Emirates ne commandera pas de nouveaux Airbus A350 pour le moment, en particulier d'A350-1000. Cette possibilité a été exclue par Tim Clark, président de la compagnie émiratie, au lendemain de sa gigantesque commande de Boeing 777X lors du salon de Dubaï. Le dirigeant a notamment mis en cause la maintenance des moteurs Trent XWB de Rolls-Royce pour expliquer son choix. Ce qui a été confirmé par la suite par Adnan Kazim, directeur commercial d'Emirates, à La Tribune.
C'est désormais acté, Emirates a choisi de faire pleinement confiance à Boeing et ses 777X (-8 et -9) pour assurer le remplacement de sa flotte de 777-300ER d'ici la fin de la décennie et, et à terme, de ses A380. La compagnie a commandé 90 exemplaires de plus au premier jour du salon, portant son total à 205 appareils commandés.
Une éventuelle prochaine commande à Airbus
Malgré cela, au vu des ambitions d'Emirates et de la flotte à remplacer (116 Airbus A380 et 144 Boeing 777), il apparaît comme tout à fait possible de voir la compagnie placer une nouvelle commande d'A350 en parallèle. D'autant qu'elle en a déjà acheté 50 A350-900 en 2019, pour des livraisons à partir de l'été prochain alors que le 777X n'en finit plus de prendre du retard (entrée en service prévue au dernier trimestre 2025).
« L'A350 est définitivement un bon avion et va assurément jouer un grand rôle dans le futur d'Emirates. Je ne pense pas que nous restions à 50 exemplaires. Assurément, il va y avoir de la place pour en ajouter alors que nous faisons croître la compagnie. Nous le considérons sérieusement », a déclaré pour sa part Adnan Kazim à La Tribune.
Selon Bloomberg, Emirates serait ainsi intéressé par l'acquisition de 35 à 50 exemplaires supplémentaires.
Les performances du moteur Trent XWB bloquent
Pourtant, cela ne devrait pas se faire tout de suite, en particulier pour l'A350-1000. « Pour l'instant, selon nous, l'avion mature et stabilisé est l'A350-900. Si un jour le moteur de l'A350-1000 gagne en stabilité et en nombre de cycles, que Rolls-Royce résout les problèmes autour de ce moteur, nous regarderons alors sérieusement l'A350-1000 et sa progression », pointe Adnan Kazim.
Il rejoint ainsi le président d'Emirates qui a déclaré : « S'ils peuvent le faire à un coût de maintenance horaire qui nous convient, alors Emirates commandera l'appareil, mais ce n'est pas le cas pour le moment », comme le rapporte Bloomberg.
Ce sont donc bien les performances du moteur Trent XWB qui bloquent pour l'instant les discussions commerciales. Et c'est visiblement sa version XWB-97, 15% plus puissante que le XWB-84 qui équipe l'A350-900, qui pose problème à Emirates. Les deux versions présentent ainsi des différences mécaniques non-négligeables, et le XWB-97 fonctionne notamment à des températures plus élevées.
Emirates pointe ainsi spécifiquement la durabilité et les coûts de maintenance de ce dernier. Tim Clark a indiqué que le moteur n'effectuait qu'un quart du cycle de maintenance attendu, Adnan Kazim parlant pour sa part d'un nombre de cycles « assez bas ». Il y a une dizaine de jours, à Monaco, le président d'Emirates avait déjà pointé les problèmes de « time-on-wing » sans préciser de quels moteurs il parlait. Il avait ainsi demandé des moteurs capables de passer 6 à 8 ans en opérations avant une maintenance lourde et non pas « être déposés après deux ou trois ans sous l'aile ».
« Un moteur parfaitement bien », s'agace Airbus
Le Trent XWB semble pourtant donner satisfaction à Airbus. Dans l'entourage du constructeur, on loue ainsi sa fiabilité et sa disponibilité sans faire de distinction entre les deux versions. Interrogé sur le sujet lors de l'annonce du contrat d'Egyptair ce matin, Christian Scherer, directeur commercial d'Airbus et futur directeur général de la division Commercial Aircraft, a répondu brièvement, visiblement agacé : « C'est un moteur parfaitement bien, opéré par nombre de client à travers le monde. Tim (Clark) ne l'opère pas ».
Interrogé hier sur les problèmes de fiabilité rencontrés par les motoristes ces derniers mois et la bonne performance apparente de Rolls-Royce en comparaison, Ewen McDonald, directeur des relations clients du motoriste britannique, a déclaré à La Tribune : « Evidemment, toute l'industrie est mise au défi par les problèmes de chaîne d'approvisionnement vus dans cette période post-Covid. Nous ne sommes pas immunisés et nous devons nous aussi gérer ces problèmes ».
Suite aux déclarations d'Emirates, Ewen McDonald a ajouté : « L'Airbus A350 et le Trent XWB de Rolls-Royce ont prouvé à maintes reprises qu'ils constituaient une combinaison gagnante. Plus de 56 clients ont choisi de commander et/ou d'exploiter l'avion qui a établi une référence dans l'industrie en termes d'efficacité et de fiabilité. »
S'il a également présenté le Trent XWB-84 comme « le meilleur moteur du marché en termes d'efficacité, de durabilité et de fiabilité », il a fait un distinguo en ce qui concerne le Trent XWB-97 : « C'est seul moteur de nouvelle génération à forte poussée en service. Il a prouvé sa fiabilité et sa durabilité au cours de ses cinq années de service et après plus de 2 millions d'heures de vol, chiffre qui devrait passer à plus de 5 millions d'ici 2025. » Et il a rappelé qu'il avait été choisi par des compagnies telles qu'Air France, ou par Qantas pour son projet ultra long-courrier Sunrise.
« Nous continuons également à améliorer nos moteurs et à investir dans leur durée de vie, et le XWB-97 de l'A350-1000 ne fait pas exception à la règle. C'est un bon moteur et nous continuerons à veiller à ce qu'il s'améliore alors que nous envisageons de mettre en œuvre certaines des nouvelles technologies issues de notre programme de démonstration UltraFan », a conclu le directeur des relations clients de Rolls-Royce.
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