

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Commentaires 2
à écrit le 12/03/2024 à 15:07
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De mieux en mieux ça devient quotidien

à écrit le 12/03/2024 à 7:51
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270 millions d'accidents du travail dans le monde, en France des jeunes toujours plus exposés, des très jeunes. Mais faut construire toujours plus toujours plus vite et donc toujours moins bien.

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