Défense : boosté par le réarmement de la France, Solarmtex fabriquera 3.000 remparts anti-drones pour l'armée française

Le spécialiste du textile technique pour la défense Solarmtex vient de se voir confier la fabrication plusieurs milliers filets de camouflage ultra-sophistiqués. Ce méga-marché pourrait faire changer la PME berrichonne de dimension.
Les filets de camouflage de Solarmtex rendent hommes et matériels pratiquement indétectables y compris par les drones dont l'utilisation se généralise dans les conflits armés, à l’instar de l’Ukraine.
Les filets de camouflage de Solarmtex rendent hommes et matériels pratiquement indétectables y compris par les drones dont l'utilisation se généralise dans les conflits armés, à l’instar de l’Ukraine. (Crédits : ( © Solarmtex))

Le réarmement de la France grâce à deux lois de programmation militaires (2019-2023 puis 2024-2030) qui traduisent la belle croissance des crédits du ministère des Armées, a des répercussions directes sur l'activité des entreprises sous-traitantes de la défense. Ainsi, la société Solarmtex, basée à Vierzon dans le Cher, réalisera quelque 3.000 filets de camouflage multispectral pour le compte de l'équipementier suédois Saab Barracuda, vainqueur d'un récent appel d'offres lancé en 2023 par l'armée française.

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Dans le détail, le marché s'étalera sur trois ans et représentera un volume d'affaires total de 20 millions d'euros. Intégrant une haute technicité, ces filets, prévus pour les théâtres extérieurs d'intervention des forces hexagonales, se déploient sur une surface de 80 à 200 m2. Ils permettent d'une part de dissimuler les troupes terrestres, les véhicules et matériel des caméras infra-rouges et des radars embarqués ou non sur des drones, et d'autre part d'effacer toute signature thermique de cette présence.

« Le conflit actuel en Ukraine montre à quel point l'utilisation massive des drones rend très vulnérables les soldats, constate Yann Ilacqua, président de Solarmtex. Dans ce contexte, nos équipements constituent donc un rempart visuel efficace ».

Si le dirigeant ne précise pas si ses filets de camouflage doteront à l'avenir les forces ukrainiennes soutenues matériellement par la France et l'Europe, il table sur un fort développement de ce type de protection à court et moyen terme sur les différents champs d'opérations de nos forces.

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Bâtiment supplémentaire de 1.000 m2

Fondée en 1993 à Vierzon dans le Cher, département qui compte plusieurs poids lourds de l'armement comme le missilier MDBA ainsi que le spécialiste de l'armement terrestre Nexter, Solarmtex a été rachetée en 2010 par son propriétaire actuel, Yann Ilacqua. Cet ancien cadre dans l'informatique a largement redressé l'entreprise qui était alors proche de la cessation d'activité.

Solarmtex, qui opère aussi un second site à Issoudun et emploie au total 70 salariés, fabrique une gamme textile complète à destination de la Défense, mais aussi pour des clients civils. Figurent ainsi dans son catalogue notamment des bagages, des tentes, des bâches, des aménagement intérieurs de véhicules militaires et des toiles de parachutes.

La production de filets de camouflage, qu'elle distribuait déjà pour le compte de Saab Barracuda, constitue donc une nouvelle ligne de produits. Pour assurer sa production, qui démarrera courant mai, Solarmtex a loué un bâtiment supplémentaire de quelque 1.000 m2, jouxtant ses ateliers textiles. Entièrement réaménagée, cette ancienne usine désaffectée a été équipée en partie avec du matériel de couture fournis par Saab Barracuda. Cinq à dix recrutements sont prévus.

Accélération de la diversification dans le civil

Face à son principal concurrent Paul Boyer basé en Haute-Garonne Paul Boyer, l'industriel de Vierzon compte bien développer sa relation avec Saab, dont il est devenu un fournisseur à part entière. « Solarmtex a l'ambition de réaliser à terme d'autres familles de produits pour ce client, fait valoir Yann Ilacqua. Il s'agit notamment de filets de camouflage mobiles pour les engins militaires et individuels à destination des soldats ».

Les projets de développement du fabricant concernent également la partie civile de son activité, représentant environ 30% de son chiffre d'affaires (6,5 millions d'euros en 2023). Solarmtex fabrique d'une part des tentes lodge pour le groupe lyonnais Huttopia qui opère une soixantaine de campings haut de gamme dans le monde. D'autre part, la PME fabrique la sellerie des remontées mécaniques de stations de sport d'hiver comme Tignes. Enfin, Solarmtex œuvre dans la mode et produits annuellement 50.000 sacs à main pour la marque Hervé Le Chapelier.

« L'objectif est d'augmenter d'environ 10% la part du civil dans notre chiffre d'affaires d'ici trois ans, assure le président de Solarmtex. Grâce à la capacité de l'entreprise de traiter des marchés diversifiés, ce qui nous différencie de la plupart de nos concurrents, nous ambitionnons d'atteindre des recettes de l'ordre 10 millions d'euros en 2027 ».

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Commentaires 3
à écrit le 17/03/2024 à 19:49
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bonjour oui mais comment trouver des couturières pour faire tout ça (dsl on dit mecaniciennes). coûp de chance, le centre AFPA pour la couture c'est pas bien loin, à Roanne, des gens très sérieux, ma fille en sort et travaille dans la haute coutu...

à écrit le 16/03/2024 à 6:49
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Un industriel qui va bien, ça fait plaisir!

à écrit le 15/03/2024 à 23:29
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Parodiant le maréchal Joffre: Vous n'avez pas confiance en notre parapluie (nucléaire)?

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