L'axe franco-allemand dans le domaine de la défense va-t-il subir un bouleversement brutal avec l'arrivée au pouvoir en Allemagne de la coalition "feu tricolore" (SPD, Verts et des libéraux du FDP) ? Les trois partis jouent clairement pour l'heure contre la France si le contrat de coalition reprend tel quel le texte de l'accord tripartite, qui constitue la base de leurs négociations. Le futur contrat de coalition doit définir la politique étrangère et de défense de l'Allemagne pour les quatre prochaines années. Faut-il rappeler que le candidat du SPD à la chancellerie Olaf Scholz avait jeté un gros pavé dans la mare en déclarant en novembre 2018 alors qu'il était vice-chancelier allemand, qu'à "moyen terme, le siège de la France pourrait être transformé en siège de l'UE".
L'accord tripartite ne fait aucune mention à l'Europe de la défense et à l'autonomie stratégique européenne. Contrairement à l'OTAN. "L'alliance transatlantique est le pilier central et l'OTAN élément indispensable de notre sécurité", estiment les trois partis. Le pilier de l'Allemagne reste l'OTAN en matière de défense même si la coalition évoque de façon très générale un "partenariat franco-allemand fort" mais "en étroite collaboration avec le Triangle de Weimar". Loin, très loin de la volonté de la France de doter l'Europe d'une autonomie stratégique. La coalition souhaite par ailleurs "un renforcement des Nations Unies". Enfin, Israël est cité dans l'accord tripartite : "Pour nous, la sécurité d'Israël est une affaire d'État".
Une politique restrictive en matière d'exportations d'armes
Au moment où les tensions se multiplient dans le monde, la coalition souhaite mettre en place "une politique offensive de désarmement". Mais, en même temps, elle se donne comme objectif d'améliorer l'équipement de la Bundeswehr sans toutefois être précise. "Nous voulons jouer un rôle de premier plan dans le renforcement des initiatives internationales de désarmement et des régimes de non-prolifération", explique la coalition.
En revanche, la politique d'exportation d'armements sera un dossier où cela risque de clasher avec la France. La coalition veut "une politique d'exportation d'armes restrictive" et souhaite la mise en place dans l'Union européenne "de règles plus contraignantes". "Nous voulons avec nos partenaires européens, un vote sur un règlement d'exportation des armes", a-t-elle expliqué. La France, dont le modèle économique de l'industrie de défense repose sur l'exportation, ne pourrait plus exporter vers des pays partenaires si à l'avenir la Commission européenne interdisait les exportations vers ce pays. Et on est loin d'être dans de la politique fiction puisque les Verts européens ont déposé mercredi au Parlement européen une proposition de loi portant sur la mise en place d'un régime contrôlant les exportations d'armements géré par un groupe de coordination.
"La réglementation est basée sur une approche, qui inclut des considérations sur les obligations et engagements internationaux, en particulier le droit international des droits de l'homme et des obligations de droit humanitaire, des sanctions pertinentes, des considérations de politique étrangère et de sécurité nationale".
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